Le Canada enverra des chars Leopard 2 en Lettonie pour un groupe de l’OTAN

OTTAWA — Les Forces armées canadiennes vont déployer 15 chars de combat Leopard 2 et environ 130 de leurs membres en Lettonie d’ici l’année prochaine pour rejoindre un groupe tactique de l’OTAN.

La ministre de la Défense nationale, Anita Anand, en a fait l’annonce vendredi depuis Bruxelles, en Belgique, où elle rencontrait ses homologues d’autres pays qui participent aux efforts de soutien envers l’Ukraine contre l’invasion russe.

Les blindés et les véhicules de soutien seront acheminés depuis le Nouveau-Brunswick et l’Alberta.

«Il y aura 15 chars Leopard 2 A4M, deux véhicules blindés de dépannage, puis une variété de véhicules de maintenance, de carburant, d’approvisionnement et de transport», a déclaré Mme Anand, ajoutant que le déploiement consistera en un total de 50 véhicules, y compris les chars.

Le Leopard 2 A4M est l’un des principaux chars de combat du Canada. Ils ont été déployés en Afghanistan par le passé et disposent de capacités de déminage.

On s’attend à ce que l’équipement arrive en Lettonie à l’automne, avec le groupe complet de personnel en place au printemps prochain.

Combien de soldats supplémentaires?

Le Canada dirige déjà un groupement tactique multinational de l’OTAN composé de 10 pays en Lettonie, avec environ 700 soldats canadiens.

«Nous y déployons continuellement des ressources dans le cadre de notre rôle en tant que pays cadre du groupement tactique de présence avancée renforcée sur le flanc oriental de l’OTAN», a déclaré Mme Anand.

L’alliance militaire a des groupements tactiques en Bulgarie, en Estonie, en Hongrie, en Lettonie, en Lituanie, en Pologne, en Roumanie et en Slovaquie en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les membres ont convenu lors du sommet de 2022 à Bruxelles d’un nouveau modèle qui impliquera davantage de troupes à haut niveau de préparation et des unités de la taille d’une brigade apte au combat dans la région.

À ce moment, Mme Anand a annoncé qu’elle avait signé un accord avec la Lettonie pour transformer le groupement tactique de 2000 personnes en une brigade prête à être déployée d’environ 4000 membres. Les détails de ces contributions n’ont pas été finalisés, plus d’un an plus tard.

Le Canada vise à acheter et à déployer des armes antichars, des systèmes antidrones et de défense aérienne, des munitions et des explosifs dans le cadre de son engagement, mais avec les Forces armées aux prises avec une grave pénurie de personnel, on ignore combien de soldats supplémentaires le pays peut envoyer.

Dans le cadre d’un programme distinct annoncé le mois dernier, les troupes canadiennes en Lettonie offrent maintenant une formation de perfectionnement en leadership pour les officiers subalternes aux Forces armées ukrainiennes dans le cadre du soutien continu au pays.

La semaine dernière, le premier ministre Justin Trudeau s’est rendu à Kyiv et a annoncé une aide militaire supplémentaire de 500 millions $, ainsi que des dons de 288 missiles AIM-7 et de 10 000 cartouches.

Cela s’ajoute aux dons provenant de l’inventaire des Forces armées canadiennes de dizaines de missiles de défense aérienne; huit chars et munitions Leopard 2; un véhicule blindé de dépannage; quatre obusiers M777 et 33 000 cartouches de munitions associées; 100 carabines Carl Gustaf M2 et accessoires; 4200 lance-roquettes et 1800 cartouches de munitions d’entraînement de chars.

Le Canada a également fait don de vêtements d’hiver et d’autres équipements de protection individuelle, de 640 000 paniers-repas et de plus de 10 millions $ d’armes légères, notamment des fusils de précision, des mitrailleuses, des pistolets, des roquettes antichars et des carabines.

Un processus d’approvisionnement à revoir au Canada

Beaucoup de pièces d’équipement ont été achetées directement — et rapidement — pour les forces ukrainiennes, en contournant le processus général d’approvisionnement du Canada.

David Perry, président de l’Institut canadien des affaires mondiales, estime que ces efforts sont nécessaires, mais il se demande quand le gouvernement mettra l’accent sur le remplacement de ce qui a été envoyé en Ukraine.

«Si je portais un uniforme de l’Armée canadienne, je remarquerais que nous équipons l’armée ukrainienne, en quelques mois dans certains cas, avec des pièces d’équipement que l’Armée canadienne attend depuis des années ou des décennies», a-t-il déclaré.

M. Perry souligne que le processus d’approvisionnement typique du Canada est complexe, contrairement à ce que le gouvernement a fait pour acheter de l’équipement pour l’Ukraine, en quelque sorte «du lèche-vitrines à la hâte».

Bien qu’elle ait souligné que le déploiement letton ne constitue pas un don, Mme Anand a reconnu vendredi que les efforts du Canada pour soutenir l’Ukraine continuent de mettre à rude épreuve les ressources des Forces armées.

Elle a déclaré que les efforts visant à remplacer les dons et à acheter de nouveaux équipements pour les troupes canadiennes sont guidés par la politique de défense du Canada de 2017, qui est en cours de révision.

«Les menaces ont changé depuis 2017, lorsque nous avons mis en place notre politique de défense», a-t-elle souligné.

«Par exemple, nous constatons une augmentation des menaces liées au changement climatique, une augmentation des menaces du point de vue de la cybersécurité. Et donc, ce que fera notre mise à jour de la politique de défense, c’est exactement cela : mettre à jour nos perspectives sur la défense en ce qui a trait à nos modalités de croissance, en termes de ressources humaines et de capacités», a ajouté la ministre.

Le ministère de la Défense n’a pas encore précisé quand la politique mise à jour sera publiée, mais le ministre ukrainien de la Défense a déclaré le mois dernier à un groupe de dirigeants de l’industrie qu’il s’attendait à ce que cela se produise en juillet.

M. Perry a dit espérer des changements fondamentaux dans le processus d’approvisionnement.

Mme Anand a déclaré que ses homologues de l’OTAN étaient enthousiastes à l’idée que l’Ukraine rejoigne l’alliance militaire au moment opportun.

«Pour ce qui est du Canada, nous appuyons l’adhésion de l’Ukraine lorsque les conditions sont réunies», a-t-elle déclaré.