Faune: aménagement des forêts pour préserver le chevreuil

FORÊTS. La Fondation de la Faune a récemment soutenu une initiative de l’Agence de mise en valeur des forêts privées des Appalaches (AMVAP) visant à accroître les habitats offrant une ressource alimentaire abondante et de qualité au cerf de Virginie, ainsi qu’à favoriser la proximité entre les abris et les zones d’alimentations.

Le projet avait été initié en 2021 et faisait suite au portrait des ravages de chevreuils de la région qui s’était terminé en novembre 2019. Cette deuxième phase a bénéficié d’une aide de 24 000 $ pour un projet évalué à 103 000 $ et permis des travaux sur 114,42 hectares.

Ce portrait des ravages de la région avait été réalisé par l’Agence dans trois aires de confinement reconnues, soit celles de Sainte-Germaine-Station, de Saint-Malachie et du Mont Orignal, afin d’assurer le maintien de la qualité de l’habitat hivernal des cerfs.

« Nous avons relancé la Fondation en expliquant que nous souhaitions proposer aux propriétaires un aménagement forestier adapté pour le chevreuil. C’est ce que nous avons commencé en 2021 et terminé en décembre 2023 », explique Jean-Pierre Faucher, directeur général de l’Agence.

L’aménagement adapté proposé par l’Agence est différent d’un aménagement traditionnel, ajoute Gabrielle Préfontaine-Dastous, biologiste et coordonnatrice de projets multiressources à l’Agence.

« On veut s’assurer que le cerf de Virginie ait suffisamment d’abris en hiver pour qu’il puisse s’abriter, en plus de la proximité de zones de régénération de feuillus où il pourra aller se nourrir. Globalement, on veut limiter ses déplacements, car c’est ce qui lui occasionne les plus grosses dépenses d’énergie en saison hivernale. »

Un bel accueil

Dans la région de Chaudière-Appalaches, le cerf de Virginie représente 97 % des récoltes des chasseurs et plus de 30 000 personnes participent annuellement aux activités de prélèvement ou d’observation liées à cette espèce. En terres publiques, la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune protège les ravages de cerfs. La situation est toutefois différente pour les ravages situés sur terres privées, lesquels composent 70 % de ceux du territoire de l’Agence.

Le portrait réalisé par l’Agence en 2018 avait permis de mettre à jour les problématiques de chaque ravage situé sur son territoire, soit ceux de Montmagny, de Saint-Malachie, de Sainte-Germaine-Station, du Mont Orignal et, dans une moindre mesure, celui près de la rivière Famine à Saint-Georges. Les résultats obtenus montraient que les habitats offrant une ressource alimentaire suffisante et de qualité pour le cerf seraient légèrement déficitaires dans trois des ravages, soit ceux de Sainte-Germaine-Station, du Mont-Orignal et de Saint-Malachie.

« Les interventions se sont faites à ces endroits, car ils sont près l’un de l’autre et très accessibles. Le ravage de la rivière Famine était davantage près de Saint-Prosper avant, mais s’est déplacé légèrement vers Saint-Georges et Saint-Benjamin. Celui de Montmagny est le plus gros ravage de la région, mais une bonne proportion se trouve en terres publiques », précise Jean-Pierre Faucher.

L’Agence a d’abord réalisé une campagne d’information auprès des propriétaires forestiers des ravages, puis réalisé des visites-conseils chez 35 propriétaires afin de valider l’état des peuplements et identifier les interventions pouvant améliorer l’habitat du cerf.

De plus, comme les peuplements résineux matures abritant le cerf l’hiver sont sensibles à la tordeuse des bourgeons de l’épinette et qu’une épidémie est en progression sur le territoire des Appalaches depuis près de quatre ans, il importe de diminuer la vulnérabilité des ravages face à la menace de la défoliation par cet insecte, estime Mme Préfontaine-Dastous qui ajoute que la réception des propriétaires fut fort positive.

« Il y a des propriétaires chez qui nous n’avons pas fait de visite-conseil, mais où il y a quand même eu des travaux. D’autres endroits ont été visités, mais il n’y a pas eu de travaux, puis des endroits que nous avons visités où le propriétaire a choisi de faire des aménagements par lui-même. Plusieurs propriétaires ne savaient pas que leur propriété était située en ravage et que c’était un habitat hivernal important. Le côté sensibilisation a été important à ce chapitre », ajoute-t-elle.

« Nous n’avons pas répondu à la demande. Il y a une bonne liste de gens que nous n’avons pu aller voir. Si nous envoyions une autre lettre, il est certain que nous aurions une autre vague de demandes pour des visites », indique Jean-Pierre Faucher en terminant.