Saint-Michel: une pétition dénonce des propos du maire

PATRIMOINE. Un autre épisode s’ajoute dans la saga concernant l’avenir du presbytère de Saint-Michel. Cette fois-ci, une citoyenne de la localité lance une pétition dénonçant des propos du maire, Éric Tessier, sur le patrimoine en général.

Lors d’un entretien avec le journal il y a quelques jours, M. Tessier laissait entendre que l’importance que l’on accorde au patrimoine à l’heure actuelle ne serait peut-être pas éternelle. « Actuellement, c’est tendance de parler de patrimoine, mais dans 20 ans, on ne se posera plus la question parce que les tenants de ce discours ne seront plus là ou auront perdu la mémoire. »

(Extrait du texte ci-contre: https://www.lavoixdusud.com/2021/02/14/saint-michel-climat-toujours-tendu-autour-du-presbytere/ )

Résidente de Saint-Michel depuis cinq ans et urbaniste à la MRC de L’Islet, Catherine Langlois s’affiche en désaccord avec le maire Tessier. « On ne peut dire que ce n’est qu’une tendance. Le patrimoine, c’est notre identité, notre histoire et nos repères comme société. J’ai presque 35 ans et je connais plein de monde de mon âge, de mes amis, qui s’intéresse à ce genre de choses. Dans 20 ans, ce sera encore d’actualité. »

Se disant d’accord qu’il sera difficile de tout préserver, elle estime néanmoins que le presbytère de Saint-Michel est dans une classe à part. « Ce bâtiment a un côté exceptionnel, ce n’est pas un vulgaire cabanon. On ne peut tout sauver, mais c’est un témoin de notre histoire et il est encore debout, contrairement à d’autres. C’est encore le temps d’intervenir. »

Mme Langlois juge d’ailleurs qu’autant la municipalité de Saint-Michel que la MRC de Bellechasse aurait pu profiter de l’occasion offerte par le lancement du Programme de soutien au milieu municipal en patrimoine immobilier, dont l’enveloppe a été bonifiée en septembre dernier à 51,6 millions de dollars. Celui-ci vise justement la sauvegarde des maisons et des immeubles patrimoniaux du Québec.

« L’argument monétaire pour une municipalité peut être valable, mais il y a une enveloppe sur la table. C’est une occasion à saisir. Quelques demandes provenant de la région Chaudière-Appalaches ont été déposées, mais ni la MRC ni la municipalité n’ont appliqué jusqu’à maintenant. »

La pétition de Mme Langlois avait recueilli quelques 1 700 signatures jeudi, en milieu de soirée. Elle sera également acheminée à la députée de Bellechasse, Stéphanie Lachance.

Les événements se succèdent depuis quelques mois sur l’avenir du bâtiment et du site qui compte aussi l’église et le cimetière. La conseillère municipale, Sylvie Lauzon, s’était manifestée en novembre dernier souhaitant sa sauvegarde et sa revalorisation. Une demande de classement avait été acheminée au ministère de la Culture et des Communications le 17 novembre dernier et n’a toujours pas reçu d’avis favorable. Plus récemment, la Corporation des cimetières de la Seigneurie en Bellechasse et la Fabrique St-Benoit-de-Bellechasse, seuls locataires du bâtiment, ont reçu un avis de quitter, ce qui semble avoir jeté un doute sur sa pérennité et envenimé les choses.

Protéger, mettre en valeur et promouvoir

Les derniers jours ont été difficiles pour le maire de la municipalité, Éric Tessier, qui répète qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter puisque le presbytère est protégé par la règlementation municipale. « Il est protégé, il est cité, ça n’a jamais été remis en question. Ce n’est malheureusement pas ce qui ressort. Je passe plutôt pour un vandale, un inculte et je vous fais grâce des autres commentaires. Avec du recul, il faut se poser des questions sur ce qui dérange et quel est le but recherché. »

Mis au fait de la suggestion de Mme Langlois à l’effet que la MRC de Bellechasse aurait pu s’impliquer davantage dans le dossier, le préfet de la MRC de Bellechasse, Clément Fillion, avoue avoir été surpris, surtout que cette dernière œuvre au sein d’une autre MRC, celle de L’Islet. Il rappelle que le rôle des MRC est d’accompagner les municipalités dans leurs travaux et leurs réflexions.

« Le patrimoine fait partie de la Politique culturelle de la MRC. On veut naturellement protéger, mettre en valeur et promouvoir le patrimoine. Nous avions fait un exercice de 2013 à 2016 en collaboration avec La Société historique de Bellechasse sur le patrimoine bâti. Même chose pour la citation de bâtiments de nos municipalités. Ce travail a été fait, notamment à Saint-Michel et son cœur de village. On conseille nos municipalités et tout ce que nous avons fait pour nos églises est un bon exemple également. Nous avons un pouvoir d’information et de vulgarisation. À la toute fin, ce sont des décisions municipales, car c’est un pouvoir local. »

Sur l’invitation lancée par Mme Langlois à l’effet que la municipalité devrait profiter des programmes gouvernementaux disponibles, M. Tessier rappelle que sa municipalité a demandé des audits de santé sur le bâtiment, sauf que ceux-ci tardent à venir. « On les attend depuis septembre dernier et ça nous aurait permis de faire avancer le dossier au conseil. Officiellement, je suis un peu fâché parce que ça aurait peut-être pu permettre d’éviter les débordements des derniers jours. »

Le projet de loi 69 en matière de patrimoine, présenté récemment par la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, n’est peut-être pas l’outil idéal pour le moment à son avis. « On peut faire un projet de loi, le problème est qu’on n’en a jamais parlé. Il y a un côté émotif à l’heure actuelle, dans les médias, qui n’est pas propre à Saint-Michel. Il faut arriver sur une réflexion sociale et des balises et si on veut tout protéger, faudra choisir sur quoi va-t-on se baser et il y aura inévitablement un coût. »