Yvette Labonne complète son récit… 37 ans plus tard
ÉDITION. Résidente de Saint-Malachie, Yvette Labonne a lancé au cours de l’automne un ouvrage historique portant sur la région du mont Mégantic et des six localités qui l’entourent, dont Scotstown, localité d’où elle est originaire.
Intitulé Histoire d’une région étoilée, cet ouvrage de 500 pages est le fruit d’un travail lancé il y a 37 ans, mais qui s’est concrétisé au début de l’année 2019. L’auteure souligne qu’en 1982, cinq femmes de sa région natale, dont elle-même, avaient pris part à un projet de recherche dans le cadre d’un programme «Chantier Québec», d’une durée de 30 semaines.
«J’ai ensuite lancé un deuxième projet que j’avais coordonné. J’ai pris le document de base et je lui ai donné un ordre ainsi qu’une chronologie pour une publication éventuelle», mentionne-t-elle en précisant que le document est resté tabletté jusqu’en 2011 où, de façon tout à fait bénévole, elle l’a repris afin de le mettre sur support informatique, tout en lui donnant un style plus littéraire.
«J’ai mis cala sur CD et je l’ai donné à la mairesse de Scotstown de l’époque, mais les autorités municipales n’ont rien fait avec. Puis aux Fêtes l’an dernier, mon petit-neveu en a pris connaissance et m’a incité à le publier, en me promettant sous soutien. C’est devenu un projet familial», poursuit Mme Labonne qui dit avoir pris le temps de revérifier chaque fait historique s’y trouvant avant de publier son livre.
C’est par le biais de son ancienne entreprise, «Les Éditions YL», qu’elle a réactivé auprès du Registraire des entreprises, qu’Yvette Labonne a publié ce document historique. «À 75 ans, je n’avais pas le temps d’attendre qu’une maison d’édition me donne une réponse. Comme j’avais tous les contacts pour l’impression, la correction et autres, je me suis lancée là-dedans», poursuit l’auteure qui a lancé son livre dans sa région natale le 20 septembre dernier.
«Je me suis aperçue que le livre était attendu depuis longtemps dans ma région d’origine. La directrice du Parc national du mont Mégantic a même accepté d’ouvrir les portes de l’Astrolab pour le lancement, ce qui m’a beaucoup flattée», poursuit la Bellechassoise d’adoption qui dit avoir écrit ce livre pour son petit-fils de 5 ans et ses futurs petits-enfants, afin qu’ils apprennent à connaître leur région d’origine.
Les personnes intéressées par le livre Histoire d’une région étoilée peuvent se le procurer au coût de 30 $ en communiquant directement avec Mme Labonne ou en se rendant sur son site internet au www.editionsyl.ca.
Une histoire méconnue
Le livre Histoire d’une région étoilée raconte le développement d’une région, soit celle de l’Estrie, par le biais des Sociétés de colonisation qui ont vu le jour aux alentours de 1875.
Yvette Labonne souligne que lorsque les Britanniques ont pris possession de la Nouvelle-France, ils ont fermé les Seigneuries qui étaient de dénominations féodales françaises. Des milliers de Canadiens-Français et leurs familles sont partis travailler en Nouvelle-Angleterre, à une époque où les Britanniques avaient pour objectif d’angliciser les Canadiens-Français, de gré ou de force. «Dans ce contexte, les Britanniques voulaient ramener des bons sujets de la Couronne pour coloniser les terres au sud du Fleuve St-Laurent qui n’étaient pas développées. À ce moment, des sujets britanniques, écossais, hollandais et irlandais s’y sont installés, mais ils vivaient dans une pauvreté si extrême qu’ils abandonnaient la région», explique-t-elle.
Elle rappelle que la colonisation des Cantons-de-l’Est coïncidait avec la révolte des Patriotes qui acceptaient mal que les terres des Cantons de l’Est soient dilapidées et vendues à prix dérisoires auprès des amis de la Couronne et des grosses entreprises britanniques, notamment les compagnies forestières, qui s’enrichissaient en envoyant le bois en Angleterre.
«Le clergé et quelques notables ont fait pression pour que des sociétés de colonisation voient le jour, afin de ramener au Québec les Canadiens-Français qui avaient émigré aux États-Unis, afin de leur offrir la possibilité de coloniser ces terres à prix abordable, ce qui a finalement été accordé», affirme l’auteure qui ajoute que les compagnies de colonisation ont recruté des familles au sud de la frontière, d’où la création des colonies de rapatriement qui a mené à la rédaction de l’Acte des sociétés de colonisation, adoptée en 1875.