Des Canadiens inquiets pour leurs proches se trouvant dans la bande de Gaza

Des Canadiens ayant des proches à Gaza sont terrifiés à l’idée que leurs proches meurent bientôt, maintenant que l’armée israélienne a demandé à environ un million de Palestiniens d’évacuer les parties nord du territoire bouclé avant une invasion terrestre attendue.

Les Nations unies ont averti qu’une évacuation à cette échelle — près de la moitié de la population de Gaza — pourrait être catastrophique et ont exhorté Israël à faire marche arrière. Le Hamas, qui a lancé une attaque brutale contre Israël il y a près d’une semaine et a tiré des milliers de roquettes depuis, a appelé la population à rester chez elle.

Pour Dalya Shaath, résidente de Montréal, les 24 heures à peine écoulées depuis l’ordre d’évacuation d’Israël ont été profondément pénibles.

«Ma famille est en train de mourir», a-t-elle laissé tomber en pleurant lors d’un entretien téléphonique, vendredi matin.

«Mon cousin m’a envoyé un message sur Facebook disant : « Dalya, mon amour, je ne sais pas si je vais te reparler »», a-t-elle ajouté.

Un autre cousin à Gaza a appelé à 2 h du matin pour dire que certains membres de la famille tentaient d’évacuer, a aussi relaté Mme Shaath.

«Mon cousin a appelé mon père pour nous dire : « Nous quittons la maison et nous ne savons pas où nous allons », a déclaré Mme Shaath. Mon autre cousin a dit qu’il ne partait pas.»

La Montréalaise rapporte que certains de ses proches restaient dans le quartier de Rimal, dans la ville de Gaza, pour rester avec des membres âgés de leur famille qui ne peuvent pas partir. Certains de ces proches ont fait leurs derniers adieux, a-t-elle relaté.

À London, en Ontario, Reem Sultan a déclaré qu’elle avait reçu des messages similaires de la part de certains membres de sa famille dans le nord de Gaza, alors qu’elle n’avait pas pu en joindre d’autres.

«Je retiens mon souffle et je ne sais pas quoi dire. Il n’y a pas de mots pour décrire le sentiment déchirant que je ressens en ce moment», a déclaré la femme de 49 ans lors d’un entretien téléphonique.

«Le dernier message que j’ai reçu était à huit heures du matin, où mon cousin me disait : « Nous avons reçu l’ordre de quitter les écoles. » Mais il ne m’a pas dit ce qu’ils allaient faire», a-t-elle poursuivi.

D’autres proches avec lesquels elle a pu entrer en contact ont clairement fait savoir qu’ils ne se sentaient pas actuellement en mesure d’évacuer, a-t-elle relevé.

«Un cousin a dit qu’ils n’avaient pas l’intention de partir parce qu’un million de personnes déplacées, cela ne peut pas physiquement se produire», a rapporté Mme Sultan, dont une cousine lui a dit que comme Gaza était en ruine, un exode massif vers le sud semblait impossible.

«Israël demande quelque chose qui ne peut pas arriver. Il n’y a pas de carburant. Les gens doivent marcher. Nous parlons donc de très longues distances sur des routes défoncées et du béton, a-t-elle illustré. Il n’y a pas un seul quartier qui soit intact.»

Vendredi, la sécurité était incertaine partout à Gaza, qui est déjà sous les bombardements constants des frappes aériennes israéliennes en représailles. Le territoire a été bouclé et privé de nourriture, d’eau et de fournitures médicales et soumis à une panne d’électricité quasi totale.

Israël a déclaré qu’il devait cibler l’infrastructure militaire du Hamas, dont une grande partie est enfouie profondément sous terre.

«Le camouflage des terroristes est la population civile, a déclaré le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant lors d’une conférence de presse. Par conséquent, nous devons les séparer. Alors, ceux qui veulent sauver leur vie sont priés d’aller vers le sud.»

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré vendredi qu’environ 1800 personnes avaient été tuées sur le territoire, dont plus de la moitié étaient âgées de moins de 18 ans ou étaient des femmes. L’attaque du Hamas samedi dernier a tué plus de 1300 Israéliens, dont la plupart étaient des civils, et environ 1500 militants du Hamas ont été tués au cours des combats, a indiqué le gouvernement israélien.