Travailleurs étrangers temporaires: catastrophe économique appréhendée, selon le Conseil du Patronat

EMPLOI. Le Conseil du patronat du Québec (CPQ), de même que différents partenaires du milieu, se sont réunis afin de dénoncer les nouvelles exigences limitant l’arrivée de travailleurs étrangers temporaires (TET) au Canada. Le cri du cœur a eu lieu le vendredi 12 avril dernier dans les bureaux de la MRC de La Nouvelle-Beauce à Sainte-Marie.

« Nous voulons dénoncer l’improvisation du gouvernement fédéral, qui occasionne des conséquences économiques importantes et négatives sur l’ensemble des entreprises. […] Si on l’avait su bien avant, on aurait eu le temps de se préparer », a déclaré Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ.

En effet, dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, délivrer des permis de travail fermés garantissait aux entreprises (qui font des démarches sur plusieurs mois et qui investissent de grosses sommes d’argent) qu’elles auraient la main-d’œuvre dont elles ont besoin. En permettant aux TET de travailler n’importe où au Canada à compter de 2027, ceci en agriculture, en transformation alimentaire et en pêcherie, les employeurs perdent cette garantie.

« Ressaisissez-vous! », de lancer M. Blackburn à l’attention du gouvernement fédéral, en espérant une discussion ouverte et non politisée.

Aucune oreille

Line Breton, vice-présidente aux ressources humaines de l’entreprise duBreton de Saint-Bernard, informe que le manque de main-d’œuvre représente des pertes de 1 M$ par mois. En outre, la nouvelle réglementation doublera le temps des procédures (passant de 3 à 6 mois).

 « Les travailleurs étrangers, on croit que c’est l’avenir. […] Nous avons zéro écoute de la part du gouvernement. C’est à sens unique. Ils ne nous écoutent pas, ils ne nous entendent pas, mais ils décident », de dire celle qui embauche quelque 200 TET à travers la province.

Même son de cloche du côté de Manon Viel, vice-présidente capital humain pour le Groupe Mundial de Saint-Lambert-de-Lauzon. « Quand on recrute des gens, on leur fait des promesses. […] Là, du jour au lendemain, tout change », a-t-elle soufflé, en ajoutant que la situation amènera certainement son lot de stress et de détresse pour les travailleurs. « On demande des délais. Après ça, on va s’arranger. On est des créatifs! »

Mentionnons que selon les données du CPQ, 60 % des entreprises ont dû refuser des contrats, réduire leurs nombres de soumissions ou accuser des pénalités en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Cette dernière a causé une perte sur deux ans de 18 G$ aux entreprises du Québec, soit 3 G$ en Chaudière-Appalaches.