Un premier mandat bien rempli à Ottawa pour Dominique Vien

Élue députée fédérale de Bellechasse-Les Etchemins-Lévis il y un peu plus de deux ans et demi, Dominique Vien continue à s’acclimater à sa nouvelle vie sur la Colline Parlementaire, elle qui a été élus députée sous la bannière du PLQ pour la première fois en 2003 et ministre libérale pendant 10 ans.

« C’est une expérience nouvelle pour moi. C’est une expérience à la fois intéressante et très enrichissante, complètement différente de ce que j’ai vécu au provincial. Ce ne sont pas les mêmes dossiers, ce n’est pas la même tension », affirmait-elle d’entrée de jeu lors d’un récent entretien avec l’équipe journalistique de La Voix du Sud.

« La politique est différente au niveau fédéral. De plus, je suis dans l’opposition, situation à laquelle je ne suis pas habituée contrairement au provincial où je ne l’ai été que 18 mois alors que Mme Marois était première ministre », poursuit-elle en ajoutant que si sa nouvelle est remplie d’apprentissages, incluant celle de l’anglais, bien choses ne changent pas, peu importe le palier de gouvernement.

Invitée à identifier les dossiers qui ont retenu son attention depuis son élection au fédéral, Mme Vien lance tout d’abord celui du Chantier Davie, se disant en contact étroit à ce sujet avec le ministre responsable de la grande région de Québec, Jean-Yves Duclos.

« C’est une bonne nouvelle que le chantier soit intégré à la politique navale canadienne. Cela a été long à concrétiser, mais maintenant que c’est fait, il serait temps que les contrats arrivent, car cela retarde leur plan de développement. C’est un processus qui est long même si on me dit que des annonces sont imminentes », indique-t-elle en ajoutant qu’elle suivait également de près, du côté de Lévis, des dossiers comme celui des terres de Rabaska qui sont depuis peu la propriété du gouvernement du Québec.

Dans Bellechasse

Du côté de la MRC de Bellechasse, Mme Vien dit avoir été sollicitée dans le dossier de l’avenir du Collège de Saint-Damien, notamment du fait que les Vétérans du Canada sont sur les rangs pour y établir un projet.

« Chacun des groupes intéressés à acheter le Collège voulait que la députée fédérale prenne position, ce que j’ai refusé de faire tant pour les Vétérans que la Fondation Saint-Joseph de l’Espérance. Aucun des projets n’était selon moi assez avancé ou n’avait assez d’assises financières solides pour que je m’en mêle ni pour que la municipalité l’appuie sans réserve », précise-t-elle en disant avoir exigé la tenue d’une rencontre réunissant tous les intervenants au dossier, celle-ci ayant eu lieu le 13 novembre.

« Je crois qu’une association entre les deux projets semble peu probable. On sait que la démolition est prévue en 2025. Tant que les deux dossiers présumément présentés sont à l’étape où ils sont, je ne suis pas en mesure pour prendre position pour l’un ou l’autre pour le moment et j’attends d’être convaincue que l’un ou l’autre puisse fonctionner ou les deux ensemble. En même temps, en ce qui a trait à la Maison de la culture, le choix est clair et limpide, c’est déposé pour étude auprès des deux gouvernements et ils ont un très beau projet culturel qui sera porteur pour la région. »

Immigration et passeports

Mme Vien souligne par ailleurs que les dossiers d’immigration l’occupent énormément, ainsi que le personnel de son bureau de comté. « Je dois signer, chaque mois, une quarantaine de lettres de bienvenue à de nouveaux résidents qui ont obtenu leur statut de citoyens canadiens. Ce sont aussi tous les dossiers de travailleurs étrangers individuels ou de rassemblements familiaux. On accompagne autant les travailleurs étrangers que les municipalités, les organismes et les entreprises. Cela représente plus de 700 dossiers depuis que je suis en poste », rappelle-t-elle.

En parallèle, elle dit souhaiter l’ouverture, à Lévis, d’un lieu où Services Canada pourrait émettre les passeports, comme c’est le cas actuellement à Place de la Cité à Québec, ce qui éviterait aux gens d’avoir à traverser sur la Rive-Nord et éviter de longs temps d’attente.

Projet de loi

Tous les députés fédéraux, même ceux dans l’opposition comme Dominique Vien, ont l’occasion de pouvoir déposer des projets de loi, un tirage au sort étant effectué sur la Colline parlementaire. À cet effet, Mme Vien a déposé un projet qui, comme elle l’avait fait du temps qu’elle était ministre à Québec, vise à modifier la loi canadienne sur les normes du travail en prolongeant le délai de prescription permettant aux personnes de porter plainte contre un ancien employeur en cas de harcèlement.

