Aucun Canadien qui était inscrit sur la liste vendredi n’a quitté Gaza, selon Ottawa

Affaires mondiales Canada affirme qu’aucun des Canadiens qui figuraient vendredi sur la liste des ressortissants étrangers autorisés à quitter la bande de Gaza n’a pu sortir.

Il y avait 266 citoyens canadiens, résidents permanents et membres de leur famille sur la liste de vendredi qui espéraient passer en Égypte au poste-frontière de Rafah.

Mais Affaires mondiales a indiqué plus tard vendredi, dans un communiqué, que le poste frontalier de Rafah avait été fermé et qu’aucun ressortissant étranger ne l’avait franchi.  

Les Canadiens qui se trouvaient à la frontière pour traverser ont été contactés, a précisé le ministère, qui espérait que la frontière rouvrirait «bientôt pour leur permettre de traverser».

Les autorités du poste-frontière de Rafah devaient commencer à accueillir le dernier groupe de personnes cherchant à fuir le conflit entre Israël et le Hamas vendredi matin.

Amro Abumiddain, un citoyen canadien qui a déjà quitté Gaza cette semaine, a déclaré que ses proches ont attendu toute la journée dans l’espoir de se rendre en lieu sûr.

«On leur a dit (jeudi) qu’ils devraient se diriger vers la frontière aujourd’hui, parce que leur nom figurait sur la liste et ils y sont allés dans la matinée, a indiqué M. Abumiddain à La Presse Canadienne vendredi depuis le Caire. Ils ont passé toute la journée à attendre et puis à la fin de la journée, ils leur ont dit de rentrer chez eux parce qu’ils ne laisseront entrer personne.»

Au total, 107 personnes ayant des liens avec le Canada ont traversé le poste-frontière mardi et jeudi, bien que le passage a été fermé mercredi en raison de ce qu’un porte-parole du Département d’État américain a décrit comme une «circonstance de sécurité».

Certains de ces Canadiens ont depuis atteint le Canada, tandis que d’autres restent au Caire. L’Égypte autorise les étrangers à rester 72 heures dans le pays.

Affaires mondiales affirme être au fait de 550 Canadiens, résidents permanents et membres de leurs familles qui tentent actuellement de quitter Gaza, y compris ceux qui étaient censés traverser vendredi.

Pendant ce temps, le ministère fait allusion à la possibilité que des Canadiens figurent parmi les personnes enlevées par le Hamas lors de l’attaque meurtrière du 7 octobre en Israël.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré jeudi que le plus haut responsable canadien chargé des affaires consulaires était au Moyen-Orient pour tenter d’aider à obtenir la libération des otages détenus par le Hamas.

Ce rôle consiste en «s’entretenir avec des représentants du gouvernement et d’autres intervenants pour obtenir la libération des otages canadiens à l’étranger, y compris au Moyen-Orient», a indiqué le ministère.

Mme Joly a longtemps refusé de dire si des Canadiens faisaient partie des otages, afin d’éviter de compliquer l’ensemble des efforts de sauvetage. Ottawa fait uniquement référence à «deux Canadiens portés disparus» dans la région, invoquant des considérations de confidentialité.

Les ressortissants étrangers présents sur le territoire tentent de fuir une situation humanitaire qui se détériore et les frappes aériennes israéliennes constantes. Ce bombardement est en représailles aux attaques du 7 octobre perpétrées par des militants du Hamas, qui ont tué 1400 Israéliens et enlevé 239 personnes.

Le pire mois de sa vie 

M. Abumiddain, âgé de 45 ans, a quitté Gaza après une cinquième tentative mercredi avec sa femme et ses trois enfants, au sein d’un groupe américain puisque leurs enfants sont citoyens américains.

Il a décrit le dernier mois comme étant le pire de sa vie, le qualifiant de «cauchemar». M. Abumiddain vivait près du centre du territoire, tandis que sa femme et ses enfants se trouvaient à Rafah, près de la frontière égyptienne.

Il ne les a retrouvés qu’en quittant le pays et il lui a fallu 13 heures pour traverser la frontière.

La ferme familiale se trouve à environ 900 mètres de la frontière israélienne et il aidait son père lorsque la guerre a commencé. Il a décrit les bombardements dans la région comme étant intenses.

«Je disais justement à ma femme que j’étais surpris d’être ici, parce que chaque jour là-bas, on a l’impression que c’est le dernier jour, a déclaré M. Abumiddain. Je n’aurais jamais pensé voir des choses pareilles dans ma vie.»

La famille espère se réunir en Égypte dans les prochains jours. M. Abumiddain a le souhait de retourner avec sa famille à Mississauga, en Ontario, où il vivait auparavant.

Alors que sa mère était partie en Ontario pour rendre visite à sa sœur trois semaines avant le début de la guerre entre Israël et le Hamas, son père est resté à Gaza.

Trudeau préoccupé par la montée des tensions

Les images de frappes aériennes à Gaza ont déjà alimenté un certain nombre de manifestations tendues au Canada, et le premier ministre Justin Trudeau a déclaré vendredi qu’il était préoccupé par le fait que les juifs et les musulmans soient pris pour cible.

Il n’a cité aucun exemple précis, mais la police de Montréal a déclaré que deux écoles juives avaient été touchées par des coups de feu, tandis qu’une échauffourée entre partisans pro-israéliens et pro-palestiniens mercredi à l’Université Concordia a fait trois blessés.

«Nous devons tous être extrêmement préoccupés par la montée des tensions, la montée des menaces de violence, la montée de réels actes de violence et la montée de la haine», a-t-il dit.

Ces dernières années, les musulmans ont manifesté leur soutien au peuple juif après des attaques contre des synagogues, et les Juifs ont fait de même après des violences dans les mosquées, a souligné M. Trudeau.

«Les Canadiens se défendent les uns les autres. Nous entendons la douleur et le chagrin de chacun et nous nous soutenons mutuellement.»