Des parents du N.-B. s’inquiètent de l’intimidation subie par les enfants transgenres

FREDERICTON — Alors que les élèves du Nouveau-Brunswick entament une nouvelle année scolaire, certaines familles s’inquiètent de la possibilité d’une augmentation de l’intimidation en raison de la politique de la province sur l’identité de genre dans les écoles.

Shawn et Amanda Rouse, parents d’un adolescent transgenre de Quispamsis, au Nouveau-Brunswick, affirment que leur enfant a été victime d’une hausse de l’intimidation depuis le printemps dernier, lorsque le gouvernement a annoncé pour la première fois qu’il réviserait la politique 713, qui dicte les règles en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre dans les écoles de la province. 

Le Nouveau-Brunswick a mis à jour la politique en juillet pour dire que les élèves de moins de 16 ans qui remettent en question leur identité sexuelle doivent obtenir le consentement de leurs parents avant que les enseignants puissent utiliser leurs prénoms ou pronoms préférés.

«Je comprends que chaque famille a des valeurs différentes, mais c’est un très lourd fardeau pour notre enfant que de se sentir insignifiant», a déclaré Amanda Rouse lors d’une récente entrevue.

Mme Rouse, qui a mentionné que son enfant de 14 ans avait été insulté et qu’on lui avait dit de se suicider, s’attend à ce que l’intimidation se poursuive à la rentrée des classes après les vacances d’été.

Le ministre de l’Éducation du Nouveau-Brunswick, Bill Hogan, a maintenu les principaux éléments de la politique malgré un rapport affirmant qu’elle viole les droits des enfants garantis par la Charte.

Des opinions anti-trans en hausse

Shawn Rouse a souligné que les personnes ayant des opinions anti-trans ont été «enhardies» par cette politique, qui a commencé à se répandre dans tout le Canada. 

Le gouvernement de la Saskatchewan a récemment suivi les traces du Nouveau-Brunswick en mettant en œuvre une directive similaire exigeant que les enseignants obtiennent le consentement des parents avant de désigner un élève de moins de 16 ans par son prénom ou son pronom préféré.

À l’approche des élections provinciales, les progressistes-conservateurs du Manitoba se sont engagés à étendre les «droits des parents» dans les activités scolaires, et le ministre de l’Éducation de l’Ontario a annoncés que les parents devraient être «pleinement impliqués» dans la décision d’un élève de changer de pronoms.

Au Nouveau-Brunswick, une manifestation contre «l’idéologie du genre dans les écoles» est prévue pour le 20 septembre. Un prospectus en ligne indique que les manifestants se rassembleront à l’Assemblée législative de Fredericton et marcheront autour des écoles de Moncton et de Saint-Jean.

Gail Costello, enseignante à la retraite et coprésidente de Pride in Education, qui promeut l’inclusion des personnes LGBTQ+ dans les écoles du Nouveau-Brunswick, a soutenu que la politique de la province en matière d’identité de genre avait «attisé beaucoup de haine transphobe et homophobe».

Certains élèves sont nerveux à l’idée de retourner à l’école, et «leurs parents sont nerveux pour eux», a-t-elle déclaré dans une entrevue. «Il y a beaucoup de peur.»

Les enseignants veillent

Mme Costello a entendu des parents s’inquiéter de la protection de leurs enfants contre l’intimidation, mais elle a affirmé que les enseignants veilleront sur leurs élèves, même si cela implique d’ignorer la politique 713.

«Les enseignants se soucient beaucoup de leurs élèves, a énoncé Mme Costello. Je suis convaincue que les enseignants feront tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger les enfants et faire en sorte qu’ils se sentent en sécurité, valorisés et bien accueillis dans la salle de classe.»

Kelly Lamrock, défenseur des enfants et de la jeunesse, a souligné que le fait d’obliger les élèves non binaires et transgenres à utiliser un nom auquel ils ne s’identifient pas constituait une violation des droits garantis par la Charte.

«On ne peut pas mettre les enseignants dans une position où ils blessent intentionnellement les enfants, a dit M. Costello. Les enseignants ne le feront pas.»

Le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance n’a pas répondu immédiatement à une demande pour commenter la situation.

— Par Marlo Glass à Halifax.