Marthe Bilodeau lance un message d’espoir
Native de Saint-Louis-de-Gonzague dans les Etchemins et résidente de Québec depuis 60 ans, Marthe Bilodeau n’a pas toujours eu la vie facile. Victime de violence conjugale pendant de nombreuses années, elle garde le sourire et continue d’apprécier chaque journée qui passe.
Mme Bilodeau a quitté Saint-Louis à 16 ans pour aller travailler à Québec. Mariée pendant 15 ans avec un mari violent qui la battait plus souvent qu’à son tour, elle a finalement décidé de se séparer en 1973, partant seule avec cinq enfants et aucun sou en poche pour l’aider.
«Ça commence toujours tranquillement. Au début, ils sont tous pareils. Ils regrettent et te consolent, mais ça recommence tout le temps. Mes frères voulaient payer pour que je me sépare. Il aurait fallu que je place mes enfants, mais il n’en était pas question. Ils voulaient rester avec moi. Quand je l’ai quitté, c’était parce que ce n’était plus vivable et que mes enfants étaient assez grands. Heureusement, il ne les a jamais touchés», poursuit-elle, ajoutant que son mari était contrôlant et l’empêchait d’aller travailler pour qu’elle n’ait pas d’argent.
Installée dans un petit logement avec ses cinq enfants, elle a d’abord vécu d’aide sociale. «À l’époque, je gagnais 179 $ par mois et le loyer coûtait, à lui seul, 125 $. Je faisais des ménages ici et là quand les enfants étaient partis pour l’école. À coup de 5 $, ça aidait à payer certaines choses. Il fallait avoir les priorités à la bonne place. Payer le loyer, l’électricité et la nourriture, c’était ce qui importait le plus.»
Mme Bilodeau souligne qu’elle faisait beaucoup à manger et qu’elle recevait beaucoup de linge qu’elle réparait au besoin. «Quand c’était la fête des enfants, ces derniers recevaient aussi des vêtements des membres de ma famille. Ils n’ont jamais paru pour des pauvres à l’école, malgré tout cela. C’était de l’ouvrage, je dormais à peine quatre ou cinq heures par nuit, mais c’était suffisant pour moi.»
Son ancien mari est décédé en 2002. «Il a vécu avec une autre femme ensuite et quand elle l’a laissé à son tour, il s’est laissé dépérir. Je ne garde aucune rancune, cependant. Je suis partie, mais je ne lui voulais pas du mal.»
Un livre pour ne pas oublier
De passage dans son village natal le dimanche 27 novembre à l’invitation du comité de la bibliothèque, cette sympathique dame qui aura 78 ans le 15 décembre prochain présentait à la population locale son premier livre intitulé «Une belle vie après tout», dans lequel elle relate les hauts et les bas de sa vie.
Avec l’aide de plusieurs personnes dont Diane Gagné de Québec, qui a recueilli ses propos avant de les mettre sur papier, elle a lancé ce premier ouvrage il y a quelques semaines. «C’est un projet sur lequel je travaille depuis 10 ans. Je voulais que ma vie serve d’exemple ou de source de motivation pour les personnes qui ont vécu des passages difficiles, leur montrer qu’on peut s’en sortir si on veut.»
Mère de cinq enfants, elle peut aussi compter sur l’amour de ses neuf petits-enfants et six arrière-petits-enfants, ainsi que de ses frères et sœurs toujours vivants. «J’ai le sentiment d’avoir réussi ma vie et ma famille, même si ça n’a pas toujours été facile. Même si j’ai eu un bout plus dur, j’ai toujours regardé en avant et c’est pourquoi je voulais écrire ce livre. Je voulais dire aux gens de ne jamais lâcher.»
Plus de 400 exemplaires du livre «Une belle vie après tout» de Marthe Bilodeau, publié aux éditions Essor Livres, ont trouvé preneur jusqu’ici. Les intéressés peuvent se le procurer, au coût de 20 $, auprès de la bibliothèque municipale de Saint-Louis où des exemplaires sont aussi disponibles pour consultation et location.