Une passoire selon le Syndicat des douanes et de l’immigration

SÉCURITÉ. Aux dires du Syndicat des douanes et de l’immigration (SDI), la frontière la plus poreuse au Canada se situe dans les Etchemins, plus précisément à Saint-Zacharie.

L’organisme a affirmé ce fait à l’intérieur d’une dénonciation globale de la suppression de 1100 postes dans l’ensemble du pays. Selon le syndicat, ces compressions compromettent la sécurité des Canadiens par la perte d’agents frontaliers, d’agents du renseignement et d’escouades canines.

Dans le cas de Saint-Zacharie, les véhicules circulent sur la route de la Frontière au Québec et la Golden Road aux États-Unis. Ce secteur est presque exclusivement utilisé par des camionneurs transportant des billots ou copeaux de bois. Quelques vacanciers y circulent à l’occasion.

En 2014, la frontière de Saint-Zacharie a été incluse dans un projet-pilote de l’AFSC pour régions éloignées qui inclut aussi les municipalités de Sainte-Aurélie, Saint-Pamphile, Saint-Just-de-Bretenières et Pohénégamook. Tous les passants franchissant ces espaces doivent détenir un permis spécial décerné par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).

Par téléphone

Si le côté américain possède un poste douanier régulier aux heures limitées, les véhicules traversant au Canada à Saint-Zacharie ne sont pas inspectés sur place par des employés qualifiés.

Les conducteurs doivent plutôt appeler à partir d’un téléphone situé à l’entrée de la frontière afin de se faire dédouaner par un agent travaillant à Hamilton, en Ontario.

Un panneau affiché au-dessus de l’appareil indique que si celui-ci ne fonctionne pas, la personne doit appeler à un numéro sans frais pour déclarer son entrée au Canada sous peine d’une sanction en cas de refus ou d’oubli.

Lors du passage du journal, aucun des camionneurs ayant franchi la frontière n’a daigné sortir de son véhicule afin d’utiliser le téléphone. Même si cela avait été le cas, on ne retrouve pas de caméra pouvant identifier l’individu au bout du fil.

«Il y a 10 000 passages chaque année dans ce secteur. À peine un véhicule sur 30 fait l’objet d’une inspection alors que des vérifications spontanées et régulières ont lieu aux États-Unis avec la US Border Patrol. On a peur que cet endroit redevienne l’autoroute du crime et de la contrebande», de dire Jean-Pierre Fortin, président du SDI.

Celui-ci ajoute que le cas de Saint-Zacharie est unique au pays. Les quatre autres municipalités du projet-pilote possèdent des bureaux frontaliers terrestres aux heures limitées où les passants doivent déclarer leurs possessions devant un douanier.

«Il faut bâtir un poste frontalier à Saint-Zacharie avec des gens entraînés qui connaissent la clientèle du secteur. La GRC ne fait aucune patrouille pour attraper de possibles fautifs», stipule M. Fortin.