Biden rencontre lundi le premier ministre irakien, sur fond de crainte d’escalade

WASHINGTON — Le président américain, Joe Biden, a accueilli lundi le dirigeant irakien à la Maison-Blanche alors que son administration s’efforçait d’empêcher une escalade des hostilités au Moyen-Orient à la suite de l’attaque aérienne iranienne contre Israël en fin de semaine. 

Le premier ministre irakien, Mohammed Shia al-Soudani, était en visite à Washington pour des entretiens destinés à se concentrer principalement sur les relations américano-irakiennes, programmés bien avant les frappes iraniennes.

Mais les lancements de drones et de missiles de samedi, dont certains ont survolé l’espace aérien irakien et d’autres ont été lancés depuis l’Irak par des groupes soutenus par l’Iran, ont souligné la relation délicate entre Washington et Bagdad.

La forte augmentation des tensions régionales liées à la guerre israélienne à Gaza et les développements de cette fin de semaine ont soulevé de nouvelles questions sur la viabilité de la présence militaire américaine en Irak depuis deux décennies. 

Cependant, une batterie Patriot américaine à Erbil, dans le Kurdistan irakien, a abattu au moins un missile balistique iranien, selon des responsables américains, l’un des dizaines de missiles et de drones détruits par les forces américaines parallèlement aux efforts israéliens pour contrer l’attaque avec succès.

S’exprimant au début de la réunion dans le Bureau ovale, M. Biden a réaffirmé que les États-Unis restaient «attachés à la sécurité d’Israël».

«Notre partenariat est crucial pour nos nations, le Moyen-Orient et le monde», a déclaré le président américain au premier ministre irakien, alors que M. Al-Soudani a souligné que cette rencontre intervenait à un «moment sensible».

Le gouvernement israélien s’est engagé à répondre à l’attaque largement déjouée de l’Iran, mais le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, a refusé de dire si les États-Unis avaient été ou s’attendaient à être informés des plans israéliens. 

«Nous laisserons les Israéliens parler de cela», a-t-il déclaré lundi aux journalistes. Les États-Unis ont déjà exclu toute participation à une frappe directe contre l’Iran. «Nous ne sommes pas impliqués dans leur processus décisionnel concernant une réponse potentielle.»

Suprématie militaire d’Israël

Dans un effort pour contenir la réaction israélienne, les États-Unis ont publiquement salué la force d’Israël dans sa capacité à repousser l’attaque iranienne, suggérant que la défense elle-même avait contribué à affirmer sa suprématie militaire dans la région.

«Israël se trouve aujourd’hui dans une position stratégique bien plus forte qu’il ne l’était il y a quelques jours», a déclaré M. Kirby aux journalistes, faisant écho aux propos tenus samedi soir par le président Biden au premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou.

«Le programme de missiles tant vanté de l’Iran, qu’il a utilisé pour menacer Israël et la région, s’est avéré beaucoup moins efficace, a soutenu M. Kirby. Les défenses d’Israël, en revanche, se sont révélées encore meilleures que beaucoup ne l’avaient pensé, et la défense d’Israël a été renforcée par une coalition de pays dirigée par les États-Unis et travaillant de concert.»

Lors d’une rencontre avec le vice-premier ministre irakien, Muhammad Ali Tamim, avant la rencontre de M. Biden avec le premier ministre, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a déclaré que les États-Unis exhortaient toutes les parties à éviter une escalade dans la région.

«Depuis 36 heures, nous avons coordonné une réponse diplomatique pour tenter de prévenir une escalade, a-t-il déclaré. La force et la sagesse doivent être les deux faces d’une même médaille.»

Des attaques depuis l’Irak

Le vice-premier ministre Tamim a déclaré que le gouvernement irakien était également préoccupé. «Le Moyen-Orient vit aujourd’hui des circonstances exceptionnelles qui ont des répercussions sur nos nations, et nous espérons que les escalades et les tensions dans la région prendront fin», a-t-il déclaré.

Pour compliquer les choses, des groupes proches de Téhéran en Irak ont lancé des attaques contre les intérêts américains dans toute la région. Ces frappes en cours ont rendu encore plus cruciales les discussions entre les États-Unis et l’Irak sur la stabilité régionale et les futurs déploiements de troupes américaines.

Les États-Unis et l’Irak ont entamé en janvier des négociations formelles afin de mettre un terme à la coalition créée pour aider le gouvernement irakien à combattre le groupe armé État islamique, avec quelque 2000 soldats américains restant dans le pays en vertu d’un accord avec Bagdad. Les responsables irakiens ont périodiquement appelé au retrait de ces forces.

Les deux pays entretiennent des relations délicates en partie à cause de l’influence considérable de l’Iran en Irak, où une coalition de groupes soutenus par l’Iran a porté Mohammed Chia al-Soudani au pouvoir en octobre 2022.

Ces derniers mois, les États-Unis ont exhorté l’Irak à faire davantage pour empêcher les attaques contre les bases américaines en Irak et en Syrie, qui ont encore plus secoué le Moyen-Orient à la suite de l’attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre. 

Les attaques iraniennes de la fin de semaine contre Israël via l’espace aérien irakien ont encore souligné les inquiétudes des États-Unis, même si M. Al-Soudani avait déjà quitté Bagdad et était en route vers Washington lorsque les drones et les missiles ont été lancés.