Les États-Unis voient moins de traversées illégales à la frontière avec le Mexique

EAGLE PASS, Texas — La famille de Daniel Bermudez avait fui le Venezuela et se dirigeait vers les États-Unis pour demander l’asile lorsque le train de marchandises à bord duquel elle traversait le Mexique a été arrêté par les agents de l’immigration.

Son épouse a tenté d’expliquer que sa famille avait la permission d’aller aux États-Unis. Au lieu de cela, ils l’ont emmenée par avion à la frontière sud du Mexique, dans le cadre d’une vague de mesures coercitives qui, selon les autorités américaines, ont contribué à une forte baisse des passages illégaux des frontières.

En plus de forcer les migrants à descendre des trains, le Mexique a également recommencé à les transporter par avion et par autobus vers le sud du pays et a commencé à en rapatrier certains au Venezuela.

Même si elle est temporaire, la diminution des passages illégaux est une bonne nouvelle pour la Maison-Blanche. L’administration du président Joe Biden est engagée dans des discussions avec les négociateurs du Sénat sur la restriction de l’asile et une aide de 110 milliards $ à l’Ukraine et à Israël est en jeu.

Les propositions discutées par les négociateurs de la Maison-Blanche et du Sénat incluent une nouvelle autorité d’expulsion qui refuserait le droit de demander l’asile si le franchissement illégal de la frontière atteint un certain seuil. Une telle autorité dépendrait presque certainement de la volonté du Mexique de reprendre les non-Mexicains qui entrent illégalement aux États-Unis, ce qu’il fait actuellement à une échelle limitée.

M. Bermudez a déclaré que sa femme a été séparée de sa famille lorsqu’elle a parlé aux autorités pendant qu’il rassemblait son beau-fils et leurs affaires. Il a voulu s’enfuir, mais sa femme lui a dit qu’ils ne devaient pas le faire parce qu’ils avaient suivi la procédure en prenant rendez-vous avec les autorités américaines de l’immigration.

«Je lui ai dit : “Ne leur fais pas confiance. Allons dans les broussailles”», a raconté M. Bermudez, ajoutant que d’autres migrants avaient fui. Il se souvient qu’elle lui avait dit : «Pourquoi nous renvoient-ils si nous avons rendez-vous ?».

La semaine dernière, M. Bermudez, son beau-fils et deux autres membres de sa famille l’attendaient dans un refuge de la ville frontalière mexicaine de Piedras Negras, alors qu’elle prenait l’autobus pour retourner dans l’espoir d’être toujours au rendez-vous.

Plusieurs vols vers le sud

L’agence mexicaine de l’immigration a envoyé au moins 22 vols depuis sa région frontalière avec les États-Unis vers des villes du sud au cours des 10 derniers jours de décembre, selon Witness at the Border, un groupe de défense  des droits des immigrants qui suit les données de vol. La plupart venaient de Piedras Negras, qui se trouve de l’autre côté de la frontière avec Eagle Pass, au Texas.

Le Mexique a également organisé deux vols d’expulsion vers le Venezuela avec 329 migrants. Cette étape a été ponctuée par la visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken à Mexico le 28 décembre pour faire face au nombre sans précédent de passages vers les États-Unis.

Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador a déclaré que le déficit financier qui avait conduit l’agence de l’immigration à suspendre les expulsions et d’autres opérations avait été résolu. Il n’a pas fourni de détails.

Les arrestations pour passages illégaux vers les États-Unis depuis le Mexique sont tombées à environ 2500 lundi, contre plus de 10 000 pendant plusieurs jours en décembre, selon les autorités américaines. Dans la zone la plus fréquentée de la patrouille frontalière, les arrestations se chiffraient à 13 800 au cours de la période de sept jours se terminant vendredi, en baisse de 29 % par rapport aux 19 400 deux semaines plus tôt, selon le chef de secteur de Tucson, en Arizona, John Modlin.

Cette baisse a conduit les douanes et la protection des frontières des États-Unis à rouvrir jeudi le port d’entrée de Lukeville, en Arizona, après une fermeture d’un mois sur la route la plus directe reliant Phoenix aux plages les plus proches. Les États-Unis ont également rétabli les opérations à Eagle Pass et à trois autres endroits.

Le mois dernier, le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP) a rétabli les passages de marchandises à Eagle Pass et à El Paso, au Texas, après une fermeture de cinq jours qui, selon les autorités américaines, était une réponse au fait que près de 1000 migrants étaient montés à bord d’un seul train à travers le Mexique avant de tenter de franchir la frontière à pied.

Jeudi, à Piedras Negras, la Casa del Migrante hébergeait environ 200 migrants, contre 1500 récemment.