Israël dit avoir découvert un centre de commandement du Hamas à Gaza

DAYR AL BALAḨ, Palestine — L’armée israélienne a déclaré mercredi avoir découvert un centre de commandement majeur du Hamas au cœur de la ville de Gaza, infligeant ce qu’elle a décrit comme un coup sérieux au groupe militant islamique, alors que la pression augmente sur Israël pour qu’il réduise son offensive militaire dévastatrice dans l’enclave côtière.

L’armée a dit avoir découvert le centre d’un vaste réseau souterrain utilisé par le Hamas pour transporter des armes, des militants et des fournitures dans toute la bande de Gaza. Israël a affirmé que la destruction des tunnels était un objectif majeur de l’offensive.

Cette annonce survient alors que le plus haut dirigeant du Hamas arrive en Égypte pour des pourparlers visant à négocier un cessez-le-feu temporaire et un nouvel accord permettant au Hamas d’échanger des otages israéliens contre des Palestiniens emprisonnés par Israël.

Les dirigeants israéliens se sont engagés à poursuivre l’offensive lancée il y a deux mois en réponse à une attaque transfrontalière sanglante du Hamas survenue en octobre, qui a tué quelque 1200 personnes et qui en a pris 240 autres en otages.

L’offensive a dévasté une grande partie du nord de Gaza, tué près de 20 000 Palestiniens et chassé quelque 1,9 million de personnes – près de 85 % de la population – de leurs foyers. Les destructions généralisées et le lourd bilan des victimes civiles ont suscité de plus en plus d’appels internationaux en faveur d’un cessez-le-feu.

Les militants du Hamas ont récemment opposé une forte résistance aux troupes terrestres israéliennes, et ses forces semblent rester largement intactes dans le sud de Gaza. Il continue également de tirer quotidiennement des roquettes sur Israël.

Les États-Unis, l’allié le plus proche d’Israël, ont continué de soutenir le droit d’Israël à se défendre tout en exhortant à davantage d’efforts pour protéger les civils de Gaza.

Mais dans un langage américain parmi les plus durs à ce jour, le secrétaire d’État Antony Blinken a appelé Israël à réduire ses opérations, mercredi.

«Il est clair que le conflit va évoluer et doit passer à une phase de moindre intensité», a soutenu M. Blinken. Il a déclaré que les États-Unis souhaitaient voir «des opérations plus ciblées» avec des forces plus réduites concentrées sur des cibles spécifiques, telles que les dirigeants du Hamas et le réseau de tunnels du groupe.

«À mesure que cela se produira, je pense que vous verrez également que les dommages causés aux civils diminueront également de manière significative», a-t-il affirmé.

Ses commentaires étaient plus pointus que les déclarations du secrétaire à la Défense Lloyd Austin, qui, lors d’une visite en Israël cette semaine, a soutenu que les États-Unis ne dicteraient aucun calendrier à leur allié.

Davantage d’opérations au sud de Gaza

L’armée israélienne a escorté des journalistes israéliens sur la Place de la Palestine, au cœur de la ville de Gaza, pour montrer ce qu’elle a décrit comme le centre du réseau de tunnels du Hamas.

Les commandants militaires se sont vantés d’avoir découvert des bureaux, des tunnels et des ascenseurs utilisés par les principaux dirigeants du Hamas. L’armée a diffusé des vidéos de bureaux souterrains et a affirmé avoir trouvé un fauteuil roulant appartenant au mystérieux commandant militaire du Hamas, Mohammed Deif, qui n’a pas été vu en public depuis des années.

Le porte-parole en chef de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré que l’armée avait localisé un vaste complexe souterrain.

«Ils utilisaient toutes ces infrastructures régulièrement, lors des situations d’urgence et également au début de la guerre le 7 octobre», a-t-il soutenu. Il a dit que les tunnels s’étendaient à travers Gaza et jusqu’aux principaux hôpitaux. Ces affirmations n’ont pas pu être vérifiées de manière indépendante.

