Hugues Bernier: avocat et lutteur professionnel !

SAINT-MICHEL. Le 26 avril prochain, un gala de lutte professionnelle de la NSPW, au profit du Festival de jazz de Saint-Michel, sera présenté dans le gymnase de l’école Jésus-Marie. Un des lutteurs inscrits à cet événement attirera assurément les regards des spectateurs.

Originaire de Saint-Michel et résident de Québec où il est avocat spécialisé en litiges depuis une dizaine d’années, Hugues Bernier, alias Damian Wild, sera de la distribution. Il vivra un moment unique dans sa récente carrière de lutteur qui s’est amorcée.

« C’est un peu irréaliste, car c’est ici que sont mes racines. Mes enfants seront là pour le voir performer dans ma patrie d’origine. Saint-Michel et ses gens, c’est important pour moi. Il y a aussi ma mère qui est enterrée devant le collège. Elle ne sera pas là pour me voir réaliser mon rêve, mais elle sera en moi c’est certain », indique celui qui a réalisé un rêve de jeunesse en se lançant dans le monde de la lutte il y a moins de trois ans.

Sportif de nature, Hugues Bernier a résidé à Saint-Michel jusqu’au début de la vingtaine, déménageant ensuite à Québec pour la poursuite de ses études en droit à l’Université Laval. Il a maintenu un lien régulier avec son milieu d’origine par la suite, s’occupant et jouant notamment dans l’équipe de balle rapide locale qui a évolué dans l’ancienne Ligue interparoissiale (aujourd’hui la Ligue de balle rapide sénior de Bellechasse), puis dans l’ancienne Ligue des Caisses pop de la Rive-Sud.

Une carrière tardive

Hugues Bernier a toujours caressé le rêve de devenir lutteur, lui qui a commencé à suivre ce sport dans le milieu des années 1990.

« En 1994, j’ai écouté le Royal Rumble de la WWF à l’époque (aujourd’hui la WWE) et je suis tombé en amour avec ce sport. C’est entré dans mon sang et j’ai toujours continué à suivre cela de manière très religieuse, à étudier les mouvements de chaque lutteur. On disait toujours aux gens de ne pas reproduire cela à la maison, mais j’ai toujours contourné cette règle-là puisqu’avec des amis, des cousins et cousines, on organisait des combats de lutte pour le fun », mentionne-t-il en précisant que le fil de la vie l’avait amené à mettre ce rêve de côté.

« Tu as une blonde, tu termines tes études et tu trouves un emploi, puis les enfants arrivent. Je me suis toujours dit que je voulais faire cela, mais plus les années avançaient, j’avais fait mon deuil », a-t-il indiqué.

Un important changement dans sa vie s’est déclaré il y a trois ans, après sa séparation d’avec la mère de ses deux enfants maintenant âgés de 4 et 8 ans.

« Ce fut une période très difficile pour moi. Des professionnels me disaient que je devais réapprendre à vivre pour moi et trouver un équilibre dans ma vie. Un spécialiste que je consultais m’a dit « tu es un gars tellement intense que si tu veux retrouver une qualité de vie et être heureux, il faut que tu réalises ce qui est en tête de ta bucket list. » Je lui ai répondu je ne vais certainement pas devenir lutteur et il m’a dit c’est exactement ce qu’il faut que tu fasses », précise le lutteur de 37 ans.

En s’informant, il a découvert que des cours se donnaient à l’académie de lutte de la NSPW à Québec. Il s’est inscrit avec un ami qui lui a finalement fait faux bond le premier jour, ce qui ne l’a pas empêché de se lancer. Il dit ne rien regretter.

« C’est tellement une belle école. La NSPW est la fédération de lutte no1 au Québec depuis 13 ans. Nous sommes bien entourés et j’ai développé un attachement à cette fédération. C’est l’académie qui a vraiment mis au monde Damian Wild », précise l’avocat-lutteur qui rappelle que c’est avec son partenaire d’origine, qui ne l’a pas suivi, qu’il avait imaginé ce nom de lutteur.

« Cela m’a pris tout mon petit change pour me rendre à l’académie le premier jour, mais j’ai brisé la glace seul. J’ai conservé mon personnage et j’ai pris part à cette expérience par moi-même. Je me suis ensuite retrouvé en équipe avec un partenaire que je ne connaissais pas au départ. Dans les histoires que nous développons, nous sommes un groupe de quatre lutteurs s’appelant Le Consortium. Mon partenaire et moi luttons majoritairement en équipe, même si on fait des combats en solo à l’occasion », précise le Bellechassois.

Se qualifiant de « brawler », même s’il aime pratiquer plusieurs styles de lutte, dont certaines voltiges du troisième câble, Hugues se retrouve du côté des « méchants » avec les autres membres du Consortium.

Un premier combat, puis plusieurs autres

Hugues Bernier se rappellera toujours son premier combat officiel, au gala Graduation, un match en équipes à 3 contre 3. « Tu fais ton premier combat, tu ressens l’énergie de la foule et tu en fais un autre, puis un troisième et ainsi de suite. Tant que je serai capable et que ça demeurera de quoi de positif pour moi, je vais en faire », affirme-t-il en rappelant que la lutte l’a aidé à retrouver une meilleure qualité de vie et à mieux performer dans toutes les sphères de sa vie personnelle et professionnelle.

« Ce sport me coule dans les veines et j’ai besoin de cela. Le jour où je vais arrêter, j’entends demeurer impliquer dans le domaine, que ce soit comme gérant ou dans un autre rôle », confirme-t-il en disant avoir l’aval de ses patrons et de ses collègues de travail qui viennent régulièrement le voir en action.

Membre de Generation NeXT, le club-école de la NSPW, Hugues Bernier a pris part à une dizaine de spectacles ambulants de la NSPW l’an dernier, dont le gala de Saint-Anselme, sans oublier les combats réguliers de Generation NeXT et deux apparitions dans les « pré-shows » de la NSPW.

Être avocat et lutteur

Que pensent les gens du fait qu’il est à la fois avocat et lutteur professionnel ? « Certains peuvent trouver cela particulier. Plusieurs se font une idée précise des avocats et pensent que nous sommes tous des gens sérieux qui passent une quinzaine d’heures par jour au bureau et qu’on ne fait rien d’autre. Je suis peut-être l’un des seuls avocats qui font de la lutte au Québec », mentionne-t-il en ajoutant que l’on peut trouver certains rapprochements entre les deux métiers.

« Il y a un côté performance et acting quand tu plaides et c’est un peu la même chose avec la lutte. Comme le dit souvent Robert Lepage, qui est un gros fan de notre sport, la lutte est l’art parfait, car tu retrouves des prouesses physiques et sportives, du théâtre, des revirements et de l’émotion. Il faut aussi être en grande forme et que tu saches t’exprimer pour faire la promotion de ton personnage. Dans ce domaine, il faut que tu te fasses voir et que tu laisses une impression auprès des gens. Il n’y a jamais rien d’acquis. »