La tireliche, vous connaissez ?
ALIMENTATION. Tout récemment, la Ferme Aquilon de Sainte-Sabine lançait un nouveau produit qui est disponible sur les tablettes de toutes les épiceries de la région, soit une préparation à tireliche. Mais qu’est-ce que la tireliche, me direz-vous ?
Copropriétaire de la Ferme Aquilon, Luce Bisson nous a offert un « cours 101 » de fabrication de tireliche qui, dans les faits, est une petite crêpe à base de farine de sarrasin vert qui est très populaire dans le secteur Est de la MRC des Etchemins, mentionne-t-elle.
« Il est très difficile de dire avec exactitude d’où provient l’expression tireliche. Cela fait 40 ans que je vis à Sainte-Sabine et que j’en mange », affirme-t-elle en précisant que la farine de sarrasin est produite depuis plus de 60 ans dans la région.
« Dans l’ouest canadien, le sarrasin est c’est considéré comme une mauvaise herbe chez les producteurs de grains. Au Nouveau-Brunswick, ils en cultivent et ils font des ployes avec cela », précise-t-elle.
Les ployes sont des crêpes de sarrasin jaune, une spécialité de la région de Madawaska, dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick. Comme ces dernières à une certaine époque, les tireliches étaient cuites directement sur le poêle à bois.
Mme Bisson ajoute que cela faisait un certain temps que l’entreprise familiale songeait à commercialiser cette préparation à tireliche qui, de fait, est un mélange de farine de sarrasin, de farine blanche et d’agents levants qui provoquent des «petites bulles» lors de la cuisson de ces crêpes. «Ça se mange à l’année et c’est facile à faire, même des enfants peuvent en préparer avec le procédé qu’on a mis de l’avant, soit un pot Masson de préparation avec l’équivalent en liquide, que ce soit du lait seul ou du lait mélangé avec un peu d’eau.»
Elle ajoute que le choix du pot Masson, comme unité de mesure, s’est fait au terme de nombreux tests. «Il fallait trouver la bonne quantité d’ingrédients secs et de liquide pour avoir la bonne texture.»
Une fois cuites, les tireliches peuvent être consommées tout de suite « avec du beurre et de la mélasse, ou encore avec du sirop d’érable » mentionne Mme Bisson qui ajoute que celles-ci peuvent facilement être congelées, sans perdre de leur goût.
Le sarrasin vert dans la région
Luce Bisson souligne que le sarrasin vert est cultivé, depuis plus de 60 ans, dans le secteur Est de la MRC des Etchemins. Cette variété aurait été introduite par Armand et Conrad Boutin de Saint-Camille, avant d’être rapatriée du côté de Sainte-Sabine.
« Armand Boutin et son épouse ont quitté Saint-Magloire en 1958 pour s’installer sur une ferme qu’ils avaient acquise dans le rang St-Joseph, à Saint-Camille. Du sarrasin noir avait été semé à cet endroit, mais après l’avoir fait moudre, ils n’ont pas aimé le résultat. L’hiver suivant, on leur a offert de la semence de sarrasin vert qu’ils ont planté. Il en a résulté une farine qu’ils ont beaucoup appréciée, comme les personnes autour d’eux », indique Mme Bisson qui ajoute que Conrad, le frère d’Armand, a repris l’entreprise quelques années plus tard avant de vendre sa production à la Ferme Aquilon, il y a une trentaine d’années.
« Il y a eu d’autres producteurs de sarrasin par le passé, dont un M. Nicol à Saint-Philémon qui a œuvré dans le domaine pendant longtemps. On a arrêté d’en cultiver pendant quelques années avant que notre fils Gabriel ne décide de se lancer là-dedans en 2016. Il avait un intérêt pour cette production et nous l’avons suivi là-dedans », poursuit-elle en ajoutant qu’à cette époque, la Ferme Aquilon avait vendu son troupeau laitier et le quota pour se consacrer aux grandes cultures, notamment le sarrasin et le chanvre pour consommation humaine.