Attal réaffirme l’appui de la France à l’accord entre le Canada et l’Union européenne

OTTAWA — En visite à Ottawa, le premier ministre français Gabriel Attal a réaffirmé à son homologue canadien Justin Trudeau son soutien à l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne, qui a récemment été rejeté par le Sénat français. 

«C’est un accord gagnant-gagnant» pour la France et le Canada et «les chiffres ne mentent pas», a insisté jeudi M. Attal en conférence de presse.

Il a mentionné que depuis l’adoption de l’AECG, en 2017, les échanges entre les deux pays ont non seulement «progressé de plus d’un tiers», mais cette progression s’est produite «de façon équilibrée».

L’accord est partiellement en vigueur depuis plusieurs années, ce qui a poussé M. Attal à insister qu’«il s’applique».

Mais les sénateurs français, qui devaient le ratifier, ont décidé fin mars de le rejeter massivement, devant la grogne de nombreux agriculteurs.

L’AECG n’est pas pour autant mis aux oubliettes: il est renvoyé à l’Assemblée nationale française, qui peut passer outre le rejet du Sénat et donner son approbation finale à la mesure. Mais si les députés le rejettent, cela pourrait mettre à risque l’accord.

Jeudi matin, M. Attal a souligné qu’il se donnerait encore «un peu de temps» pour proposer un nouveau texte de loi, mais il a manifestement donné son soutien à l’accord commercial tel qu’il est, tout comme son vis-à-vis canadien. 

Il a plaidé que les deux économies, la France et le Canada, perdraient bien plus à ne pas avoir cet accord.

Et les agriculteurs français en tirent eux aussi des bénéfices, a-t-il affirmé, notant que l’excédent commercial agricole et agroalimentaire «a été multiplié par trois», particulièrement dans le cas des secteurs des vins et spiritueux, du fromage, des produits laitiers et du bovin.

«J’ai confiance qu’en se donnant un peu de temps pour montrer à chacune et à chacun les bénéfices de cet accord, a-t-il soutenu. J’ai confiance pour l’avenir.»

Le protectionnisme

Justin Trudeau a lui aussi défendu l’accord que son gouvernement a lui-même ratifié, en expliquant les réticences de l’autre côté de l’Atlantique par «des préoccupations un peu plus protectionnistes».

Pourtant, a-t-il mentionné, l’AECG a engendré jusqu’à présent «énormément» de croissance et de création d’emplois, des bénéfices qui profitent tant aux entreprises et aux travailleurs français qu’à ceux du Canada.

«Nous, on va continuer de travailler, de démontrer l’impact positif sur les citoyens du commerce responsable entre des amis et des alliés qui partagent des mêmes valeurs», a-t-il indiqué.

M. Trudeau a terminé par une question: «Si un pays ne peut pas ou ne veut pas avoir du libre-échange avec un pays progressiste, ouvert et responsable comme le Canada, avec quel pays voudriez-vous faire un accord de libre-échange alors?»