Une classe sans pupitres, pour apprendre autrement!

Pour certains enfants, les méthodes traditionnelles d’apprentissage ne suffisent pas. Il faut savoir s’adapter à leurs réalités et besoins.

C’est ce principe qu’a appliqué Sylvie Laflamme, enseignante de 2e année à l’école Rayons-de-Soleil de Saint-Damien, dont la classe détonne des autres. En effet, celle-ci ne contient aucun pupitre, mais des espaces de travail différents et adaptés aux besoins de ses élèves.

Ce projet s’est amorcé l’an dernier alors qu’elles et ses élèves de deuxième année à l’époque, qui sont en troisième année cette année, ont commencé à réfléchir à cette possibilité. «On s’apercevait que l’aménagement de la classe posait problème. Il y avait des élèves qui avaient des besoins particuliers et d’autres qui avaient besoin de bouger davantage. Je les sentais malheureux et cela m’affectait», signale l’enseignante qui compte 30 années d’expérience.

Après s’être questionnés sur ce qui pouvait être fait pour améliorer les choses, certains ajustements comme l’aménagement d’un coin de lecture ont été réalisés. Mme Laflamme a ensuite emprunté un pédalier d’une autre école, ce qui permettait à certains élèves de pédaler tout en travaillant. «J’ai ensuite changé les bureaux de place et parfois, les élèves travaillaient en dehors de la classe. Je les laissais travailler debout en d’autres occasions et je m’apercevais qu’ils étaient souvent plus concentrés et perdaient moins l’attention», poursuit l’enseignante qui était convaincue de la nécessité d’implanter un tel projet sur une base permanente dans sa classe, cette année.

Recyclage à la mode

Si elle ne pouvait s’offrir d’ameublement dispendieux, faute de budget, Sylvie Laflamme s’est tournée vers des solutions alternatives et le recyclage pour atteindre son objectif. Dans un coin, se trouve un comptoir de travail fabriqué à partir de palettes de bois, dans un autre, une table conçue à partir panneau de panier de basket-ball.  

Avec des meubles et articles à bas prix provenant de la Ressourcerie Bellechasse, Mme Laflamme a aménagé des espaces de lecture, de travail et de rencontres différents. De plus, avec le soutien de la Caisse Desjardins des Monts de Bellechasse, des équipements spécifiques comme deux vélos-pupitres, à 1 100 $ et 1 500 $, ont été acquis. «Ceux-ci sont faits sur mesure pour les élèves. Ils ne font aucun bruit et on peut apporter beaucoup d’ajustements pour que ceux-ci puissent travailler tout en pédalant. Il y en a qui en ont peu ou pas besoin, mais d’autres qui s’en servent plus souvent et longtemps, car ils ont de l’énergie à dépenser.»

Des effets positifs

Mme Laflamme et ses élèves invitaient les parents à venir visiter cette classe spéciale le jeudi 6 avril, en fin d’après-midi. Ces derniers ont également pu découvrir une vidéo, réalisée de concert avec Bryan Dionne de l’entreprise Les Rusés, dans laquelle l’enseignante et les élèves vantent les avantages de ce projet qui a reçu l’aval de la Commission scolaire de la Côte-du-Sud.

La mère d’un élève rencontrée sur place vantait les avantages de ce système chez son enfant qui, mentionnait-elle, aime sa classe et a hâte de s’y rendre chaque matin.

De son côté, Sylvie Laflamme souligne que ce concept de classe multipositionnelle, très populaire en Suède notamment, a des effets positifs sur les enfants qui la fréquente et qu’elle a reçu plusieurs témoignages à cet effet.

L’an prochain, les élèves retourneront dans une classe régulière. Elle se dit toutefois prête à aider d’autres enseignants qui aimeraient faire de même. «Ma porte est toujours ouverte. Il y a beaucoup d’enseignants qui viennent voir cela, surtout les plus jeunes qui sont plus curieux. Certains sont plus habitués de travailler avec une méthode plus traditionnelle et c’est correct comme cela. D’autres ont le goût d’essayer, mais il faut toutefois être prêt, comme enseignante, à vivre ça, car ça peut être déstabilisant au départ.»

Soulignons enfin que tous les élèves de Mme Laflamme ont accès à un iPad ou un mini-ordinateur qui sont fournis gracieusement, et en exclusivité cette année, par la Commission scolaire de la Côte-du-Sud. Rien n’est moins sûr, cependant, pour l’année prochaine et l’enseignante a déjà amorcé des démarches, auprès de divers partenaires, pour trouver le financement qui lui permettrait d’acheter de tels équipements qui font partie intégrante de son enseignement.