La volonté d’exister du chef conservateur Éric Duhaime

QUÉBEC — Neuf mois après les dernières élections où aucun candidat conservateur n’a réussi à se faire élire, le chef Éric Duhaime ne désespère pas. Il compte se retrousser les manches, faire une offre politique aux Québécois et continuer sa guerre contre le wokisme. 

Le chef conservateur l’admet: le moral de ses troupes n’est pas au plus haut depuis la défaite électorale. «C’est sûr que c’est difficile», dit Éric Duhaime en entrevue avec La Presse Canadienne. 

L’arrivée d’Éric Duhaime à la tête du Parti conservateur du Québec (PCQ) en avril 2021 a fait bondir considérablement les appuis pour la formation politique. Le nombre de votes des conservateurs est passé de 1,5 % en 2018 à 13 % en 2022.

«Comme cette montée ne s’est pas traduite en termes de siège, ç’a été la grande déception. Et oui, depuis l’élection, il y a des gens qui sont déçus et ça, je ne peux pas le nier», explique-t-il. 

Après l’élection, plusieurs médias ont fait état de tensions au sein du parti en raison de ses orientations et de sa stratégie électorale. Et elles sont encore présentes aujourd’hui. 

«Il va toujours y en avoir. Je n’ai jamais vu un parti politique où il n’y a pas de tensions. […] Le fait qu’on soit une jeune organisation fait que ces tensions sont encore plus vives», soutient le chef conservateur. 

«Mon rôle comme chef, c’est de m’assurer d’atténuer ces tensions et de tenter de faire converger tout le monde vers un objectif commun», ajoute-t-il.

Depuis les élections, Éric Duhaime tente de se trouver une autre «Claire Samson» en faisant du maraudage dans les autres partis pour trouver un député qui accepterait de joindre ses rangs. Pour l’instant, ses efforts sont restés vains. «Je ne désespère pas», assure-t-il. 

Après le recul du gouvernement sur le troisième lien, le chef conservateur a lancé une pétition pour demander la démission d’Éric Caire. Malgré cette initiative, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique est toujours en poste. 

«Il faut se cracher dans les mains»

À plus de trois ans des élections, Éric Duhaime ne désespère pas de convaincre les Québécois que son offre politique est valable. 

«Rome ne s‘est pas bâtie en un jour. Il faut se cracher dans les mains et continuer. Ce n’est pas en abandonnant qu’on va réussir à faire avancer davantage nos idées», lance-t-il. 

Le chef conservateur veut d’ailleurs poursuivre sa croisade contre le wokisme, qu’il associe aux drag-queens, à la théorie du genre et à la culture de l’annulation. Il cite en exemple l’annulation d’un événement d’un groupe antiavortement au Centre des congrès de Québec par le gouvernement du Québec il y a quelques semaines. 

«Le seul parti qui s’élève contre ça et qui est prêt à en faire un cheval de bataille important, c’est nous», assure Éric Duhaime. 

Selon lui, il y a une guerre culturelle qui se dessine actuellement au Québec. 

«Quand on veut enfoncer dans la gorge des enfants des théories du genre. Quand on veut annuler des rencontres parce qu’on n’est pas d’accord avec des groupes et les idées dont ils font la promotion – qui sont, en passant, légales – je pense qu’on commence à s’aventurer sur un terrain qui est dangereux», lance-t-il.  

Professionnaliser le parti 

Mais la priorité d’Éric Duhaime est de doter le PCQ d’un programme politique solide d’ici novembre. 

Il admet que l’offre politique conservatrice de la dernière élection avait été faite rapidement et qu’elle comportait des angles morts.  

«Il faut mettre plus de chair dans l’offre politique qu’on va présenter aux Québécois en 2026», affirme-t-il. 

Le chef conservateur pense notamment pouvoir marquer des points sur la question de l’économie, et particulièrement de l’inflation avec son approche libertarienne d’un État moins interventionniste.  

«On a quatre partis qui pensent que la solution c’est plus d’État, et il y en a un qui pense que c’est moins d’État et qu’il faut laisser plus d’argent dans les poches du monde et laisser plus de liberté aux citoyens», explique-t-il. 

M. Duhaime veut aussi professionnaliser son parti. Il souhaite notamment que les associations de circonscription soient mieux structurées avec plus des militants.