Dubé ressuscite les conseils d’administrations dans sa réforme du réseau de la santé

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a déposé de nouveaux amendements à sa réforme du réseau, mardi, afin de ramener les conseils d’administration au sein des établissements. Il dit ainsi vouloir trouver un équilibre pour notamment protéger les fondations et les centaines de millions de dollars qu’elles reçoivent.

En point de presse à Québec, le ministre a expliqué qu’il avait longtemps mijoté ce compromis alors qu’il voulait trouver une voie de passage entre la coordination des établissements et le maintien de leur autonomie.

Santé Québec aura le mandat d’assurer la coordination et le déploiement des meilleures pratiques dans l’ensemble du réseau de la santé. De leur côté, les nouveaux conseils d’administration d’établissement auront le mandat de gérer les activités d’enseignement, de recherche et d’innovation dans leurs installations.

Les dossiers liés à la philanthropie seraient plutôt confiés aux présidents-directeurs généraux avec l’appui d’une fondation liée à l’établissement.

«Spécifiquement, pour ce qui concerne recherche, formation universitaire, innovation, là c’est clair que ces gens-là ont un pouvoir décisionnel, a-t-il précisé. Ils vont quand même faire une reddition de comptes, mais ils ont un pouvoir décisionnel, avec les fondations, de choisir les recherches qu’ils veulent faire.»

Par ailleurs, le ministre a confirmé avoir été approché par plusieurs anciens premiers ministres du Québec au cours des derniers mois. Des discussions qu’il a qualifiées de «constructives».

Ceux-ci, comme beaucoup d’autres personnalités influentes du monde des affaires, auraient voulu mettre en garde le ministre contre le risque de perdre d’importants dons en écartant les conseils d’administration.

Parmi les critiques soulevées, on parle d’un risque de perte d’identité des établissements pouvant affaiblir leur capacité à intéresser les donateurs. Le ministre a dit avoir bien entendu le message et qu’il n’était «pas prêt à prendre ce risque».

Christian Dubé a tout de même voulu défendre son choix de limiter les pouvoirs des conseils d’administration en parlant de la nécessité de mettre fin à la gestion en silos. La création de Santé Québec devrait favoriser une meilleure collaboration entre les établissements et les institutions. À l’inverse, par nature, les conseils d’administration ont le devoir de protéger leur établissement d’abord avant de songer à collaborer avec d’autres entités.

Bien qu’il se réjouisse des modifications suggérées par le ministre, le porte-parole du Parti québécois en matière de santé, Joël Arseneau, trouve malheureux qu’il ait eu besoin de pressions d’anciens premiers ministres.

«Ça va dans le sens de ce qu’on a demandé depuis le début. C’est un peu dommage que le ministre n’ait pas fait confiance aux membres de la commission qui portaient la voix des régions pour s’assurer qu’il y ait une véritable décentralisation et un pouvoir décisionnel local», a commenté l’élu des Îles-de-la-Madeleine.

Le député péquiste trouve «extraordinaire» cette mobilisation des ex-premiers ministres et il estime que cela met en lumière à quel point l’enjeu de la représentation locale était fondamental.

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