Drogue du viol: le CALACS Chaudière-Appalaches prévient les voyageurs
SOCIÉTÉ. Le CALACS Chaudière-Appalaches a lancé, au cours des dernières semaines, une initiative visant à sensibiliser les gens de la région, ayant l’habitude ou souhaitant voyager dans le sud, au phénomène de la drogue du viol qui est de plus en plus présente dans certains pays chauds.
Par le biais d’une campagne de sensibilisation et d’un outil appelé « Drink detective », l’organisme souhaite contribuer à enrayer les mauvaises surprises qu’ont certains voyageurs depuis quelques mois, voire davantage.
Le CALACS a ainsi choisi de lancer une offensive plus forte, ayant récemment été interpellé par une dame de la région dont le séjour au Mexique s’est mal déroulé. Cette dernière a justement été victime d’une agression sexuelle violente alors qu’elle était en voyage avec trois de ses amies, pour souligner son anniversaire de naissance, en décembre dernier.
« On nous a contactées, alors que cette personne était toujours en voyage, pour que l’on puisse la rencontrer à son retour. Après son suivi chez nous, cette dame-là souhaitait parler de son expérience pour sensibiliser les gens à la problématique et qu’ils sachent que ça arrive et pas seulement dans des endroits deux étoiles », explique la directrice générale du CALACS Chaudière-Appalaches, Marie-Pier Brousseau.
Un témoignage poignant
Afin de sensibiliser les gens à la problématique, la victime a accepté de livrer un témoignage sur ce qu’elle a vécu lors de son voyage et de le partager avec le Journal dans le but d’en diffuser des extraits, sous le couvert de l’anonymat. En voici quelques-uns :
« Habituée aux voyages tout inclus dans le Sud, j’ai fêté mes — ans dans un hôtel cinq étoiles au Mexique, à Cancún, avec trois amies. Nous avons décidé d’aller passer la soirée à la discothèque de notre hôtel. Tout se passait bien jusqu’à ce que j’aille à la salle de bain pour ne jamais revenir… »
« Plus de deux heures plus tard [mes amies] finissent par me retrouver à l’autre bout de notre hôtel, complètement confuse, blessée au visage, incohérente et perdue. Ce n’est qu’à mon réveil que je me suis aperçue que quelque chose n’allait pas. J’ai dû replacer les morceaux du casse-tête pour comprendre ce qui m’était arrivé la veille, car je n’avais aucun souvenir d’être partie de la discothèque. »
« J’ai constaté les ecchymoses sévères sur mon corps, la moitié du visage meurtri, enflé et noir, la joue fendue, puis mes sous-vêtements étaient à l’envers et souillés. Les douleurs m’ont rapidement mis sur la piste de l’agression sexuelle. J’ai compris ce qui venait de m’arriver. J’avais été droguée à mon insu, battue et violée. »
« Quel cauchemar ! J’avais reçu en cadeau de fête une soirée tout incluse… À mon âge !? Dans un hôtel 5 étoiles !? Avec ma corpulence? Jamais je n’aurais pensé être victime d’un tel crime. Personne n’est à l’abri. C’est pour cette raison que j’ai décidé d’en parler ouvertement. Si je peux éviter à d’autres personnes, hommes ou femmes, de vivre ce cauchemar, tant mieux. »
« Je me considère résiliente dans cette épreuve. Une fois la rage, la colère et la tristesse passées, j’ai choisi de me dire que la vie continue et de dénoncer cette situation contribue à mon processus de rétablissement. N’hésitez pas à en parler et à dénoncer de tels abus. »
Ne pas hésiter
Garde psychosociale et responsable des communications au CALACS Chaudière-Appalaches, Julie Houde remarque que les demandes d’aide reliées aux agressions sexuelles impliquant les drogues du viol, lors de voyages, sont de plus fréquentes au sein de l’organisme. « On en entend parler de plus en plus dans nos bureaux. Nous ne pouvons pas affirmer que ça arrive plus fréquemment, mais nous croyons que les personnes qui en sont victimes osent davantage demander de l’aide. La prévention permet aussi de rendre le sujet moins tabou. »
Femme, homme, jeune, moins jeune, personne seule ou en groupe : personne n’est à l’abri de cette problématique, précise Marie-Pier Brousseau. « Un accompagnement par un organisme comme le CALACS permet aux victimes de se libérer et de pouvoir atténuer les conséquences de ces agressions sexuelles sur leur quotidien », estime-t-elle.
En plus des activités estivales, l’organisme entend faire de la prévention contre les drogues du viol un sujet constant. En plus des voyages dans le sud et les festivals, les partys de Noël, les bals de finissants et autres peuvent être d’autres événements où la prévention est possible. « C’est un sujet que l’on connaît bien et sur lequel on s’implique déjà depuis un certain temps. Nous étions présents dans les principaux festivals de la région l’été dernier et on le sera encore cette année », assure-t-elle.