La fin de la décriminalisation des drogues en C.-B. «ne sauvera pas des vies»

VICTORIA — La ministre de la Santé mentale et des Dépendances de la Colombie-Britannique estime qu’on ne sauverait «pas une vie» en interrompant le projet pilote triennal de décriminalisation des drogues dans cette province, alors que le nombre de décès par surdose continue d’augmenter.

Soulignant le premier anniversaire du début du projet pilote provincial, la ministre Jennifer Whiteside indique dans un communiqué que l’objectif de cette initiative est de réduire la stigmatisation des usagers et de rendre les personnes dépendantes plus à l’aise pour demander de l’aide.

Il y a un an, le 31 janvier 2023, Santé Canada a exempté pendant trois ans la Colombie-Britannique de dispositions de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. En vertu de cette exemption, les usagers adultes de drogues illicites peuvent transporter, pour leur usage personnel, jusqu’à 2,5 grammes d’opioïdes, de cocaïne, de méthamphétamine et d’ecstasy.

Cette exemption a été accordée alors que la crise de surdoses a coûté la vie à près de 14 000 personnes en Colombie-Britannique depuis qu’une «urgence de santé publique» a été déclarée en avril 2016.

Les décès dus à des drogues illicites présumées ont atteint un record de 2511 l’année dernière, un bilan que la ministre Whiteside qualifie de «préoccupant».

Elle affirme que les décès liés aux drogues toxiques augmentent partout au pays, notamment en Colombie-Britannique. 

«Mettre fin à cette mesure ne sauvera pas une seule vie», a-t-elle soutenu dans le communiqué. «Alors que la toxicité des drogues illicites continue d’augmenter, de plus en plus de personnes courent un risque sérieux.»

Mais pas d’approvisionnement sécuritaire

Mme Whiteside a précisé qu’il n’y avait «pas de solution unique» à cette urgence de santé publique et que le gouvernement continuerait d’utiliser «tous les outils disponibles pour sauver des vies et relier les gens aux soins» requis.

Lisa Lapointe, coroner en chef à la retraite de la Colombie-Britannique, a quant à elle demandé au gouvernement provincial d’offrir un approvisionnement sécuritaire en drogues, ce que le premier ministre David Eby rejette. Il a parlé la semaine dernière de désaccord «fondamental» avec la docteure Lapointe.

Le projet pilote de décriminalisation a suscité des critiques de la part des politiciens municipaux et de l’opposition, qui affirment que cette mesure a permis la consommation ouverte de drogues dans les lieux publics.

Le parti d’opposition «BC United» affirme que s’il est élu en octobre prochain, il mettra immédiatement fin à la décriminalisation, qualifiée de stratégie «ratée et imprudente».

Le gouvernement néo-démocrate a décidé d’apporter des modifications législatives pour élargir les secteurs où la consommation de drogues est interdite.

Mais un regroupement d’infirmières a contesté la loi devant le tribunal, qui a temporairement suspendu son application, en décembre, invoquant les préjudices causés aux usagers. Le gouvernement fait appel de cette décision.

Les autorités policières en Colombie-Britannique ont également exprimé leur déception face à la décision du tribunal, tout en appuyant la décriminalisation des drogues.