Un règlement qui fait jaser sur les médias sociaux

SAINT-MAGLOIRE. Ce qui devait n’être qu’un clin d’œil ou une simple boutade, sur les médias sociaux, a pris des proportions plus importantes que prévu, même pour son auteur.

Le 17 mars dernier, Martin Audet publiait sur son mur Facebook le contenu d’un règlement adopté l’an dernier, par la municipalité de Saint-Magloire, qui oblige dorénavant toute personne souhaitant ouvrir un rang, normalement fermé l’hiver, à déposer une demande de permis, au coût de 100$, à effectuer un dépôt garanti de 10 000$, en cas de bris au chemin, et de se doter d’une assurance-responsabilité d’un million de dollars.

Au 3 avril dernier, son commentaire avait fait boule de neige sur le populaire média social avec près de 90 commentaires et 269 partages enregistrés, sans oublier les nombreux commentaires issus de ces partages.

Propriétaire d’un petit domaine dans le rang St-Hilaire depuis 1991, le résident de Sainte-Rose est tombé des nues, selon ses propos, lorsqu’il a pris connaissance de cette nouvelle règle au début du printemps. «Pendant près de 15 ans, j’ai déneigé une section de ce rang à mes frais pour aller à ma cabane à sucre chaque printemps et personne ne m’a jamais reproché quoi que ce soit. C’était connu de tous, même des élus de la municipalité. Il y en a qui se paient des voyages en Floride chaque année, pas moi. Je le fais par plaisir et pour en faire profiter mes proches», signale M. Audet qui n’a toutefois pas déneigé son bout de rang (environ 4 km) en 2014 et 2015, pour des raisons de santé.

«Je ne pensais pas le faire non plus cette année, mais mon petit-fils de 4 ans souhaitait aller à la cabane. On m’a informé de cette nouvelle règle et je me suis résigné à y aller en raquettes», poursuit celui qui s’explique mal cette décision du conseil. «J’ai toujours fait attention au chemin et d’autant que je me rappelle, je n’ai jamais eu de problèmes avec la municipalité. De toute façon, il y avait peu de circulation dans le coin, c’était juste pour permettre aux membres de ma famille de s’y rendre facilement.»

Si le dépôt et l’assurance-responsabilité ne sont pas nécessairement un problème pour lui, car il dispose de tout cela avec son entreprise, Menuiserie Algonquin, la demande de permis le dérange un peu plus, d’autant plus que le demandeur peut voir sa requête refusée. «Ce n’est pas tout le monde qui a les moyens de se payer le dépôt ou l’assurance-responsabilité», ajoute-t-il.

Si le règlement a été adopté l’a passé, il n’a jamais été mis au courant de cette situation. «Le problème, c’est que je suis seul dans le rang. On ne m’a jamais consulté ou averti de quoi que ce soit», dit-il avec une pointe de découragement.

Le maire réagit

Le maire Émile Lapointe a précisé que le conseil municipal avait adopté ce règlement l’an dernier, car certaines personnes avaient abusé de la situation et brisé des parcelles de rangs qu’ils avaient ouverts par eux-mêmes, laissant ainsi des frais supplémentaires à la municipalité qui devait ensuite réparer les sections touchées. «On ne dit pas que tu ne peux plus ouvrir une section de rang à tes frais, mais le dépôt de 10 000 $ nous couvre contre tout bris important», précise M. Lapointe qui ajoute que le conseil n’est pas fermé à l’idée de faire marche arrière dans ce dossier, en vue de l’an prochain. «Nous sommes en réflexion», ajoute-t-il.

La directrice générale Valérie Gagnon a invité M. Audet à déposer une demande officielle pour que la municipalité puisse ouvrir le rang, et ce, à l’aide de sa machinerie et selon ses spécifications. Le sujet sera au menu du conseil municipal ce lundi soir 4 avril et M. Audet confirme qu’il y assistera, afin de faire valoir son point de vue et officialiser sa demande oralement lors de la période de questions. Le conseil pourrait accepter sa demande, tout comme la refuser.