Saint-Michel: climat toujours tendu autour du presbytère

MUNICIPAL. Les tensions sont toujours vives dans le dossier de la préservation du presbytère de Saint-Michel, la municipalité et certains groupes qui souhaitent assurer sa pérennité ne réussissant pas à s’entendre.

Une demande de classement a été acheminée au ministère de la Culture et des Communications le 17 novembre dernier et n’a toujours pas reçu d’avis favorable. La démarche vise à donner un statut d’immeuble patrimonial au presbytère datant de 1739 et de site patrimonial à l’endroit qui compte aussi l’église et le cimetière.

La conseillère municipale, Sylvie Lauzon, s’était aussi manifestée en novembre dernier souhaitant la sauvegarde et la revalorisation du presbytère, le plus ancien du genre au Québec et sur le continent nord-américain. Elle avait alors choisi de tâter le pouls des citoyens sur l’avenir de Saint-Michel, de la zone historique, du cœur de Saint-Michel et surtout du presbytère à ce moment-là: https://www.lavoixdusud.com/2020/11/06/saint-michel-une-conseillere-souhaite-la-sauvegarde-du-presbytere/

Plus récemment, la Corporation des cimetières de la Seigneurie en Bellechasse et la Fabrique St-Benoit-de-Bellechasse ont reçu un avis de quitter, ce qui semble avoir envenimé les choses. Le conseil municipal de la localité est visiblement divisé sur la question, puisque le maire Tessier a choisi de départager un vote à trois contre trois pour que la résolution soit acceptée. Le conseil avait d’ailleurs reporté sa séance du 4 février dernier au 11 février et ajouté le point à son ordre du jour.

La municipalité espérait revoir l’entente qui avait été conclu le 13 février dernier et qui incluait le presbytère. Celles-ci n’ont toutefois pas évoluées suffisamment selon le maire Tessier. « Les discussions que nous avons eues avec les premiers intervenants de la Fabrique étaient positives. Nous ne remettions pas en question l’achat et on le paye, le presbytère. Nous voulions même acheter d’autres parties de terrain qui avaient été oublié dans la vente.»

Des dépenses et pas de revenus

Ainsi, la Corporation des cimetières et la Fabrique et ont jusqu’au 15 mars pour libérer les locaux. Dans ce deuxième cas, le maire Tessier semble ouvert de surseoir à signer la résolution pour une période de deux semaines, le temps que les autorités diocésaines de Québec soient saisies du dossier.

Dans sa réflexion, il estime qu’il se doit de revoir l’entente afin qu’elle soit viable aussi pour sa municipalité et pour ses citoyens. «Un curé avait son logement dans le presbytère, sauf que depuis la fusion des paroisses, les deux curés en fonction sur le territoire ont été regroupés à Saint-Anselme. Personne en a fait de cas, on a perdu un locataire. La corporation des cimetières y a un bureau et la Fabrique n’y a qu’un point de service, puisque son siège social à Saint-Charles. Les deux entités avaient des baux sans fin à titre gratuit. »

Il n’a visiblement pas accepté d’avoir été interpellé par certaines personnes dans les médias. «On veut sauver le presbytère, mais on continue de jeter nos eaux usées dans le fleuve. Il y a des choix à faire. On va négocier avec le grand patron et non-plus avec les hommes de main. On sait où ils s’en vont. Dans trois ou quatre ans, ils vont nous demander d’acheter l’église et un jour d’avoir la dîme sur le compte de taxes municipales. »

Prioriser les bonnes choses

M. Tessier tient à préciser qu’aucune démolition, ni densification du site n’est prévue et qu’il est conscient de la valeur du secteur. « C’est un beau bâtiment, un beau décor et c’est historique. Nous sommes tous d’accord avec ça. On me prête de mauvaises intentions et on mélange beaucoup de sujets. Actuellement, c’est tendance de parler de patrimoine, mais dans 20 ans, on ne se posera plus la question parce que les tenants de ce discours ne seront plus là ou auront perdu la mémoire. On ne peut pas tout faire et Il y a de la frustration chez certains, parce que je les brasse dans leur habitudes et leur conception. Le conseil aura à faire des choix à faire en vertu des besoins municipaux et de la capacité de payer des gens, mais sur des idées qui seront valables. »

Il indique devoir diriger ses efforts sur les éléments qui sont généralement les plus proches du citoyen. Ses priorités sont déjà établies. « Nous avons le dossier des eaux usées dans le fleuve, j’ai des problèmes en eau potable qui approchent, un service incendie où nous devrons investir massivement et des routes qui ont besoin d’amour.  Nous n’avons même pas de garage municipal. On veut acheter une pépine, mais on l’entrepose où ? Nous avons des investissements à faire pour 10 à 12 millions de dollars à court terme. Sur 10 -12 ans, c’est 20 millions de dollars. Si on doit investir dans un presbytère, il faut que ça réponde à un besoin municipal. »

Le maire Tessier constate tous les efforts faits par son homologue Sébastien Bourget à Saint-Damien et la possibilité de voir tout le volet patrimonial et historique de Bellechasse s’y retrouver. Loin de lui l’idée de vouloir jouer les trouble-fêtes.

« Nous avons tout intérêt à ce que les 20 municipalités de la MRC soient en santé. Je n’irai pas créer un projet, sans concertation, qui pourrait nuire à une municipalité qui en a grandement besoin. Je dois être solidaire à la survie de tous mes partenaires. En contrepartie, si j’ai une malchance majeure, je suis convaincu que mes voisins viendront m’aider. »

Il se questionne toutefois sur l’opinion de certaines personnes qui croient que les municipalités sont le meilleur instrument pour la préservation du patrimoine. « Quel est notre pouvoir ? L’argent, nous n’en avons pas. Le fédéral et le provincial n’en ont pas, encore moins le municipal. Le meilleur pouvoir que nous avons comme municipalité est règlementaire et à cet effet, le presbytère est ultra-protégé. On peut avoir un certain pouvoir d’influence pour accompagner tous les groupes qui le souhaitent ou jouer les facilitateurs à quelqu’un qui voudrait le protéger. »