La Corée du Nord accueille des touristes russes

Un groupe de touristes russes est arrivé en Corée du Nord vendredi, probablement le premier de n’importe quel pays à entrer dans l’État isolé depuis la pandémie.

Cette visite souligne l’approfondissement de la coopération entre les deux pays à la suite d’une rencontre, en septembre dernier, entre le dictateur nord-coréen Kim Jong-un et le président russe Vladimir Poutine dans un cosmodrome de l’Extrême-Orient russe.

De nombreux Russes ont désormais du mal à se rendre en Europe et aux États-Unis en raison des sanctions appliquées à la Russie après son invasion de l’Ukraine. En octobre, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, a déclaré qu’il recommanderait la Corée du Nord comme destination de vacances.

Le gouvernement sud-coréen a déclaré qu’il n’avait pas connaissance de médias d’État nord-coréens faisant état de touristes entrant dans le pays depuis la pandémie de COVID-19.

Le groupe visitera la capitale, Pyongyang, puis ira skier, a indiqué Inna Mukhina, directrice générale de l’agence Vostok Intur, qui organise le voyage. L’horaire en ligne de l’aéroport de Vladivostok indique qu’un avion d’Air Koryo a décollé pour Pyongyang à 13 h 39, heure locale, vendredi. 

Le groupe est parti de l’aéroport de Vladivostok, dans l’Extrême-Orient russe. Mme Mukhina a dit qu’il y avait «beaucoup» de personnes qui voulaient participer au voyage, ajoutant que le groupe comprenait des voyageurs de toute la Russie, notamment de Moscou et de Saint-Pétersbourg, ainsi que de l’exclave russe de Kaliningrad, coincée entre la Pologne et la Lituanie. Le groupe comprend également des enfants qui étudient le ski dans une école russe dont l’objectif est de former des champions olympiques. 

Les raisons qui poussent les Russes à se rendre en Corée du Nord varient, explique Mme Mukhina, suggérant que certains sont intéressés par la possibilité de visiter un pays fermé, tandis que d’autres sont plus intéressés par le ski et la planche à neige.

Il ne s’agit pas d’un groupe de touristes traditionnel, mais d’une «délégation test» qui pourrait ouvrir la voie à d’autres touristes russes, a déclaré Mme Mukhina. 

Ce voyage a surpris les observateurs asiatiques, qui s’attendaient à ce que les premiers touristes en Corée du Nord, après la pandémie, viennent de Chine, le plus grand allié diplomatique et le plus grand vecteur économique de la Corée du Nord.

Selon un rapport de Tass publié en janvier, le groupe de touristes visitera des monuments de Pyongyang tels que la «Tour des idées du Juche», nommée d’après la philosophie directrice de la Corée du Nord, le juche, ou l’autosuffisance. Les touristes se rendront ensuite à Masik Pass, sur la côte est, où se trouve la station de ski la plus moderne du pays, selon Tass. 

«À (Masik Pass), vous vous trouverez dans un véritable paradis pour les amateurs de sports d’hiver, peut-on lire sur le site Internet de l’agence Vostok Intur. Ici, vous trouverez des pistes incroyables avec différents niveaux de difficulté qui satisferont les besoins des skieurs expérimentés comme des débutants.»

L’excursion coûte 750 $ US par personne, selon Tass et l’agence de voyage. 

Selon Tass, le voyage a été organisé dans le cadre d’un accord conclu entre Oleg Kozhemyako, gouverneur de la région de Primorye, et les autorités nord-coréennes. 

M. Kozhemyako s’est rendu à Pyongyang en décembre pour des discussions sur le renforcement des liens économiques, dans le cadre d’une série d’échanges bilatéraux depuis le sommet Kim-Poutine. Avant son voyage, il a déclaré aux médias russes qu’il comptait discuter du tourisme, de l’agriculture et de la coopération commerciale.

L’élargissement des liens entre la Corée du Nord et la Russie intervient alors que les deux pays sont engagés dans des confrontations distinctes avec les États-Unis et leurs alliés : la Corée du Nord en raison de l’avancement de son programme nucléaire et la Russie en raison de sa guerre prolongée avec l’Ukraine. 

Le sommet Kim-Poutine a renforcé les soupçons mondiaux selon lesquels la Corée du Nord fournit des armes conventionnelles à la Russie dans le cadre de sa guerre en Ukraine, en échange de technologies d’armement russes de pointe et d’autres formes de soutien.

La Corée du Nord a lentement assoupli les restrictions imposées par la pandémie et ouvert ses frontières internationales dans le cadre de ses efforts pour relancer son économie, qui a été dévastée par le confinement et par les sanctions persistantes imposées par les États-Unis. En août, les services d’espionnage sud-coréens ont déclaré aux législateurs que l’économie de la Corée du Nord s’était contractée chaque année entre 2020 et 2022 et que son produit intérieur brut avait diminué de 12 % l’année dernière par rapport à 2016.

Les voyageurs chinois représentaient environ 90 % des visiteurs étrangers en Corée du Nord avant la pandémie. En 2019, un nombre record d’environ 300 000 touristes étrangers ont visité la Corée du Nord, ce qui a permis à la Corée du Nord de gagner entre 90 et 150 millions $ US, selon les évaluations des analystes.