Été difficile côté météo: les producteurs espèrent un coup de pouce

AGRICULTURE. L’Union des producteurs agricoles (UPA) et quelques-unes de ses filiales ont dévoilé les résultats d’un sondage sur l’impact de l’excès d’eau dans les champs québécois, au terme d’une saison agricole désastreuse pour des centaines de productrices et producteurs, plus particulièrement dans le secteur horticole.

Selon le coup de sonde mené du 8 septembre au 10 octobre, les 250 répondants accusent une perte de production moyenne de 42 % sur 59 % de leurs superficies, entraînant une baisse de 32 % de leur chiffre d’affaires, soit environ 150 M$. L’UPA ne demande rien de moins qu’une aide tout aussi exceptionnelle que rapide, à la hauteur des besoins et à l’extérieur des programmes existants.

Par ailleurs, 60 % des répondants indiquent avoir été affectés non seulement par l’excès d’eau, mais aussi par le gel, la grêle et autres dommages climatiques, tandis que 51 % estiment que l’excès d’eau de cette année aura aussi un impact sur la saison 2024 et possiblement les suivantes en raison de la pourriture, les maladies, les plants cassés ou déracinés et autres. 76 % ont d’ailleurs déjà détecté des maladies fongiques dans leurs cultures et 56 % s’attendent à des pertes à l’entreposage plus élevées qu’à l’habitude, plus particulièrement dans les légumes frais et les pommes de terre. Autre donnée importante, 52 % des entreprises ne participent pas à l’assurance récolte et ne peuvent donc bénéficier des ajustements annoncés jusqu’à maintenant. Enfin, 45 % anticipent un manque de liquidités pour terminer l’année en cours et 60 % entrevoient des difficultés pour l’achat d’intrants en 2024.

Une nouvelle réalité

Rappelons que les organisations ont demandé en août dernier au gouvernement du Québec une aide urgente compte tenu de la fréquence et de l’intensité des anomalies météorologiques en cours de saison. Les syndicats impliqués insistent pour dire que les ajustements subséquents au Programme d’assurance récolte se sont avérés en deçà des attentes exprimées. D’autant plus qu’un grand nombre de productrices et de producteurs refusent d’y adhérer, les programmes habituels de La Financière agricole du Québec n’étant pas conçus pour pallier les risques grandissants des changements climatiques.

Interpellé sur le sujet, le président de l’UPA en Chaudière-Appalaches, James Allen, est lui aussi d’avis que les programmes de gestion des risques actuels ne permettent pas aux entreprises de faire face à des situations climatiques extrêmes. Il indique que les discussions sont toutefois en cours avec la Financière agricole pour revoir certains aspects des programmes. « On dirait que les programmes actuels sont conçus pour faire face aux sécheresses et non à d’autres aspects de la météo, dont un été pluvieux comme on vient de connaître. Heureusement, le travail était déjà commencé et certains aspects ont été revus. »

Pour l’UPA et les organisations horticoles, retarder davantage cette mise à niveau urgente, réclamée depuis plusieurs années par le milieu, entraînerait des conséquences importantes sur la rentabilité des entreprises et l’avenir alimentaire du Québec. À ce chapitre et toujours le sondage, 51 % des entreprises augmenteront le recours à leur marge de crédit, 26 % devront restructurer leur dette, 20 % diminueront la taille de leur entreprise, 9 % arrêteront temporairement leurs activités et 8 % prévoient vendre leur entreprise.