Consigne: une nouvelle règle au goût amer
RECYCLAGE. En vigueur depuis le 1er novembre, le programme de Consignaction visant à moderniser et élargir la consigne ne fait pas que des heureux auprès de certains détaillants qui jugent que cette nouvelle façon de procéder augmentera leur charge de travail.
« Ce sera nous qui effectuerons le tri. C’est sûr que ça amènera un surplus de travail. Également, les fonds des sacs amenés par les clients ne sentiront pas tous bon avec les liquides mélangés », a mentionné Caroline Turgeon, propriétaire du Axep de Saint-Théophile.
De son côté, le propriétaire d’Alimentation du Manoir de Saint-Isidore, Claude Guillemette, constate qu’il y a plusieurs changements de prix à effectuer, ce qui lui engendre des heures de travail supplémentaires. Également, il mentionne qu’il devra faire des rapports mensuels.
Pour sa part, le propriétaire du Axep de Saint-Théophile, Steve Poulin, estime qu’il n’est pas équipé pour recevoir l’ensemble des bouteilles en raison du manque d’espace dans son commerce.
Inversement, Daniel Chabot, propriétaire du Axep de Saint-Magloire trouve cette nouvelle législation positive, car il n’aura plus à ramasser les canettes des clients, lui qui est considéré comme un détaillant de petite taille.
Des nouveautés
Dorénavant, la consigne est de 0,10 $ pour tous les contenants à l’exception de ceux de verre de 500 ml et plus qui sont à 0,25 $. Notons aussi que la consigne est élargie à l’ensemble des boissons prêtes à boire. « Nous ajoutons l’eau pétillante, les jus de fruits et de légumes », a énuméré le président-directeur général de l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons, Normand Bisson.
Toutefois, les bouteilles d’eau ne font pas partie de ce changement. M. Bisson répond qu’il y a une raison logistique derrière tout ça. Il a expliqué qu’il y a environ 2,5 milliards de contenants consignés au Québec qui sont rapportés chez les détaillants.
« Si nous avions décidé d’élargir avec les bouteilles d’eau ou les vins et spiritueux, nous serions passés à environ cinq milliards de bouteilles. Les détaillants n’ont pas l’espace pour gérer tout ça dans leur entrepôt », a mentionné M. Bisson, ajoutant que des lieux spécifiques dédiés au retour des contenants seront mis en place en 2024.
« Nous aurons différents services, dont un comptoir permettant le dépôt des sacs. Également, les nouveaux équipements seront en mesure de traiter de gros volumes. Par conséquent, les gens ne seront plus contraints à entrer un contenant un à la fois. »
Des gens sensibilisés
À l’heure actuelle, le taux de récupération est de 73 % auprès de la population québécoise. D’ici 2032, M. Bisson aimerait que ce pourcentage grimpe à 90 %. « C’est très ambitieux, mais c’est une belle cible à atteindre. »
Du même souffle, le président-directeur général a tenu à dire que les contenants retournés chez le détaillant sont 100 % recyclés. Ce dernier a expliqué que cela prend environ 60 jours entre le moment où la personne va remettre sa canette et que celle-ci se retrouve de nouveau sur les tablettes. « Ça permet de sauver 95 % de l’énergie pour la produire. L’impact est vraiment important. »
Pas Louis-Antoine Lemire – Collaboration spéciale