Saint-Cyprien: commerce de proximité à maintenir

AFFAIRES. Depuis 27 ans, la Station-service G.J. fait partie du paysage de la municipalité de Saint-Cyprien. Les propriétaires, Ghislain Lapierre et Julie Morissette, espèrent que leur commerce de proximité, le dernier de la localité, se maintiendra dans l’avenir, celui-ci étant à vendre.

« Nous sommes fiers de ce que nous avons bâti au cours des 27 dernières années. Nous espérons trouver un mécanicien qui aura le goût d’acheter le commerce et prendre notre relève », signale le couple qui a ouvert celui-ci le 27 août 1997.

Entrepreneurs dans l’âme, Mme Morissette et M. Lapierre avaient acquis le terrain, où ils ont bâti leur garage, en avril 1997. Un casse-croûte, qui était en faillite à ce moment, s’y trouvait. Mme Morissette l’a opéré jusqu’à l’ouverture du garage.

« Nous avions quatre enfants âgés de 3 à 7 ans à ce moment et ça prenait un salaire en attendant. Une fois le garage ouvert, le casse-croûte a été démoli, car nous ne pouvions pas avoir deux commerces sur le même terrain. Nous sommes partis de zéro », indique Mme Morissette en ajoutant que 27 ans plus tard, leur belle aventure se poursuivait, eux qui ont toujours travaillé ensemble dans le commerce familial.

Les affaires ont toujours été bonnes, rappelle le couple, même si la localité de Saint-Cyprien n’est pas la plus populeuse. « Bien gens nous encouragent, même si on est dans une petite municipalité. Encore aujourd’hui, nous sommes pleins pour l’antirouille, l’alignement et la certification automobile, car nous ne sommes pas nombreux à faire cela », poursuit Mme Morissette.

Julie Morissette et Ghislain Lapierre précisent que le processus de vente est amorcé avec un agent immobilier, l’objectif étant de garder le garage dans un excellent état et avec une clientèle active, ce qui permettra à l’acheteur de faire facilement ses paiements. « S’il travaille, il va faire de l’argent et bien vivre. Nous avons une clientèle qui est établie et fidèle et je vais rester avec la personne le temps qu’il faudra pour la transition et introduire celle-ci au nouvel acheteur », affirme M. Lapierre.

Ceux-ci ont diminué quelque peu les heures d’ouverture au cours des dernières années, afin de penser à leur santé. « On a décidé de fermer à 18 h les jeudis et vendredis il y a quelques années afin que Ghislain puisse continuer, car il a des problèmes de dos conséquents à ses années comme travailleur dans le domaine forestier », indique son épouse.

Partir de zéro

Lorsqu’il a démarré son garage en 1997, Ghislain Lapierre n’avait pas de formation en mécanique automobile. Il avait toutefois acquis certaines connaissances de base du fait qu’il faisait régulièrement l’entretien de la machinerie forestière où il travaillait auparavant.

« J’ai également travaillé plusieurs années chez Réal Racine de Sainte-Justine où je faisais l’entretien de ses charrues et de ses compresseurs. Les premières années, je travaillais au garage 7 jours sur 7 et j’allais suivre des cours de mécanique automobile à Lévis ou Montmagny, puis au CIMIC ensuite en plus de suivre des formations en ligne. Cela m’a permis au temps d’aller chercher les connaissances qui me manquaient », précise-t-il.

Le couple dit avoir travaillé fort tout au long de ces années. « On a vécu une bonne vie, on a pu payer les études de nos quatre enfants, on leur a payé des autos pour aller à l’école, on a fait tout ce qu’on pouvait pour eux, maintenant il est temps de penser à nous. », poursuit-il.

« On aimerait cela que l’acheteur qui se manifestera soit aussi fier que nous, car nous nous sommes investis beaucoup dans ce commerce. Nous serions déçus que le commerce ferme après la vente, car nous sommes partis à zéro. Les premières années, on travaillait 7 jours par semaine. On entrait ici à 7 h 30 du matin et on restait jusqu’à 20 h ou 21 h selon les jours. On ne comptait pas les heures », mentionne Mme Morissette en ajoutant qu’ils avaient même une cuisine au-dessus de l’entrée principale, aménagée par son père.

« On a élevé nos enfants ici. Ils venaient dîner ici et revenaient ici après l’école. On faisait les devoirs en haut et on soupait même ici certains soirs. Ils nous voyaient travailler par la fenêtre, même les fins de semaine. Ils ont tout appris ici, ils ont tous servi de l’essence et travaillé de soir. Ils nous remercient encore aujourd’hui pour tout ce qu’on leur a montré, car ils ont tous de bons emplois et ils aiment travailler. Ils nous ont donné neuf petits-enfants, c’est notre fierté », mentionne le couple.

Appui des gens nécessaire

Si les ventes d’essence sont bonnes, Julie Morissette reconnaît que celles-ci pourraient être meilleures, car beaucoup de résidents de Saint-Cyprien font le plein là où ils travaillent. « L’essence c’est bon, mais ça pourrait être meilleur si tout le monde participait. C’est une question de volume. Si les gens de Saint-Cyprien viennent moins pour l’essence, ils sont là pour la mécanique, cependant. Pour l’esthétique, on en a beaucoup de l’extérieur et on leur sert de l’essence aussi », prend-elle le soin d’ajouter.

« C’est une fierté de voir que notre entreprise est toujours en opération et est le seul véritable commerce de proximité de la municipalité. La priorité des gens, c’est de conserver l’essence. C’est du social et on aide les gens qui ont besoin. Chacun utilise le service dont ils ont besoin. Si on fermait, ce serait triste, déjà qu’on n’a plus d’école et pas d’épicerie. »

Le couple mentionne que la venue des nouveaux arrivants qui suivent les cours de francisation à Saint-Cyprien a aussi très bénéfique pour eux, car ils représentent une importante de leur clientèle. « On a développé un bon lien avec eux, mais il faut prendre le temps de les écouter. Ils posent beaucoup de questions et il faut prendre le temps nécessaire pour qu’ils comprennent bien ce qu’on leur explique, car il faut se rappeler qu’ils sont en apprentissage du français. Ils ont appris à nous faire confiance. On utilise le téléphone cellulaire au besoin », précise M. Lapierre.

Un potentiel de développement

Julie Morissette et Ghislain Lapierre croient que leur commerce offre un potentiel de développement qui permettrait à deux personnes de travailler ensemble et bien en vivre. « Les gens préfèrent réparer leur automobile au lieu d’en acheter une neuve. Cela aide des commerces comme le nôtre, car les gens veulent garder leur voiture », mentionne Mme Morissette.

Le couple ajoute que leur terrain est assez grand pour permettre même l’ajout d’un dépanneur au bâtiment actuel. « Avant que ça se fasse, ça va prendre du monde de plus à Saint-Cyprien », précise M. Lapierre en terminant.