M. Hagari a également indiqué qu’Israël mettait fin à ses opérations dans le nord de Gaza, y compris dans la ville de Gaza, où il combat les militants du Hamas depuis des semaines. Il a déclaré que l’armée s’était installée dans le dernier bastion du Hamas, le quartier de Tufah, dans la ville de Gaza.

L’armée a également reconnu un faux pas important. Une enquête sur les tirs erronés de ses soldats sur trois Israéliens retenus en otages à Gaza a révélé que, cinq jours avant la fusillade, un chien de recherche militaire équipé d’une caméra corporelle avait capturé un enregistrement audio d’eux criant à l’aide en hébreu.

L’incident a déclenché un tollé en Israël et a fait pression sur le gouvernement pour qu’il conclue un nouvel accord avec le Hamas. Le chef militaire a dit que les tirs étaient contraires à ses règles d’engagement.

La campagne militaire israélienne se concentre désormais largement sur le sud de Gaza, où, dit l’armée, se cachent les dirigeants du Hamas.

Les pourparlers de cessez-le-feu prennent de l’ampleur

Alors que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, promettait de poursuivre la guerre, de nouveaux signes de progrès sont apparus dans les pourparlers de cessez-le-feu.

Le plus haut dirigeant du Hamas, Ismaïl Haniyeh, s’est rendu au Caire pour des discussions sur la guerre, dans le cadre d’une vague de diplomatie. Dans les derniers jours, de hauts responsables israéliens, américains et qatariens ont également tenu des pourparlers de cessez-le-feu.

«Ce sont des discussions et des négociations très sérieuses, et nous espérons qu’elles mèneront à quelque chose», a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche en matière de sécurité nationale, John Kirby, à bord d’Air Force One, alors qu’il voyageait avec le président Joe Biden dans le Wisconsin.

Le président Biden, cependant, a indiqué qu’un accord était encore loin. «Il n’y a aucune attente à ce stade, mais nous mettons de la pression», a-t-il déclaré. Interrogé sur l’augmentation du nombre de morts à Gaza, M. Biden a répondu : «C’est tragique».

Le Hamas affirme qu’aucun autre otage ne sera libéré jusqu’à la fin de la guerre. Il insiste sur la libération d’un grand nombre de prisonniers palestiniens, y compris des militants de haut rang reconnus coupables d’attaques meurtrières.

Jusqu’à présent, Israël a rejeté les demandes du Hamas visant à libérer massivement les prisonniers. Toutefois, il a l’habitude des échanges déséquilibrés pour les Israéliens captifs, et le gouvernement est soumis à une forte pression de l’opinion publique pour ramener les otages sains et saufs à la maison.

L’Égypte, aux côtés du Qatar et des États-Unis, a contribué à la médiation d’un cessez-le-feu d’une semaine en novembre, au cours duquel le Hamas a libéré plus de 100 otages en échange de la libération par Israël de 240 prisonniers palestiniens. Le Hamas et d’autres militants détiennent toujours environ 129 prisonniers, même si une vingtaine d’entre eux seraient morts en captivité.

Les membres de l’ONU continuent de faire pression sur les États-Unis

Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU négocient une résolution parrainée par les pays arabes visant à mettre un terme aux combats afin de permettre une augmentation des livraisons d’aide humanitaire à Gaza, qui font cruellement défaut.

Le vote sur la résolution, initialement prévu lundi, a été repoussé à nouveau mercredi dans l’espoir d’amener les États-Unis à la soutenir ou à permettre son adoption après avoir opposé leur veto à un précédent appel au cessez-le-feu.

La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui comptent parmi les plus proches alliés d’Israël, se sont joints aux appels mondiaux en faveur d’un cessez-le-feu au cours du week-end. En Israël, des manifestants ont appelé à des négociations avec le Hamas afin de faciliter la libération des dizaines d’otages encore détenus par le groupe.