Développement: mésentente à Saint-Léon
SAINT-LÉON. Mélanie Bisson en a gros sur le cœur. Depuis 10 ans, elle multiplie les démarches dans le but de vendre des terrains, développer sa localité, créer de l’activité économique et amener de nouveaux résidents. Embûches par-dessus embûches, elle en est venue à voir la municipalité comme un adversaire dans l’évolution de son dossier.
Native et résidente de Saint-Léon, elle a l’impression que la municipalité n’est pas ouverte aux suggestions qui pourraient la faire avancer, comme municipalité. «Il me semble que quand ça vient de gens de la place, ça devrait être bien reçu aussi.»
Sur les 29 espaces dont elle est propriétaire, seulement trois ont trouvé preneur. Elle aimerait évidemment que les choses aillent plus rapidement. Elle dénonce le manque d’appui de sa municipalité. «Je veux savoir pourquoi on ne veut pas m’aider. On me fait du tort, alors que ça pourrait tellement être bon pour la municipalité. Je suis souvent allé voir le maire. Je n’ai pourtant jamais agit en adversaire, mais j’ai l’impression qu’ils ne veulent pas. J’aimerais bien savoir ce que je leur ai fait, mais je ne peux pas voir quoi. J’espère le découvrir. Je veux avancer, c’est peut-être ça.»
De longues démarches…. inutiles
Pour illustrer son propos, Mme Bisson indique qu’elle a débuté ses démarches en 2010 et qu’elle avait obtenu le zonage mixte (résidentiel et commercial) de sa propriété en 2011. Ce zonage a été modifié en 2014, sauf qu’elle ne l’a appris qu’en 2018. «Personne ne m’a appelé à ce moment-là pour me prévenir que mes terrains feraient l’objet d’un tel changement. Personne à Saint-Léon ne sait ce qui se passe, tout est caché et je suis tannée.»
Elle ajoute avoir été approchée par la municipalité en mars 2013 et avoir déposé, à leur demande, une offre de vente. «J’ai eu un accusé de réception en avril, mais après plus rien. Je les ai relancé en juin, mais je n’ai jamais eu de réponse, positive ou négative, ni de contre-offre.»
Trois ans plus tard, l’inspecteur régional de la MRC de Bellechasse lui imposa une série d’exigences si elle souhaitait poursuivre ses démarches. «Les frais et plans d’ingénieur qu’il me demandait m’auraient coûté plus de 100 000 $. Je suis loin d’avoir les poches aussi profondes, surtout qu’on ne m’avait pas exigé ça quand j’ai fait la rue Bisson.»
Elle a tenté de nouveau sa chance en 2018 et obtenu une autorisation de vente et une fusion possible d’espaces situés en bordure de la route. Encore là, elle dénonce l’attitude des personnes impliquées. «Quelqu’un s’est montré intéressé à ce moment-là. Ils ont tout fait pour ne pas qu’il vienne chez nous. Après les tractations de certaines personnes, il s’est bâti ailleurs dans le village. Pourtant, ça ne prend qu’un nouveau résident pour possiblement que d’autres suivent. Non, ils ne veulent pas.»
Mme Bisson estime avoir toujours été de bonne foi dans ce dossier. À titre d’exemple, elle indique avoir donné une rue à la municipalité et assumé des frais de cadastre et d’arpentage. Encore là, son implication n’a rien donné. «Quand j’entends que ça marche en équipe à Saint-Léon, les oreilles ont envie de me saigner. Ils ne savent rien, tout est caché.»
Les dernières réponses qu’elle a obtenues de la municipalité concernent le zonage de ses terrains qu’elle aimerait bien voir retrouver une vocation mixte. La municipalité lui a répondu par courriel en mai dernier, indiquant être en révision de son schéma d’aménagement depuis l’an dernier. Elle dit être toutefois en attente de celui de la MRC de Bellechasse avant de procéder. Elle espère maintenant que sa localité distingue que ses intentions ont pour but de faire avancer son village. «On gère à court terme, on ne pense pas à l’avenir. On sent que les idées des autres ne sont pas bonnes, malheureusement.»
Le maire Morin réplique
Appelé à réagir sur les commentaires de sa citoyenne, le maire de Saint-Léon, Bernard Morin, comprend mal pourquoi Mme Bisson est aussi critique. Lui aussi aimerait voir ce secteur se développer. «C’est le seul endroit, ou presque, où l’on peut faire du résidentiel chez-nous en raison des zones inondables et tout le reste».
Le changement de zonage de 2014 était nécessaire, selon lui. «En laissant ça mixte, on risquait de voir des commerces qui font du bruit s’y établir et dénaturer le secteur. Il y a certains usages qui sont permis. On a fait ça uniquement pour préserver le potentiel résidentiel de ce secteur-là. On vit justement une problématique avec un secteur mixte sur notre territoire à l’heure actuelle«, fait-il valoir.
Il affirme, par ailleurs, que la localité a proposé d’acheter ses terrains et qu’un montant a été avancé, contrairement à ce qu’affirme Mme Bisson. «Voyons donc voir si une municipalité va nuire à quelqu’un. On sait que Mélanie n’a peut-être pas les reins assez solides pour piloter elle-même un développement de cette envergure. Nous avions regardé avec elle et nous lui avons répondu. Sauf que c’est elle qui est promoteur pour le moment. Ce n’est pas à la municipalité de tout faire.»
M. Morin indique par ailleurs que la municipalité cherche un moyen pour relier les égouts de la localité à ce secteur. «On aimerait que le réseau puisse monter la rue de l’Église. Ça pourrait donner une chance si elle pouvait ensuite venir se brancher à ce réseau, sauf que ce bout-là, ce sera à elle de le faire et non à nous. Lorsque l’on prend des décisions, on les prend pour l’ensemble et non pour des personnes en particulier.»
Le maire Morin confirme entretemps que la municipalité pourrait revoir sa règlementation, mais attend l’approbation du schéma d’aménagement de la MRC de Bellechasse avant de se positionner. «On veut savoir comment nous allons nous développer comme municipalité et peut-être assouplir certaines choses. Nous avons besoin du schéma d’aménagement de la MRC pour ce faire. Ça s’en vient et on doit être à la veille de recevoir ça.»