Dommages et vandalisme: des cimetières de guerre ne connaissent pas le repos

En ce jour du Souvenir, le cimetière de guerre de Gaza – où sont enterrés près d’une vingtaine de Canadiens – est fermé aux visiteurs alors que la guerre entre Israël et le Hamas entre dans sa sixième semaine.

Il en va de même pour tous les autres cimetières et mémoriaux des territoires palestiniens et d’Israël entretenus par la Commission des sépultures de guerre du Commonwealth, qui s’occupe des monuments du monde entier depuis plus d’un siècle.

«La Commission des sépultures de guerre du Commonwealth est préoccupée par les récents dommages causés au cimetière de guerre de Gaza, où sont commémorées 3217 victimes du Commonwealth lors de la Première et de la Seconde Guerre mondiale», a déclaré un porte-parole de la commission dans un courriel à La Presse canadienne.

«Nous surveillons la situation de près et travaillons pour soutenir tous nos collègues dévoués et leurs familles dans la région. Leur sécurité reste notre principale préoccupation», a-t-on ajouté.

L’étendue des dégâts causés au cimetière situé dans la ville de Gaza n’est pas claire. La commission a déclaré qu’elle n’était «actuellement pas en mesure de commenter davantage» la question.

Mais le cimetière met en lumière les défis liés au maintien des lieux de repos définitif des soldats dans les régions du monde touchées par des flambées de violence et de guerre plus récentes.

Commémoration

La Commission des sépultures de guerre du Commonwealth est responsable de la commémoration de 1,7 million d’hommes et de femmes morts pour le Commonwealth au cours des Première et Seconde Guerres mondiales, dont plus de 110 000 Canadiens. Il s’occupe également des tombes où sont enterrés les soldats ayant participé à d’autres missions.

La commission, qui reçoit un financement annuel du Canada et d’autres pays membres, entretient des tombes de guerre – y compris les tombes de plusieurs centaines d’anciens combattants canadiens enterrés à l’étranger après la Seconde Guerre mondiale – dans environ 23 000 endroits dans 150 pays.

Ces emplacements comprennent des cimetières et des monuments commémoratifs en Irak, en Syrie, au Yémen, en Israël ainsi qu’à Gaza, où l’entretien des tombes et des pierres tombales peut être difficile, voire carrément impossible, au milieu de vagues de violence intense.

La plupart des Canadiens enterrés au cimetière de guerre de Gaza n’étaient pas des victimes des deux guerres mondiales. Ils faisaient partie d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies au Moyen-Orient dans les années 1950 et 1960, selon le Mémorial virtuel de guerre du Canada.

Le site Internet de la Commission des sépultures de guerre du Commonwealth décrit le cimetière de Gaza comme une «oasis de calme», entretenue par des générations d’une même famille, ainsi que par d’autres employés dévoués. Il détaille également les efforts déployés pour réparer les dommages causés au site par de précédentes flambées de violence.

«C’est un devoir sacré et solennel qu’ils ont accepté et qu’ils continuent de remplir», a déclaré Tim Cook, l’historien en chef du Musée canadien de la guerre, à propos de la commission.

«Je suis presque certain que la plupart des Canadiens ne savent pas qu’il y a des militaires canadiens qui sont enterrés partout dans le monde, ayant servi dans de multiples campagnes et dans de multiples armées, marines et forces aériennes.»

Entretien difficile

Certains de ces membres du personnel sont enterrés dans des cimetières de guerre en Irak, où «le climat actuel d’instabilité politique» a rendu «extrêmement difficile» pour la commission des tombes de guerre de faire son travail, indique un message sur son site Internet. Un «grand projet de réhabilitation» est prévu une fois que le climat politique s’y sera amélioré.

La commission indique également sur son site que certaines parties du cimetière de Maala au Yémen, où certains membres de l’Aviation royale canadienne ont été enterrés, auraient été endommagées en raison de la violence continue dans ce pays. Il n’est actuellement pas sécuritaire pour le personnel de la commission d’effectuer les travaux de réparation nécessaires, ajoute le communiqué.

Anciens Combattants Canada a déclaré par courriel qu’il «continue de travailler en étroite collaboration» avec la Commission des sépultures de guerre du Commonwealth et d’autres pays membres «pour garantir que tous les cimetières et monuments commémoratifs du Commonwealth sont entretenus selon les normes les plus élevées».

M. Cook a visité de nombreux cimetières du Commonwealth au fil des ans et il les qualifie de lieux «sacrés».

«Ils sont remplis d’histoire. Ils sont imprégnés de chagrin, a-t-il déclaré. Et ce sont des lieux très puissants.»

Dans le courriel adressé à La Presse canadienne, la Commission des sépultures de guerre du Commonwealth a noté que ses sites subissent des «dommages sérieux et complexes» non seulement dus au conflit, mais également à diverses conditions environnementales — comme une digue érodée dans un cimetière de Sierra Leone.

«La Commission n’est pas préoccupée par l’avenir et la durabilité de son travail dans de telles circonstances», a déclaré le porte-parole.

M. Cook, qui a écrit 17 livres sur l’histoire militaire canadienne, a déclaré que la longévité du travail de la commission réside dans le fait qu’il s’adresse «à tous les morts de l’Empire» — même s’ils n’ont pas de parents ou de descendants vivants pour visiter leurs tombes.

«L’histoire est toujours là pour que nous la découvrions, a-t-il déclaré. Et il peut y avoir des périodes où nous, en tant qu’individus, communautés ou pays, ne nous soucions pas beaucoup de notre histoire, mais l’histoire se souciera toujours de nous.»