Un western tourné près de chez-nous bientôt sur nos écrans
CINÉMA.
Le film autofinancé de Fabien Pelletier «Hank est en ville» relève d’une prouesse et d’une patience qui a porté ses fruits. Le comédien Michael Kelly, originaire de Saint-Anselme, joue d’ailleurs dans le film.
Le 22 février, sur la chaussée glacée d’un rang de Sainte-Marguerite, une quinzaine de personnes s’active pour combattre le froid. Deux comédiens attendent le signal pour leur scène, chapeau de feutre et bottes de cuir, tandis qu’on entend ronronner le moteur d’un vieux pick-up rouge.
C’était la première journée de tournage pour le film «Hank est en ville» dont l’équipe passe sept jours en Beauce. Ils exploiteront plusieurs lieux, dont l’ancienne filature Chassé pour leur long-métrage.
C’est un peu début de la fin pour le réalisateur Fabien Pelletier (ou Feber E. Coyote de son nom d’artiste), originaire de Sainte-Marguerite. C’est l’aboutissement de dix ans d’écriture, de recherche de financement et d’embûches pour son rêve de western beauceron.
Si on lui avait dit qu’il attendrait aussi longtemps avant de le produire, l’aurait-il commencé? «Je ne suis pas quelqu’un qui regrette. Hier, j’ai pleuré juste à penser que nous allions le tourner, répond-il. C’est ma passion pour le film et mes enfants qui me motivent. Je sais que ça paraît cliché, mais je veux leur apprendre la détermination et de ne jamais lâcher, même si c’est difficile.»
Fabien Pelletier est soutenu par une équipe diverse, une relève de cinéastes, comédiens et techniciens sans crainte de se geler les doigts. «Le film est porté par plusieurs personnes. Il y a beaucoup de collaboration. Nous avons la crème de la crème. On est mobilisé à fond», ajoute-t-il.
Synopsis
L’action du film western se déroule en 1952. Un réalisateur de l’Office national du film du Canada se rend dans une petite communauté de la Beauce pour documenter une grève. Rapidement, l’attention est dirigée vers d’autres événements au village: un drame, une enquête, un triangle amoureux.
«Je vais interpréter le personnage de Ghislain Vachon. Il vient de perdre son travail à l’usine. Son but ultime est de faire mentir l’adage qu’on est né pour un petit pain. Il est à l’image des gens de la Beauce: quelqu’un qui a beaucoup d’audace et qui est très travaillant», raconte le comédien Martin Jr Pelletier, qui a aussi grandi à Sainte-Marguerite.
«Quand j’ai su que j’allais tourner une scène là, j’étais super content. J’ai dit:« non, ça ne se peut pas. C’est une blague.» C’est spécial», décrit l’acteur principal, connu pour avoir participé au film Arrival de Denis Villeneuve et Hochelaga, terres des âmes de François Girard.
Les embûches
Fabien Pelletier n’aime pas parler des refus qu’il a essuyés pour son projet. Il s’est adressé à la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) et Téléfilm Canada, mais ces demandes sont restées lettres mortes. «C’est toute la structure du financement des films qu’il faudrait revoir. Ce que je veux faire c’est créé un exemple pour des projets avenirs en Chaudière-Appalaches.
Le réalisateur estime le budget d’«Hank est en ville» à 400 000$, en additionnant, les commandites, les échanges de services, les décors et costumes, les crédits d’impôt, etc. L’équipe d’«Hank est en ville» s’efforce de boucler ses deux prochains blocs de tournage en mars et en mai 2018. «C’est extraordinaire, mais à la fois très difficile. Avec moins d’argent, nous avons moins de latitude. On use de plus de créativité», montre Feber E. Coyote.
La gâchette prête
Le fait même de tourner le film est une consécration suffisante pour le réalisateur. Son enthousiasme lui a permis de recruter des vedettes pour un album western et ainsi mousser le financement. Roy Dupuis (qui n’interprétera pas de finalement pas le personnage principal, faute d’un horaire compatible), Geneviève Néron (qui jouera dans Hank) et Maxime Le Flaguenais sont devenus chanteurs, le temps de quelques chansons.
À l’honneur de la région
«C’est un film sur la Beauce avec des vrais Beaucerons. Je suis content que ce soit tourné 100% en Chaudière-Appalaches. Si on veut que les gens viennent voir les films québécois, ils doivent se sentir concernés et c’est avec un projet du genre qu’on y parviendra», dit-il. La première d’«Hank est en ville» est prévue pour l’automne 2018.