La Chine veut prioriser la technologie en 2024

PÉKIN, Chine — Le plan d’action de la Chine pour son économie en 2024 est truffé d’objectifs et de promesses, mais il se distingue également par le fait qu’il n’énonce pas de mesures spécifiques pour réaliser les réformes promises depuis longtemps et attendues par les entreprises et les investisseurs étrangers.

Le rapport de travail présenté mardi par le premier ministre Li Qiang à l’Assemblée nationale populaire prévoit des augmentations modestes des dépenses globales et une hausse considérable de 7,2 % des fonds alloués à l’armée.

L’objectif du parti communiste au pouvoir est de faire croître l’économie d’environ 5 % cette année ― une ambition qui, selon les économistes, pourrait être difficile à atteindre. M. Li a déclaré que la Chine se concentrerait également sur le soutien à la recherche et aux industries afin de réaliser des percées dans les technologies clés, notamment les puces électroniques. 

Ces objectifs sont conformes à la volonté du dirigeant Xi Jinping de renforcer l’autonomie et la puissance de la Chine dans le domaine des technologies de pointe, alors que Pékin et Washington se disputent sur les questions de technologie et de sécurité nationale.

Le rapport de travail de M. Li est destiné à présenter à la nation les réalisations de l’année écoulée et à communiquer les priorités de la haute direction pour cette année. Mais il donne également un aperçu de l’orientation des politiques qui affectent les entreprises nationales et étrangères. 

Selon James Zimmerman, avocat et ancien directeur de la Chambre de commerce américaine à Pékin, le discours n’a guère répondu aux préoccupations qui ont conduit les entreprises étrangères à reconsidérer leurs stratégies d’investissement en Chine. 

Hormis l’objectif ambitieux de croissance, «il n’y a pas de réforme, pas de libéralisation, pas de plan d’action et pas de message rassurant, a-t-il déclaré. On ne peut que supposer que la stratégie consiste à maintenir le cap et à espérer que les choses se corrigeront d’elles-mêmes.»

La décision d’annuler la conférence de presse annuelle du premier ministre, qui se tient habituellement à la fin du congrès, a renforcé le sentiment de perte de transparence, a-t-il ajouté. 

Tianchen Xu, de l’Economist Intelligence Unit, a estimé que le rapport reprenait pour l’essentiel ce que le gouvernement disait depuis six à neuf mois.

Ce qu’il faut, c’est libéraliser les investissements dans les télécommunications et les soins de santé, par exemple, ou adopter des lois permettant aux entreprises privées de recouvrer les dettes impayées. 

«L’essentiel est que les engagements forts soient suivis d’actions ― nous n’avons pas vu beaucoup de progrès jusqu’à présent», a déclaré M. Xu dans un commentaire envoyé par courrier électronique.

Les marchés chinois ont langui ces derniers mois, et les actions à Hong Kong ont chuté en raison de la vente massive de valeurs technologiques mardi, l’indice de référence Hang Seng ayant chuté de 2,6 %. 

Le géant du commerce électronique Alibaba a dégringolé de 3,3 %, Baidu a fondu de 5,7 % et JD.com, une autre grande société de commerce électronique, a culbuté de 7,5 %. 

«Il n’est guère surprenant que l’objectif de croissance du PIB ait de nouveau été fixé à environ 5 %, car un abaissement de l’objectif aurait encore affaibli la confiance», a analysé Lynn Song, économiste en chef pour la Chine élargie chez ING Economics, dans un rapport.

Elle a noté qu’une partie de l’aide post-pandémique pour l’économie manquera cette année et que les exportations pourraient ne pas être d’une grande aide avec les prévisions d’une demande mondiale inférieure à la moyenne. 

«Cela dit, il sera plus difficile de répéter la croissance de 5 % en 2024, a-t-elle prévenu. Même si le rapport sur le travail du gouvernement contient des signaux positifs, le rétablissement de la confiance prendra probablement du temps et le processus sera sans doute inégal.»

Parmi les autres points saillants du rapport : 

– La Chine encouragera les consommateurs à mettre au rebut leurs vieux appareils et à échanger leurs voitures contre des véhicules électriques et d’autres nouveaux produits afin de stimuler la demande intérieure.

– Le gouvernement augmentera de 10 % les dépenses consacrées à la recherche et au développement. 

– Les dépenses militaires devraient augmenter de 7,2 %, conformément au taux de croissance de l’année précédente, pour atteindre 1,67 trillion de yuans (232 milliards $ US). 

– Le gouvernement émettra 1 000 milliards de yuans (139 milliards $ US) d’obligations spéciales à très long terme cette année et dans les années à venir afin de soutenir les «grandes stratégies nationales» et de renforcer les «capacités de sécurité» dans les secteurs clés.

– Un montant supplémentaire de 10,4 milliards de yuans (1,4 milliard $ US) sera consacré à la mise à niveau des industries et à la modernisation de la fabrication.

Le rapport indique également que la Chine encouragera davantage le capital-risque et les investissements en actions et utilisera des «mesures basées sur le marché» pour promouvoir un développement plus rapide de la fabrication de puces électroniques et des technologies de l’information avancées. 

«Nous nous efforcerons de renforcer l’autonomie et la puissance de la Chine dans le domaine de la science et de la technologie», indique le rapport. 

Le rapport, qui devrait être approuvé par le congrès lors de sa clôture la semaine prochaine, fixe l’objectif de réduire la consommation d’énergie de la Chine de 2,5 % cette année et de tendre vers la «neutralité carbone» en réduisant les émissions qui contribuent au changement climatique. 

«Nous soutiendrons un nouveau cycle d’initiatives stratégiques visant à réaliser des percées dans le domaine de l’exploration minière, à promouvoir le développement d’énergies propres et renouvelables et à faciliter des progrès plus rapides dans la construction d’un nouveau système énergétique», indique le document.