Le Hamas libère deux otages, les É.-U. conseillent de retarder l’attaque terrestre

RAFAH, Palestine — Le Hamas a libéré lundi deux femmes âgées israéliennes retenues en otage à Gaza, alors que les États-Unis ont exprimé leur inquiétude croissante quant au fait que l’escalade de la guerre entre Israël et le Hamas déclencherait un conflit plus large dans la région, y compris des attaques contre les troupes américaines.

Le nombre de morts à Gaza a augmenté rapidement à mesure qu’Israël intensifiait ses frappes aériennes qui détruisaient des bâtiments, ce qu’il disait être une préparation à une éventuelle attaque terrestre. Les États-Unis ont conseillé à Israël de retarder l’invasion, afin de laisser le temps de négocier la libération d’autres otages pris par le Hamas lors de son incursion brutale, survenue il y a deux semaines.

Un troisième petit convoi humanitaire en provenance de l’Égypte est entré à Gaza, où la population de 2,3 millions d’habitants manque de nourriture, d’eau et de médicaments sous le siège d’Israël. Alors qu’Israël interdit toujours l’entrée de carburant, l’Organisation des Nations unies (ONU) a déclaré que sa distribution d’aide s’arrêterait d’ici quelques jours lorsqu’elle ne pourra plus ravitailler ses camions. Les hôpitaux de Gaza, aux prises avec un flot constant de blessés, ont du mal à faire fonctionner les générateurs qui alimentent les équipements médicaux et les incubateurs pour bébés prématurés.

Les deux otages libérés, Yocheved Lifshitz, 85 ans, et Nurit Cooper, 79 ans, ont été évacuées de Gaza au passage frontalier de Rafah vers l’Égypte, où elles ont été placées dans des ambulances, selon des images diffusées à la télévision égyptienne. Les deux femmes, ainsi que leurs maris, ont été arrachés à leur domicile dans le kibboutz de Nir Oz, près de la frontière avec Gaza, lors des saccages du Hamas dans les communautés du sud d’Israël le 7 octobre. Leurs maris, âgés de 83 et 84 ans, n’ont pas été libérés.

«Même si je ne peux pas exprimer avec des mots le soulagement qu’elle soit désormais en sécurité, je resterai concentrée sur la libération de mon père et de tous ceux – quelque 200 innocents – qui restent otages à Gaza», a déclaré la fille de Mme Lifshitz, Sharone Lifschitz.

Sharone Lifschitz, une artiste et universitaire londonienne qui utilise une orthographe différente pour son nom, a affirmé aux journalistes la semaine dernière que ses parents étaient des militants pacifistes, et que son père se rendait en voiture à la frontière de Gaza pour emmener des Palestiniens à Jérusalem-Est pour y recevoir des soins médicaux.

La gentillesse, a-t-elle dit la semaine dernière, pourrait d’une manière ou d’une autre les sauver.

«J’ai grandi, vous savez, avec toutes ces histoires de la Shoah sur la façon dont la vie de tous mes oncles a été sauvée grâce» à des actes de gentillesse, a-t-elle raconté.

«Est-ce que je veux que ce soit l’histoire ici?, a-t-elle demandé. Oui.»

Le Hamas n’a apparemment rien reçu en échange de la libération des deux otages, qui ont été libérés quelques jours après une Américaine et sa fille adolescente. Le Hamas et d’autres militants à Gaza auraient capturé environ 220 personnes, dont un nombre non confirmé d’étrangers et de personnes ayant une double citoyenneté.

Israël a juré de détruire le Hamas. Les combattants soutenus par l’Iran dans la région mettent en garde contre une possible escalade, y compris le ciblage des forces américaines déployées au Moyen-Orient, si une offensive terrestre est lancée à Gaza.

Les États-Unis ont demandé au groupe militant Hezbollah au Liban, soutenu par l’Iran, et à d’autres groupes de ne pas se joindre au combat. Israël et le Hezbollah ont échangé des tirs presque quotidiennement à travers la frontière israélo-libanaise, et des avions de guerre israéliens ont frappé des cibles en Cisjordanie, en Syrie et au Liban ces derniers jours.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, a déclaré qu’il y avait eu une augmentation des attaques de roquettes et de drones par des milices soutenues par l’Iran contre les troupes américaines en Irak et en Syrie, et que les États-Unis étaient «profondément préoccupés par la possibilité d’une escalade significative» dans les prochains jours.

Il a affirmé que les responsables américains avaient des «conversations actives» avec leurs homologues israéliens sur les conséquences potentielles d’une escalade de l’action militaire.

Les États-Unis ont informé les responsables israéliens que retarder une offensive terrestre donnerait plus de temps à Washington pour travailler avec les médiateurs régionaux sur la libération de davantage d’otages, selon un responsable américain.

Les chars et les forces terrestres israéliennes ont été massés à la frontière de Gaza, et le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a demandé lundi aux troupes de continuer à se préparer à une offensive «parce qu’elle va venir». Il a déclaré qu’il s’agirait d’une offensive aérienne, terrestre et maritime, mais il n’a pas donné de date. 

Une offensive terrestre est susceptible d’augmenter considérablement le nombre de victimes dans ce qui est déjà, de loin, la plus meurtrière des cinq guerres menées entre Israël et le Hamas depuis que le groupe militant a pris le pouvoir à Gaza, en 2007.

Plus de 1400 personnes ont été tuées en Israël – pour la plupart des civils tués lors de l’attaque initiale du Hamas. Au moins 222 personnes ont été capturées et ramenées à Gaza, dont des étrangers, a annoncé l’armée lundi, mettant à jour un chiffre précédent.

Plus de 5000 Palestiniens, dont quelque 2000 mineurs et environ 1100 femmes, ont été tués, a indiqué lundi le ministère de la Santé dirigé par le Hamas. Cela inclut le bilan controversé d’une explosion dans un hôpital la semaine dernière. Le bilan s’est rapidement alourdi ces derniers jours, le ministère faisant état de 436 décès supplémentaires au cours des dernières 24 heures seulement.

Israël a déclaré avoir frappé 320 cibles militantes dans tout Gaza au cours des dernières 24 heures. L’armée affirme qu’elle ne cible pas les civils et que les militants palestiniens ont tiré plus de 7000 roquettes sur Israël depuis le début de la guerre.

À Gaza, le nombre de morts parmi les civils a continué de s’alourdir.

Lundi, le Croissant-Rouge palestinien a déclaré que 20 camions sont entrés à Gaza transportant de la nourriture, de l’eau, des médicaments et du matériel médical via le passage frontalier de Rafah avec l’Égypte, la seule voie d’accès à Gaza non contrôlée par Israël. C’était la troisième livraison en autant de jours, chacune ayant à peu près la même taille.

L’aide reçue jusqu’à présent n’est «qu’une goutte d’eau dans l’océan» par rapport aux besoins de la population, a soutenu Thomas White, directeur à Gaza de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA. L’ONU a déclaré que 20 camions représentaient 4 % des importations quotidiennes moyennes avant la guerre, et qu’il faut des centaines de camions par jour.