Des Canadiens qui ont fui Israël sur des vols d’urgence sont de retour au pays

MONTRÉAL — Des Canadiens qui ont fui Israël en raison de la guerre qui sévit dans ce pays du Moyen-Orient depuis près d’une semaine dans la foulée de l’attaque du Hamas ont commencé à rentrer au pays, vendredi soir, alors que l’escalade des tensions pousse des centaines de Canadiens supplémentaires à demander de l’aide pour quitter la région.

Le premier vol d’urgence d’Air Canada qui a fait le lien entre Athènes, en Grèce, et l’aéroport de Toronto s’est posé peu avant 19 h 30 vendredi soir. D’autres Canadiens ont pu monter à bord de vols réguliers, dont un a atterri à Montréal en début de soirée.

Afin de pouvoir monter sur ces vols, les personnes coincées en Israël devaient d’abord trouver un moyen de sortir du pays. Le Canada a donc déployé deux avions CC-150 Polaris des Forces armées canadiennes pour faire la liaison entre l’aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv et Athènes.

«À ce jour, près de 430 passagers ont quitté Israël à bord de vols canadiens à destination d’Athènes. Ces vols comprenaient des centaines de Canadiens ainsi que des Israéliens, des Américains, des Australiens, des Grecs et des Brésiliens. Nous continuerons à faciliter les vols samedi», a indiqué Affaires mondiales Canada dans un communiqué publié vendredi soir.

Air Canada prévoit d’ailleurs un second vol d’urgence samedi. L’avion, qui peut contenir jusqu’à 300 passagers, se posera de nouveau à Toronto.

De son côté, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, est arrivée vendredi à Tel-Aviv pour une visite en Israël et en Jordanie, où elle discutera des impacts de l’attaque du Hamas contre Israël et de la détérioration de la situation humanitaire à Gaza.

Les 150 personnes ayant un lien avec le Canada à l’intérieur de la bande de Gaza, c’est-à-dire des citoyens canadiens, mais aussi leurs parents étrangers et éventuellement des résidents permanents, figurent parmi les préoccupations urgentes de la ministre.

La plus haute responsable des services consulaires du Canada a déclaré que les Canadiens pourraient avoir un court laps de temps samedi après-midi pour traverser la frontière égyptienne.

La situation demeure tout de même volatile.

«Nous savons que cela a été une semaine terrible pour les Canadiens à Gaza, a affirmé vendredi Julie Sunday, sous-ministre adjointe, secteur des services consulaires, de la sécurité et de la gestion des urgences à Affaires mondiales Canada, lors d’un point de presse sur la colline du Parlement, à Ottawa. C’est une situation incroyablement difficile là-bas en ce moment.»

Elle a indiqué qu’environ 2200 citoyens canadiens et résidents permanents en Israël, à Gaza et en Cisjordanie ont demandé une aide consulaire pour quitter la région.

Ces demandes surviennent alors que l’armée israélienne a demandé vendredi à environ un million de Palestiniens d’évacuer le nord de Gaza et de se diriger vers la partie sud de l’enclave côtière bouclée avant une invasion terrestre attendue. Les Nations unies ont prévenu que cela serait impossible et potentiellement catastrophique dans un délai de 24 heures.

Lors d’un discours télévisé, vendredi, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a promis de «détruire» le Hamas, alors que l’armée se prépare à une invasion terrestre attendue de la bande de Gaza.

Mme Sunday a assuré qu’Ottawa évaluait toujours la meilleure façon d’aider les Canadiens coincés dans la région. Elle a noté qu’il n’y a aucune garantie que le passage que l’Égypte a l’intention d’ouvrir à l’extrémité sud de Gaza finira par être disponible.

«Nous n’allons pas dire aux Canadiens de se déplacer tant que nous ne saurons pas que c’est une possibilité», a précisé Mme Sunday.

Portes de sortie

Pendant ce temps, les vols militaires de Tel-Aviv vers Athènes se poursuivent pour les citoyens canadiens, les résidents permanents et leurs familles cherchant à quitter Israël.

Les Canadiens sont toujours en mesure de trouver des vols commerciaux au départ de l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, a indiqué Mme Sunday, ajoutant qu’il y avait eu «un certain nombre de non-présentations à l’aéroport» jeudi.

«Notre hypothèse est que les individus ont trouvé des itinéraires alternatifs et tentent de sortir le plus rapidement possible», a-t-elle mentionné.

La guerre, déclenchée après que le Hamas a mené samedi des attaques-surprises à travers la frontière israélienne depuis Gaza, a déjà coûté la vie à plus de 2800 personnes des deux côtés.

Selon Mme Sunday, environ 6500 Canadiens sont enregistrés en Israël et 485 autres dans les territoires palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. Elle a souligné que les avis aux voyageurs du Canada sont fréquemment mis à jour, en particulier sur la façon dont les personnes qui vivent dans ces régions peuvent limiter au mieux leur exposition au danger.

Mission de soutien

La ministre Joly est dans la région pour discuter des impacts de l’attaque du Hamas sur Israël et de la détérioration de la situation humanitaire à Gaza.

«Je suis en Israël pour étendre le soutien du Canada aux personnes touchées par l’attaque terroriste du Hamas», a écrit Mme Joly vendredi sur la plateforme X, anciennement Twitter.

«Je rencontrerai des Canadiens qui rentrent chez eux ainsi que des responsables pour mieux comprendre la situation sur le terrain et l’impact humanitaire sur les civils israéliens et palestiniens», a-t-elle ajouté.

Mme Joly a également rencontré le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen. Elle en a profité pour exprimer qu’il est «essentiel que toutes les parties protègent les civils et garantissent l’accès à des fins humanitaires aux zones touchées».

Le voyage de Mélanie Joly intervient après que des militants du Hamas, que le Canada considère comme une organisation terroriste, ont organisé un massacre meurtrier en Israël samedi dernier. Cette attaque a entraîné une réplique soutenue de la part d’Israël, dont les bombardements ont tué des centaines de personnes dans la bande de Gaza.

Le gouvernement fédéral a exhorté toutes les parties à respecter le droit humanitaire et affirme qu’Israël a le droit de se défendre, sans préciser s’il croit que le pays viole le droit international en maintenant un blocus pour isoler la bande de Gaza.

Vendredi, le premier ministre Justin Trudeau s’est entretenu avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

«Le premier ministre Trudeau a condamné l’attaque à grande échelle du Hamas contre des civils israéliens et a exprimé ses sincères condoléances pour les vies perdues à Gaza. Il a réitéré le soutien du Canada au droit des Israéliens et des Palestiniens de vivre en paix et en sécurité, et a réaffirmé son appui de longue date à une solution de deux États», peut-on lire dans un compte rendu publié par le bureau du premier ministre.

L’Associated Press rapporte que la guerre a jusqu’à présent tué au moins 3200 personnes dans les deux camps.

— Avec des informations de Dylan Robertson