Le confort des espadrilles est de plus en apprécié… au Parlement

OTTAWA, Ill. — De plus en plus d’élus à la Chambre des communes abandonnent les chaussures de ville ou les talons hauts pour… des espadrilles.

Parmi eux, le ministre des Transports Omar Alghabra.

Il raconte avoir commencé à porter des espadrilles au Parlement durant la pandémie de COVID-19 à cause de leur confort. Et depuis, il continue de les porter. Et il en reçoit de nombreux compliments.

En janvier, lors d’une réunion du caucus libéral, le premier ministre Justin Trudeau avait causé une certaine sensation en portant des espadrilles aux couleurs des Dodgers de Los Angeles. Il avait expliqué que c’était un cadeau de son fils «qui, comme sa mère, est bien plus ‘cool’ que moi».

M. Alghabra a réalisé qu’il rompait avec les normes vestimentaires en portant des espadrilles à la Chambre des communes.

La directrice et conservatrice principale du Musée des chaussures Bata, à Toronto, Elizabeth Semmelhack dit qu’il est de plus en plus usité de voir des gens préférer les espadrilles au travail à la suite de la commercialisation de ce phénomène culturel.

«Porter des souliers de sport est plus une question de rompre avec les traditions que de les perpétuer», souligne-t-elle.

Au cours des derniers siècles, on s’attendait des «cols blancs» qu’ils portent tous le même style d’habillement, rappelle Mme Semmelhack. Et puis, on a créé le concept des «vendredis décontractés» leur permettant d’être plus à l’aise au moins une fois par semaine.

L’émergence du secteur des technologies a démontré qu’on pouvait s’habiller de façon décontractée et d’être l’une des personnes les plus puissantes au monde.

«Les souliers de course permettent aux hommes et aux femmes de participer aux tendances de la mode, avance Mme Semmelhack. Ils ne sont pas hypersexualisés. Ils peuvent même être à la mode.»

Le port d’espadrilles à la Chambre des communes transcende les lignes idéologiques.

La cheffe adjointe du Parti conservateur, Melissa Lantsman, dit qu’elle a également opté pour les espadrilles au travail.

Selon elle, les nouveaux politiciens n’ont aucun préjugé contre les espadrilles.

Elle souligne que la façon de s’habiller des femmes en politique fait plus souvent l’objet d’une surveillance que celle des hommes. Les vêtements peuvent donner de la confiance, particulièrement s’ils sont confortables.

Mme Lantsman dit qu’en plus d’être plus confortables, les espadrilles la rendent plus accessible aux yeux des autres

«Il existe un nouveau genre de politicien. Ils portent des espadrilles dans la vie de tous les jours. Ils font la preuve que se présenter en costume de ville dans un parc n’est pas une bonne idée.»

Pour les politiciennes, porter des espadrilles au lieu des talons hauts peut avoir une signification symbolique, affirme Mme Semmelhack. Elles démontrent qu’elles sont prêtes à l’action.

«C’est l’équivalent d’un homme qui retire son veston et roule ses manches», dit-elle en ajoutant que la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, présente cette image lorsqu’elle porte des souliers de sport.

Certaines élues, à l’instar de la ministre des Finances Chrystia Freeland, portent souvent des espadrilles lorsqu’elles vont d’une réunion à l’autre, mais elles les changent pour des talons hauts en présence des caméras.

Le leader du gouvernement Mark Holland juge que les souliers de sport représentent une forme d’expression.

«Ils me conviennent tout à fait. Au Parlement, nous nous habillons de façon appropriée pour ce que nous accomplissons, mais il n’existe pas beaucoup de façon de s’exprimer soi-même d’un point de vue vestimentaire, surtout pour un homme. Alors [les souliers de course] est un léger moyen pour m’exprimer moi-même.»