Crise du logement: constructeurs et propriétaires réclament des mesures fortes

MONTRÉAL — Les constructeurs et propriétaires d’immeubles lancent un cri d’alarme à l’approche du prochain budget du gouvernement Legault: il faut absolument un train de mesures musclées pour contrer la pénurie de logements, pour contrebalancer la hausse désordonnée des coûts de logement et pour faire face à la crise climatique.

Une coalition formée des deux grandes associations de constructeurs, l’Association de la construction du Québec (ACQ) et l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) et de l’Institut du développement urbain du Québec ont dévoilé mardi un mémoire contenant plusieurs recommandations visant à s’attaquer de front à ces problèmes.

Aide aux locataires démunis

La coalition réclame au premier chef une bonification et un élargissement des différents programmes d’aide aux locataires en situation de précarité financière, d’assurer la construction des quelque 11 700 logements sociaux promis, mais toujours attendus, et de planifier dès maintenant la construction de logements sociaux pour les 10 prochaines années.

Elle demande également la bonification de diverses mesures fiscales, notamment du côté de la TVQ en lien avec les habitations neuves, les habitations locatives neuves et les logements locatifs sociaux et abordables, ainsi qu’un accroissement et une accélération des programmes de construction rapide de nouveaux logements abordables.

Pour les nouveaux acheteurs, les organisations demandent d’ajuster le crédit d’impôt pour l’achat d’une première habitation à la réalité des prix de 2023 et de leur rembourser la fameuse taxe de bienvenue. 

Soutenir la réno verte

Afin de soutenir en parallèle la lutte aux changements climatiques, la coalition réclame un nouveau crédit d’impôt à la rénovation écoénergétique pour les propriétaires-occupants et une aide financière correspondant à 30 % du coût des travaux pour la rénovation écoénergétique des immeubles (locatifs, bureaux, commerciaux et industriels).

Enfin, les organisations demandent à Québec de faire un état des lieux détaillé sur le déficit de l’offre, ses causes et ses particularités régionales, qu’il organise un Sommet sur l’habitation en 2023 et créée une table de travail Québec-municipalités pour plancher notamment sur les aides financières pour l’habitation, le transport collectif ou encore la requalification foncière et l’aménagement urbain. 

Une situation intenable

En appui à ses demandes, la coalition souligne à grands traits la pire poussée inflationniste en près de 40 ans, la flambée des taux hypothécaires qui empêche de nombreux ménages d’accéder à la propriété, ce qui aggrave le taux d’inoccupation des logements locatifs qui, à une moyenne de 1,7 % au Québec, est le plus faible depuis 2004.

L’APCHQ rappelle qu’elle a publié au printemps dernier une étude démontrant qu’il manque de 100 000 logements de toutes sortes pour retrouver un équilibre entre l’offre et la demande en habitation.