Les acériculteurs en colère

Le mauvais temps de mardi n’a pas empêché quelque 1000 acériculteurs et représentants du milieu agricole de crier leur colère devant l’Assemblée nationale concernant le rapport Gagné, qui prône notamment l’abandon des quotas en production et la libre mise en marché.

Les manifestants sont venus d’un peu partout au Québec pour dénoncer un rapport qu’ils qualifient de dommageable pour l’industrie. Le rapport Gagné, dévoilé la semaine dernière, recommande principalement de mettre fin au contingentement dans le secteur du sirop d’érable et d’ouvrir davantage l’industrie au libre marché.

Le sous-ministre Florent Gagné est arrivé à ces conclusions en raison, par exemple, de la perte de parts de marché du secteur acéricole québécois à l’international, qui s’explique entre autres par la hausse de la production américaine. Ce avec quoi le président général de l’Union des producteurs agricoles du Québec, Marcel Groleau, n’est pas d’accord.

«On a démontré que ce n’est pas vrai. On a expliqué que c’est tout à fait normal dans un marché en développement que d’autres se joignent au marché lorsqu’il devient rentable. Il n’y a aucune crainte si nous, au Québec, nous continuons à investir et à développer comme on le fait. Il n’y a aucune crainte de voir les autres participer au développement de ce marché», a-t-il lancé devant les manifestants.

Un contingentement essentiel

Pour Marie Brisson, acéricultrice dans la région de Montmagny, la préservation du contingentement est essentielle pour la vitalité économique des petites régions. «Il reste presque seulement ça dans certaines petites régions. Pour que l’acériculture continue à vivre, il faut qu’elle garde ses moyens pour conserver nos prix et notre stabilité. On ne veut plus retourner en arrière», a-t-elle fait valoir.

Le président de la section de Lanaudière de l’UPA, Marcel Papin, dénonce que le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, Pierre Paradis, semble vouloir «nous faire reculer 30 ans en arrière». «On a un système qui va très bien, mais une minorité qui le critique. Sauf que c’est la minorité que le ministre écoute. On aurait aimé mieux rester chez nous aujourd’hui [hier], mais le devoir nous appelle.»

Clément Pouliot, producteur d’œufs de Sainte-Claire, dans la région de Bellechasse, tenait également à être présent à la manifestation, estimant que si le ministre décidait de mettre fin au quota, cela affecterait son domaine éventuellement. «S’il n’y a plus de contingentement dans le sirop, le prix va baisser pour les producteurs sans qu’il y ait une diminution pour les consommateurs. Il y aurait une perte financière pour moderniser nos entreprises. […] Avec la mise en marché collective, on veut partager la richesse, pas seulement que ça profite à quelques individus», a affirmé celui qui estime qu’une «guerre» vient de s’enclencher avec le ministre.