Collège Saint-Damien: la Fondation Saint-Joseph-de-L’Espérance demandera un nouveau délai
PATRIMOINE. Jugeant que le délai du 29 mars était trop serré afin de présenter un projet de réhabilitation du Collège de Saint-Damien avec des chiffres précis, tel que demandé par le Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud, les responsables de la Fondation Saint-Joseph-de-l’Espérance entendent demander plus de temps pour déposer celui-ci.
« Cela fait près de trois ans que nous travaillons là-dessus, à raison d’un ou même deux soirs par semaine. Si on veut déposer un projet sérieux comme ils le veulent, cela va prendre des soumissions, des plans et devis complets. À nos yeux, cela va prendre au moins deux autres années de travail pour réaliser tout cela », indiquait le président de l’organisme, Jean-Marie Chabot, au terme d’une assemblée publique d’information tenue le lundi 25 mars.
Lors de cette rencontre qui a réuni plus de 125 personnes, les responsables de la fondation ont présenté les grandes lignes de projet de plusieurs millions de dollars qui se divise en trois volets : aménagement de 84 logements abordables à même les locaux actuels de l’Oasis et d’une partie du Collège, création d’un milieu de vie dynamique et inclusif pour les citoyens et organismes de Bellechasse-Etchemins, ainsi que la préservation d’un patrimoine bâti qui, selon eux, est essentiel dans le sud de la MRC de Bellechasse.
« Nous sommes satisfaits de la participation à la rencontre de ce soir. Cela prouve que les gens s’approprient de plus en plus notre projet. Si ça continue comme on croit que ça va aller, la municipalité et le Centre de services scolaire auront beaucoup de difficultés à jeter ce bâtiment par terre », soutient M. Chabot en rappelant qu’il est lui-même un habitué des projets d’envergure.
Une panoplie de chiffres ont été présentés au public, lors de cette rencontre publique, par Pauline Mercier et Benoit Dubé, collaborateur externe. Ceux-ci ont ajouté que leur projet se qualifiait pour de nombreuses subventions gouvernementales, notamment de la SHQ, de la SCHL et même du ministère de la Culture et des Communications.
M. Chabot s’est dit conscient que les chiffres présentés lundi soir demeurent approximatifs, étant basés sur des données du passé et des statistiques existantes, que ceux-ci devront être mis à jour au cours de la présente année.
La pire décision
« Ils nous ont donné un ultimatum, on ne sera pas capable de le respecter c’est certain. De jeter le bâtiment à terre, c’est une décision qui est pire. On sait qu’il n’y aura pas de démolition avant 2025 ou peut-être même 2026. Nous sommes convaincus que nous pourrons rénover ce bâtiment pour une fraction du prix que va coûter à lui seul le projet de déménagement de la Maison de la culture de l’autre côté de la rue. Sans oublier les 8 à 10 M$ que le gouvernement est prêt à investir pour démolir le collège », poursuit M. Chabot qui dit avoir eu des discussions non officielles à ce sujet avec différents intervenants politiques et autres, notamment avec le président du Centre de services scolaire qu’il entend relancer pour demander un nouveau délai.
« J’ai parlé avec le président du CSSCS. On se comprend entre nous, mais il est coincé dans des décisions politiques qui n’ont pas été assez réfléchies. J’espère que les ministères de l’Éducation et celui de la Culture vont s’asseoir pour prendre une décision réfléchie et beaucoup moins dispendieuse que ce qui s’annonce jusqu’ici. »
La viabilité, une nécessité
Tout comme le Centre de services scolaire et la municipalité de Saint-Damien, Jean-Marie Chabot et les membres de son conseil d’administration s’entendent sur une chose, soit d’avoir un projet qui sera viable à long terme. « Si on s’aperçoit que ce ne l’est pas, on va lever le drapeau et on va arrêter tout cela. Mais pour le moment, il est beaucoup trop tôt pour se prononcer. On a besoin de deux à trois bonnes années de travail avant. De ce qu’on a entendu parler, les Vétérans du Canada ne seraient plus dans le dossier. C’est nous ou la démolition, nous sommes rendus là », ajoute-t-il.
Difficile, mais pas impossible
Membre du conseil d’administration de la Fondation Saint-Joseph de l’Espérance, Pauline Mercier a convenu, elle aussi, qu’il ne s’agit pas d’un projet facile. Elle rappelle toutefois qu’il ne s’agit pas du premier projet en ce sens à voir le jour à Saint-Damien, le milieu eu à cœur de participer à la création de l’Oasis Saint-Damien ou encore des Habitations Rayons de Soleil.
« Ce projet est réalisable et surtout admissible à différents programmes de financement, selon les discussions que nous avons eues avec la SHQ. On a déposé un projet qui n’avait pas été accepté en 2023, mais ils nous ont invités à en déposer un autre plus tard en 2024 », précise-t-elle également.
Rappelons que la Fondation a amassé 63 000 $ en 2022-2023, sommes qui ont été injectées dans une étude de faisabilité technique. Une étude de faisabilité financière a été réalisée de concert le GRT de Lévis et une étude environnementale sur ce projet est en cours.
Selon la fondation, le projet qu’ils souhaitent mettre de l’avant répond à un réel besoin dans le milieu, notamment en matière de logements. « C’est un projet stimulant, mais qui ne sera pas facile à réaliser. On aura besoin de l’appui du public, des politiciens et du gouvernement pour le réaliser », disent-ils en terminant.
Ne pas bâtir en démolissant
Spectateur attentif à cette rencontre d’information, l’ancien maire de Saint-Damien, Hervé Blais a dit trouver inconcevable la volonté du centre de services scolaire et du ministère de l’Éducation de démolir le Collège Saint-Damien.
« Tu développes une communauté en bâtissant et en rénovant ce qu’il y a à rénover. Si tu démolis au fur et à mesure que tu construis, tu restes au même point. À Saint-Damien, il y a un manque de logements criants. Cette bâtisse est encore en excellente condition. C’est sûr qu’elle mérite des rénovations et des investissements. »
Au sujet de la date-butoir ou encore de l’ultimatum imposé aux promoteurs intéressés par la réhabilitation du Collège Saint-Damien, M. Blais a dit détester les situations « où on nous met le couteau sur la gorge pour prendre des décisions. Ils ont décidé de démolir, mais peuvent-ils laisser les gens de Saint-Damien décider de ce qui est bon pour eux et ce qu’ils veulent faire de ce bâtiment », a-t-il dit en conclusion.
Position de la municipalité
Le maire de Saint-Damien, Sébastien Bourget, a souligné que la position de la municipalité n’avait pas changé, ayant été exprimée à maintes et maintes reprises. « Les appuis que nous avons pu donner l’ont été. Maintenant, c’est à la fondation de faire son travail d’ici le 29 mars. S’ils souhaitent demander un délai supplémentaire auprès du CSSCS, ils sont libres de le faire, c’est un organisme indépendant. Ça prend un projet financé et viable », a rappelé le maire Bourget.