Justin Trudeau à Singapour pour promouvoir les entreprises et produits du Canada

SINGAPOUR — Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que les relations difficiles entre le Canada et la Chine se sont stabilisées, annonçant du même coup aux dirigeants d’entreprises de Singapour qu’Ottawa s’est engagé à respecter un échéancier pour les accords commerciaux avec la région.

«Je ne pense pas que l’idée de croiser les bras et de tourner le dos à une quelconque partie du monde soit quelque chose de bon pour l’économie canadienne», a-t-il affirmé jeudi lors d’un événement organisé par Bloomberg.

M. Trudeau poursuit sa visite d’une semaine en Indonésie, à Singapour et en Inde, en mettant l’accent sur le renforcement du commerce dans une région qu’Ottawa considère comme essentielle pour contrecarrer les mesures économiques coercitives de la Chine.

Il a noté que sa visite intervient alors que les pays occidentaux coordonnent leur approche commerciale avec Pékin. Auparavant, a dit le premier ministre, lorsque les pays se concurrençaient les uns contre les autres, la Chine pouvait profiter de cette situation, par exemple en limitant le commerce lors de conflits diplomatiques ou de discussions non désirées sur les droits de la personne.

«(La Chine) nous a simplement affronté un peu les uns les autres, de manière stratégique, ce qui s’est révélé très efficace», a-t-il soutenu.

«Nous ne pouvons pas simplement essayer de nous bousculer pour accéder au marché chinois.»

À cette fin, M. Trudeau a souligné que le Canada et l’Indonésie se sont engagés à signer un accord commercial bilatéral d’ici la fin de 2024, et il a annoncé cette semaine son intention de finaliser un accord distinct d’ici 2025 avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).

Singapour s’intéresse au Canada

La visite de Justin Trudeau dans la cité-État intervient alors que les entreprises de Singapour se tournent vers le Canada pour trouver des moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en renforçant les chaînes d’approvisionnement mondiales.

«Le Canada sait bien qu’il est important de diversifier ses relations et sa chaîne d’approvisionnement», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse vendredi matin, alors qu’il entamait sa dernière journée à Singapour.

«Nous sommes très liés et dépendants des États-Unis, notre plus grand voisin, mais nous nous efforçons également de diversifier nos relations dans le monde entier pour nous assurer que nos chaînes d’approvisionnement sont plus résistantes.

«C’est exactement ce que nous faisons ici en Asie du Sud-Est.»

M. Trudeau a tenu quatre réunions jeudi avec des chefs d’entreprise de la région et devrait rencontrer vendredi le premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong.

Vijay Iyengar, président et directeur général d’une entreprise qui investit dans l’approvisionnement durable en produits agroalimentaires, a rencontré M. Trudeau jeudi.

Au cours de la réunion, il a déclaré qu’Agrocorp International, qui investit déjà massivement en Saskatchewan et en Alberta, cherche des moyens de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre et de «faire ce qui est juste, sachant ce qui est bon pour notre avenir».

«Le Canada est un point chaud pour nous», a affirmé M. Iyengar à propos des investissements futurs.

M. Trudeau a présenté le Canada comme un lieu de stabilité, de croissance et de diversité qui assurera la fiabilité et la croissance de l’emploi à Singapour.

Wayne Farmer, président du Conseil d’affaires Canada-ASEAN, a indiqué que la promotion des entreprises et des produits de chez nous nécessite des rencontres en face à face avec les dirigeants de l’Indo-Pacifique.

«Une grande partie de la promotion des intérêts du Canada ici réside dans le contact qui est nécessaire entre les hauts dirigeants du gouvernement et les hauts dirigeants du secteur privé», a-t-il expliqué jeudi.

En route vers le G20

La visite à Singapour fait suite à une escale à Jakarta, en Indonésie, où le Canada a lancé un partenariat stratégique avec le bloc économique de l’ANASE composé de dix pays.

Le partenariat est considéré comme un geste symbolique qui reflète la présence élargie du Canada dans la région indopacifique.

En fin de semaine, M.Trudeau se rendra en Inde pour le sommet des dirigeants du G20 à New Delhi. Le Canada négocie également un accord de libre-échange avec l’Inde, même si les négociations ont été suspendues au cours des derniers mois pour régler des questions non précisées.

Justin Trudeau a déclaré que lors de sa visite, les dirigeants régionaux lui avaient dit qu’ils ne voulaient pas se retrouver coincés entre les États-Unis et la Chine qui se disputent l’influence.

«L’une des choses que j’ai souvent entendues de la part des gens ici dans les économies de l’ANASE en Asie du Sud-Est, c’est le désir de s’assurer que nous n’aggravons pas les différences entre les différents géants économiques», a-t-il déclaré lors de l’événement Bloomberg.

Pressé de questions, M. Trudeau a refusé de dire s’il pensait que les restrictions américaines sur l’utilisation par la Chine de certaines technologies de semi-conducteurs allaient au-delà des préoccupations de sécurité nationale et entravaient l’essor de Pékin.

«On peut prendre des décisions de diversification sans en faire un conflit géopolitique», a-t-il dit.

M. Trudeau a décrit les relations entre le Canada et la Chine comme étant «probablement stables» et ne se détériorant pas, mais a ajouté qu’un rapprochement est impossible «à ce moment précis», en partie à cause de préoccupations d’ingérence étrangère.

— Avec les informations de Dylan Robertson à Ottawa.