Affichage en français: «Chez nous, qu’ils s’adaptent», lance Rodriguez aux Américains

OTTAWA — Face à la grogne exprimée par Washington à l’égard du projet de règlement sur la langue d’affichage commercial au Québec, le lieutenant de Justin Trudeau pour le Québec, Pablo Rodriguez, répond que les Américains n’ont qu’à «s’adapter».

«Les Américains, lorsqu’ils vont au Mexique, ils vont afficher en espagnol. Lorsqu’ils vont en Argentine, ils vont afficher en espagnol. Lorsqu’ils vont à travers le monde, ils s’adaptent. Ils sont capables de s’adapter. Chez nous, qu’ils s’adaptent en français», a-t-il déclaré mercredi à son arrivée à la réunion du caucus libéral.

Selon lui, «quiconque veut venir chez nous» pour y faire du commerce doit «comprendre que ça se fait en français».

M. Rodriguez réagissait à une lettre que le chef du Bloc québécois a transmise au Secrétaire d’État des États-Unis, Antony Blinken, dans le but d’«apaiser» les craintes de l’administration américaine, et dans laquelle il annonçait une visite à Washington en mars.

Dans la missive partagée avec les médias mercredi, Yves-François Blanchet note que les entreprises américaines adoptent la «langue de travail ou du quotidien» employée dans les différents «marchés» du monde où elles brassent des affaires.

«Nous croyons qu’il doit en être de même au Québec», résume-t-il.

En mêlée de presse, M. Rodriguez a insisté «tout d’abord» pour dire que le chef bloquiste «n’est pas l’ambassadeur du Québec à Washington ni du Canada».

«Et deux, je lui rappellerais que non seulement il y a plus de députés libéraux que bloquistes, il y a eu plus de votes pour les députés libéraux que bloquistes et qu’on peut très bien, nous, les Québécois au sein du Parti libéral du Canada, parler au nom du Québec, défendre les intérêts du Québec», a-t-il poursuivi.

Quelques instants plus tard, son collègue ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a insisté sur le fait que le Canada «est un pays souverain» et qu’il adopte des lois qui sont en fonction de ses intérêts.

«Si c’est la volonté de la société d’aller de l’avant dans cette direction-là, ça s’explique. Je pense que les gens respectent ça. Les gens comprennent qu’on a besoin de défendre le fait français au Québec et au Canada», a-t-il déclaré.

Dans le foyer de la Chambre des communes, en après-midi, M. Blanchet s’est dit «bien content» de la position des libéraux sur l’affichage. Mais, piqué au vif, il a mentionné que le ministre Rodriguez «il aurait pu arrêter là».

«La dernière chose que je voudrais, c’est d’être un ambassadeur du Canada. Je ne suis pas l’ambassadeur du Québec non plus, a-t-il envoyé. Quant à ce qui est de parler pour les francophones, (…) je l’invite à aller jeter un coup d’œil sur les intentions de vote chez les francophones du Québec.»

L’administration Biden a révélé avoir exprimé, la semaine dernière, ses préoccupations sur les «potentielles conséquences pour les entreprises américaines, incluant les petites et moyennes entreprises» des dispositions de la loi 96 sur l’affichage commercial dans le cadre d’une rencontre entre hauts fonctionnaires des deux pays. 

Le Bureau du représentant américain au commerce n’a pas précisé quelles étaient ses préoccupations et n’a pas répondu aux questions de La Presse Canadienne envoyées il y a une semaine.

Les commerces ayant pignon sur rue au Québec ont jusqu’au 1er juin 2025 pour s’assurer que le français occupe un espace «deux fois plus grand» sur leur vitrine, selon un projet de règlement publié dans la Gazette officielle du gouvernement du Québec, le 10 janvier.