CB: plus de 100 feux de forêt ne sont pas encore éteints en ce mois de janvier

Bien que l’hiver ait débuté il y a près d’un mois, plus de 100 incendies de forêt sont toujours répertoriés en Colombie-Britannique.

Ce phénomène est imputable à la combinaison d’une saison des incendies de forêt chargée, d’une sécheresse extrême et de conditions généralement plus chaudes et plus sèches ayant prévalu jusqu’en décembre.

Forrest Tower, du BC Wildfire Service, l’organisme de lutte aux feux de forêt de la province, ajoute que même s’il n’est pas rare que certains incendies brûlent pendant l’hiver, ce nombre oscille généralement autour de quelques dizaines, et non des 106 répertoriés comme actifs au Jour de l’An. « Au cours des 10 dernières années, il y en a eu quelques-unes où il n’y avait pas de feu en hiver, mais c’étaient des années où nous n’avons pas vraiment eu de saison d’incendies », a-t-il signalé. « La plupart du temps, nous en aurons 15 ou moins; ce serait une moyenne, si nous regardons d’une année à l’autre au premier janvier. »

La saison des incendies de 2023 a brûlé plus de 28 000 kilomètres carrés de forêt en Colombie-Britannique, battant des records et forçant des milliers de personnes à se déplacer. Des centaines de maisons ont été détruites dans les régions de l’Okanagan et de Shuswap.

Forrest Tower a observé que juillet et août sont généralement les mois les plus chargés en Colombie-Britannique en matière de lutte contre les incendies, ce qui donne aux équipes suffisamment de temps à la fin de leurs principales interventions pour s’attaquer aux petits incendies qui ne nécessitent pas une attention immédiate.

Mais le grand nombre d’incendies plus éloignés en 2023 signifiait que les équipes n’étaient pas en mesure de surveiller chaque incendie avant le dernier jour de leurs interventions prolongées en novembre. Environ 80 % des incendies encore considérés comme actifs se produisent dans la région difficile d’accès du nord-est de la Colombie-Britannique, qui connaît une sécheresse extrême.

Les conditions sèches signifient que les incendies brûlent profondément dans le sol. Cela les rend encore plus difficiles à éteindre lorsque les pompiers peuvent les atteindre.

« Ce n’est pas nécessairement qu’ils soient incontrôlables, qu’ils se déplacent et qu’ils grandissent. Il s’agit simplement de la profondeur et de la taille de certains de ces incendies. Il faut beaucoup de travail manuel pour creuser suffisamment profondément ou pour accéder à certains de ces incendies plus éloignés », selon M. Tower. 

Selon lui, certains des incendies répertoriés comme actifs sont de petits feux qui pourraient s’être éteints d’eux-mêmes, mais le BC Wildfire Service n’a pas été en mesure de le confirmer.

Lorsqu’il n’y a pas assez de personnel pour intervenir, le service de lutte contre les incendies de forêt s’appuie sur suffisamment de précipitations avant de pouvoir signifier en toute confiance qu’un incendie est éteint.

La dernière mise à jour des autorités de la Colombie-Britannique sur la sécheresse pour 2023, publiée à la fin du mois de novembre, répertorie huit des 34 bassins de la province aux deux niveaux de risque les plus élevés d’impacts négatifs de la sécheresse. Le nord-est de la Colombie-Britannique, qui comprend les régions de Fort Nelson et de Peace, demeure au plus haut niveau de sécheresse et les effets négatifs à venir y sont presque certains.

Au 1er janvier dernier, le manteau neigeux provincial était extrêmement faible, en moyenne d’environ 56 % de la normale, avec des températures plus chaudes et moins de précipitations entre le 1er octobre et le 31 décembre.

Les incendies actifs en hiver ont rarement de la fumée visible, mais ils vont brûler sous terre, ce qui leur permet de rester protégés et de couver plus longtemps. « Il y a suffisamment d’énergie et de carburant disponible pour pouvoir conserver cette chaleur, potentiellement pendant l’hiver ou juste plus longtemps que la normale.»

Certains incendies souterrains peuvent reprendre au printemps si les conditions sont favorables. Forrest Tower soutient que cela pourrait être le cas pour certaines parties de l’incendie massif de Donnie Creek, dans le nord-est, qui est devenu en juin le plus grand incendie de forêt jamais enregistré en Colombie-Britannique, lorsqu’il a brûlé plus de 5300 kilomètres carrés de forêt. « Si nous continuons à voir un manteau neigeux très faible ou anormalement bas, puis un printemps chaud, je dirais que dans certains de ces incendies plus importants, il est fort possible que nous voyions des poussées se reproduire.»

Lori Daniels, professeure au Département des sciences forestières et de la conservation de l’Université de la Colombie-Britannique, prévient que les autorités doivent se préparer à encore plusieurs années avec 100 incendies ou plus en janvier. Elle rappelle que quatre des sept dernières saisons d’incendies ont approché ou dépassé le million d’hectares brûlés. « Cela ne veut pas dire que nous allons encore franchir la barre du million d’hectares chaque année, mais cela signifie que nous sommes déjà dans une situation où cela va devenir plus courant qu’inhabituel », a-t-elle précisé.

Mme Daniels est déjà inquiète à propos de la saison à venir. «C’était un été chaud et sec. Nous avons connu une sécheresse avant la saison des incendies de 2023, nous sommes toujours dans ce scénario de sécheresse et il y a peu d’indications à l’horizon que cela va changer radicalement », a-t-elle signalé.

Le BC Wildfire Service collecte toujours des données avant de faire des prédictions sur ce à quoi pourrait ressembler la saison des incendies de forêt en 2024. Pour l’instant, il prévient que la diminution du manteau neigeux pourrait rendre les zones endommagées par les incendies plus accessibles cet hiver.