« Au fédéral, les employés actuels n’ont pas de délai, mais les anciens employés ont trois mois pour porter plainte eux aussi et je veux ramener cela à deux ans comme au Québec. Le projet de loi a franchi l’étape de la première lecture et j’en suis fière. Est-ce que les Libéraux vont le bloquer, je ne sais pas, mais je suis conséquente avec ce que j’ai fait quand j’étais à Québec », soutient-elle.

Troisième lien autoroutier

Mme Vien a par ailleurs livré un plaidoyer en faveur d’un troisième lien autoroutier entre les deux rives, disant avoir toujours été en faveur de celui-ci. Elle confirme d’ailleurs que le caucus des députés conservateurs du Québec avait rencontré, récemment, des représentants de la Caisse de dépôt et de développement du Québec qui doit présenter son plan sur le sujet d’ici l’été.

« Il faut que le troisième lien se fasse et plusieurs, dont moi, leur avons rappelé. Pour qu’il soit financé par un gouvernement conservateur au fédéral, il faudra que ce soit un lien autoroutier d’abord, mais on n’est pas contre le transport en commun avec cela, ce sera tant mieux s’il y en a. On reconnaît tous les changements climatiques, moi la première », mentionne-t-elle.

Prochaines élections et Pierre Poilièvre

Lors de la dernière course à la chefferie du Parti conservateur, Dominique Vien avait appuyé la candidature de Jean Charest qui avait été battu par Pierre Poilièvre. Suivant l’élection de ce dernier, elle s’était dite déçue, mais souhaitait donner la chance au coureur. Comment vont les relations avec son nouveau chef ?

« J’ai eu baptême de feu assez irrégulier alors que je suis entrée en politique fédérale rapidement, sous un chef qui a dû quitter. Je n’avais pas appuyé M. Poilièvre, mais j’avais dit que je laisserais la chance au coureur, ce que j’ai fait et je n’ai aucun problème pour travailler avec lui. C’est un homme avec sa propre personnalité, qui a un franc-parler et qui ne s’enfarge pas dans les fleurs du tapis. Là où on se rejoint, Pierre et moi, c’est sur les questions sociales. Nous sommes à peu près sous la même enseigne à ce sujet », précise-t-elle en rejetant les allégations qui qualifient son chef de « Donald Trump canadien », ajoutant que les Libéraux essaient se sortir des « épouvantails à moineaux » en le qualifiant ainsi.

« Sur l’avortement, il est clairement pro-choix. Sa femme est une réfugiée qui a été élevée au Québec, il est francophile et ça parle français à la maison. Il est très ouvert. J’ai senti beaucoup de respect de sa part, même si j’étais dans l’équipe Charest. Il a eu la délicatesse de rencontrer tous les membres du caucus du Québec après sa victoire, pour nous dire que nous avions notre place auprès de lui et ce geste a été apprécié des membres du caucus », poursuit-elle.

À 57 ans, elle ne peut pas dire, pour le moment, si elle se représentera aux prochaines élections, plusieurs aspects pouvant entrer en compte dans sa décision d’ici ce temps. Même chose pour les rumeurs voulant qu’elle et Steven Blaney soient sollicités pour la mairie de Lévis, advenant que le maire actuel Gilles Lehouillier décidait de ne pas se représenter.

« J’entends les mêmes choses, le téléphone sonne. Je suis très sollicitée, mais je suis actuellement députée fédérale, je me concentre sur mes fonctions et j’aime ce que je fais. J’aime la politique. Je suis en apprentissage constant et je suis très reconnaissante de vivre cette expérience-là », rappelle-t-elle en rappelant que la vie de députée, bien que gratifiante, est très exigeante sur le plan humain et de la vie personnelle.

Priorités électorales

Même si la prochaine élection fédérale n’est pas prévue avant plusieurs mois, possiblement en 2025, Dominique Vien souligne que les priorités des Conservateurs sont claires : resserrement des lois envers les criminels, redressement des finances publiques ainsi que réduction des taxes et impôts.

« Ce sont deux aspects qui se collent à mon côté conservateur fiscal très fort. On souhaite aussi la construction de logements et tous les leviers que l’on pourra trouver seront mis à contribution, dont l’entente fédérale-provinciale sur les infrastructures qui aura un violet très fort au niveau de la construction de logements », soutient-elle en ajoutant que les députés conservateurs du Québec partiront en tournée des régions du Québec au cours du printemps.