Amélie Dionoski, une artisane pas comme les autres

ARTS. Originaire de Saint-Gervais, Amélie Dion est passionnée de textile et de broderie, domaines qui lui ont permis de s’établir dans le marché compétitif des métiers d’art montréalais.

Vivant dans la Métropole depuis 2002, le Bellechassoise est connue, à cet endroit, sous le nom d’Amélie Dionoski. Quelques-unes de ses réalisations ont été mises en évidence lors du récent Gala de l’ADISQ, puis lors de l’émission Tout le monde en parle, diffusée le dimanche 5 novembre dernier.

Dans les deux cas, la chanteuse Klô Pelgag, qui a entre autres remporté le Félix de l’auteur-compositeur-interprète de l’année, a porté des créations signées Dionoski, au grand plaisir de l’artisane bellechassoise. «J’avais offert à sa styliste, qui est une de mes connaissances, d’établir des collaborations avec elle, en sachant qu’elle travaillait aussi pour la revue Elle Québec et qu’elle côtoyait plusieurs artistes. C’est elle qui m’a mise en contact avec Klô Pelgag. Comme c’est une artiste éclatée, elle voulait porter quelque chose de plus funky que d’habitude», souligne Amélie.

Lors de ce gala, elle arborait une robe sur lequel on retrouvait, sur les épaules, des pieuvres en broderie, ainsi qu’une autre arborant des sushis brodés par l’artisane bellechassoise.

Klô Pelgag portant un veston arborant avec des effigies de l’artiste-peintre Frida Khalo, brodées par Amélie Dionoski, lors de l’enregistrement de l’émission Tout le monde en parle.

Quelques jours plus tard, Klô Pelgag se rendait à l’enregistrement de l’émission Tout le monde en parle où elle portait un veston arborant des écussons à l’effigie de l’ancienne peintre mexicaine Frida, eux aussi conçus par la native de Saint-Gervais.

Un long processus

Amélie Dion quitte Saint-Gervais pour Montréal, afin d’amorcer un DEC en design et impression textile, formation associée aux métiers d’art, au Cégep du Vieux-Montréal. Elle obtient son diplôme en 2007, puis quitte la Métropole pendant deux ans afin de vivre à Whitehorse, au Yukon. «J’y ai passé huit étés consécutifs dans ma vingtaine, c’était devenu ma deuxième maison», indique Amélie qui mentionne toutefois que le manque de diversité et le besoin de passer plus incognito l’ont incité à revenir au bercail en 2009.

À Whitehorse, elle s’est liée d’amitié avec une spécialiste du tricot, avec qui elle a mené différents projets artistiques. Les deux sont retournées aux études au Cégep du Vieux-Montréal, où Amélie obtenait un diplôme en construction textile, cette fois.

Klô Pelgag portant une robe avec des écussons de sushis réalisés par Amélie Dionoski.

Après avoir mené diverses expériences en tricot informatisé (tricot-machine) pendant un an, elle se tournera vers la broderie. «Quand j’ai découvert le monde de la broderie, j’ai su tout de suite que c’est ce que je voulais faire. Je me suis aperçue que ça pouvait être lucratif comme domaine.»

Avec le soutien de la SODEC (Société de développement des entreprises culturelles), qui lui octroie une bourse de 4 500 $, elle achète alors une machine à broder neuve qui lui permet d’effectuer le travail plus rapidement et efficacement.

Création de Dionoski

En 2013, Amélie part à son compte et fonde Dionoski, entreprise qui offre une gamme complète de vêtements en tricot, d’objets décoratifs en broderie (décoration murale, sac de jour, coussins, peluches, objets iconiques), ainsi qu’un service de design textile sur mesure et de broderie numérique. Elle offre des produits haut de gamme, conceptuels et originaux destinés à une clientèle appréciant l’unicité ainsi qu’un service de confection destiné aux designers de mode québécois.

Elle fabrique aussi des coussins ornés d’images érotiques (Collection Érotico) qui sont très populaires, notamment auprès de la clientèle qui fréquente le salon de la Société des arts technologies de Montréal, en décembre de chaque année. «Je rêve d’augmenter la production de ces coussins afin de les vendre au Musée du sexe de New York», précise Amélie qui conçoit aussi des tableaux brodés qu’elle vend dans une friperie vintage située sur la rue St-Laurent.

Des expositions

Amélie Dionoski avec un coussin à l’effigie de Leonard Cohen, que l’on pourra acheter lors de l’exposition qui lui est dédiée au Musée d’art contemporain de Montréal.

Amélie est une habituée des expositions et salons dédiés au domaine des métiers d’art, qui lui permettent de se faire connaître. En mai dernier, elle participait à «Hommage à Frida», exposition où elle a présenté des robes remplies de broderies en lien avec Frida, peintre mexicaine surréaliste et féministe du début du 20e siècle. Une autre exposition dédiée à cette artiste aura lieu en septembre 2018 à Trois-Rivières.

Amélie participe actuellement à une exposition en hommage à Leonard Cohen qui aura lieu jusqu’au 9 avril 2018 au Musée d’art contemporain de Montréal. Elle a collaboré avec la boutique du musée en produisant des coussins et sacs à l’effigie du populaire chanteur et poète qui seront en vente tout au long de cette exposition.

Elle vend aussi ses produits au Marché Puces-Pop de Montréal, qui est présenté trois fois par année et attire plus de 10 000 personnes. «C’est le marché auquel tous les artisans de Montréal veulent participer», indique l’artisane quoi présente et vend ses produits sur son site internet au www.dionoski.com.

Pas juste la broderie

Comme la broderie ne l’occupe pas 12 mois par année, ce qu’elle rêve de faire un jour, Amélie travaille aussi pour le groupe Spectra, entreprise pour laquelle elle peint les infrastructures de festivals comme les Francofolies, le Festival de Jazz, Montréal en lumières et autres. «On peint le nom des commanditaires, les kiosques d’information, le recouvrement de scène, ainsi que les 2X4 servant à construire les rampes de sécurité», précise Amélie qui mentionne que ce travail se fait surtout en usine. Lors des événements, elle et d’autres employés se rendent aussi sur le site des événements, le matin, pour y travailler.