Le congrès du Parti conservateur du Canada a lieu de jeudi à samedi à Québec

Pierre Poilievre a réchauffé les membres de son caucus, jeudi matin à Québec, à quelques heures de l’ouverture du congrès du Parti conservateur du Canada (PCC).

Les membres du parti seront réunis dans la Vieille Capitale, jusqu’à samedi, à l’occasion deleur premier congrès en personne depuis 2018.

M. Poilievre a tenu le même discours, notamment de dénonciation de la taxe carbone et de promesse de construction de logements, qu’il véhicule depuis un certain temps. Cependant, puisqu’il se trouve au Québec, il a dirigé une bonne part de ses critiques vers le Bloc québécois et son chef, Yves-François Blanchet, qui détient 32 des 78 sièges du Québec au parlement fédéral.

Ainsi, il a raillé la participation de M. Blanchet à une conférence internationale sur l’indépendance qui se déroule à Barcelone, en Catalogne: «À Québec, les gens s’inquiètent du coût de la vie, du coût de l’essence, de l’épicerie et du logement et que fait M. Blanchet? Il est en Espagne! Il se bat pour la souveraineté de la Catalogne», a-t-il lancé, au grand plaisir des élus conservateurs.

Champion des régions

Il a dénoncé le fait que M. Blanchet voyage en avion, tout comme le premier ministre Justin Trudeau et son ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, qui sont en Asie, tout en cherchant à se positionner comme le champion des citoyens des régions: «J’ai une nouvelle pour le Bloc et une nouvelle pour Justin Trudeau. Les gens dans les régions du Québec ont besoin de leurs camions et de leurs véhicules. Ils n’ont pas besoin de payer un autre 20 sous le litre en taxes et ils n’ont pas besoin de prendre des leçons des politiciens qui sont à travers le monde, brûlant du pétrole.»

Selon les prétentions de M. Poilievre, il n’y a que «le Parti conservateur qui travaille dans les intérêts des Québécois, surtout les Québécois qui sont oubliés dans les régions.» 

Les participants au congrès seront appelés à voter sur des politiques du parti, à suivre des sessions de formation pour les prochaines élections et à écouter des conférenciers.

En avance dans les sondages

Plusieurs récents sondages ont démontré que le message du Parti conservateur sur le coût de la vie et du logement trouve un écho auprès d’un groupe plus large et plus jeune de Canadiens. Mais il reste à savoir si l’accueil que les Canadiens ont accordé au parti au cours des derniers mois est le début d’une relation à long terme, ou simplement un engouement provisoire.

De manière générale, les sondages d’été doivent être considérés avec une certaine prudence, étant donné que de nombreux Canadiens ont l’esprit ailleurs, explique Philippe Fournier de 338Canada.com, qui publie un modèle statistique de projections électorales basé sur les sondages, la démographie et l’historique des élections. «Habituellement, ce sont les électeurs les plus motivés qui répondront à ces sondages d’été», a-t-il signalé à La Presse Canadienne le mois dernier.

Élu à la direction du parti il y a un an avec une majorité écrasante au premier tour, Pierre Poilievre a passé les 12 derniers mois à organiser des collectes de fonds, à rencontrer des milliers de personnes et à travailler à accroître les appuis à l’égard des conservateurs dans les communautés d’immigrants et de nouveaux arrivants des grandes villes.

Nouvelle image

Il arrive au congrès tout juste sorti d’un été passé en tournée, souvent avec sa femme, Anaida Galindo Poilievre, tout en testant une nouvelle apparence plus décontractée, sans lunettes. L’espoir est d’amener davantage de Canadiens, y compris des femmes âgées de plus de 50 ans, à accepter l’idée qu’il pourrait devenir le prochain premier ministre du Canada.

«Nous avons maintenant le vent en poupe», a dit Geoffrey Turner, président politique de l’association de circonscription d’Etobicoke-Lakeshore, dans la région de Toronto. «On a le sentiment que nos efforts acharnés sont sur le point de porter leurs fruits.»

Le dernier congrès en personne du Parti conservateur a eu lieu à Halifax il y a cinq ans, lorsque l’actuel leader conservateur à la Chambre, Andrew Scheer, en était le chef. Maxime Bernier, ayant perdu la course à la direction du parti, a annoncé juste avant l’événement qu’il quittait les conservateurs fédéraux.

Pierre Poilievre s’adressera aux délégués et à d’autres personnes présentes au congrès dans un discours vendredi destiné à inciter la base à se battre lors des prochaines élections et à se montrer comme un premier ministre en devenir.

Place aux membres

Bien que le discours du chef soit souvent un moment fort, pour les conservateurs, l’événement est conçu pour placer les membres au premier plan, en leur offrant l’occasion de débattre des changements apportés au manuel politique, y compris à sa constitution, pour porter le parti aux prochaines élections.

Au cours des prochains jours, les associations de circonscription et les délégués feront valoir leurs différentes priorités. 

Alors que des questions telles que la criminalité et le logement abordable correspondent aux priorités de M. Poilievre en tant que chef, d’autres pourraient entraîner le parti dans des débats plus controversés. Cela inclut la suggestion qu’un futur gouvernement conservateur interdise les interventions médicales ou chirurgicales qui altèrent la vie liées au sexe de toute personne de moins de 18 ans, protège les droits de ceux qui refusent la vaccination et coupe le financement des diffuseurs publics CBC et Radio-Canada.

Virage vert chez les bleus?

Mercredi, avant même le début du congrès, Poilievre a déclaré aux journalistes à Québec qu’en tant que chef, il n’était pas tenu d’accepter les idées de son parti. Mais un amendement que certains proposent ce week-end à sa constitution vise à imposer comme règle que les dirigeants des partis ne s’écartent pas substantiellement des déclarations politiques en période d’élections. Certains membres du parti souhaitent mieux garnir le manuel politique sur l’environnement. Parmi eux, il y en a qui veulent faire avancer une proposition selon laquelle le parti s’engagerait à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Un ancien candidat conservateur dans la circonscription de Toronto-Scarborough-Agincourt, Mark Johnson, ajoute d’ailleurs que le parti a encore besoin d’un plan convaincant sur le changement climatique s’il espère convaincre les électeurs influents des grandes villes.

-Avec la collaboration de Stephanie Taylor