Le premier ministre Ford annonce que le plan sur la ceinture de verdure sera réévalué

TORONTO — Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a annoncé mardi que le gouvernement provincial réexaminera le plan de développement de la ceinture de verdure, une aire protégée, que deux organismes de surveillance provinciaux ont qualifié de précipité et imparfait.

L’évaluation de 14 sites que le gouvernement a retirés de la ceinture de verdure à des fins de développement de logements fera partie d’un examen plus vaste de toutes les parcelles de terre protégées de la ceinture de verdure, a expliqué M. Ford.

Le nouveau ministre ontarien des Affaires municipales et du Logement, Paul Calandra — qui a pris la relève après la démission, lundi, de Steve Clark —, mènera cet examen, a souligné M. Ford.

«Ces sites, ces propositions, devront survivre grâce à leurs propres mérites», a tranché le premier ministre.

Pendant ce temps, le facilitateur provincial des terres et du développement continuera de travailler avec les propriétaires des 14 parcelles de terrain et les promoteurs pour «aller de l’avant» avec la construction de logements, a déclaré M. Ford.

«Juste un message aux 14 propriétaires: si je ne vois pas de mouvement, vous retournez dans la ceinture de verdure», a-t-il prévenu.

M. Ford a précédemment fait savoir qu’il s’attend à ce que la construction des 50 000 logements prévus sur ces terrains commence au plus tard en 2025 et que des «progrès significatifs» dans les approbations soient réalisés d’ici la fin de cette année.

Le premier ministre n’a pas immédiatement donné d’informations sur la durée prévue de l’examen récemment annoncé, mais le dernier a duré deux ans.

«Perte colossale»

La cheffe du NPD de l’Ontario, Marit Stiles, a rapidement estimé qu’annoncer un autre examen n’était pas une bonne décision. Elle a plutôt demandé que les 14 parcelles de terrain soient immédiatement restituées à la ceinture de verdure.

«Cela va être une perte colossale de notre temps et de notre argent, alors que nous savons déjà très bien ce qui s’est passé», a-t-elle déploré.

«En fait, ce qui m’inquiète, ce que j’ai entendu le premier ministre dire, c’est qu’il va examiner les plans d’autres promoteurs et rouvrir d’autres opportunités dans la ceinture de verdure, ce qui va encore plus dans la mauvaise direction.»

Lorsqu’on lui a demandé mardi si le gouvernement ouvrirait d’autres terrains au développement dans le cadre de cet examen, M. Ford a répondu : «Nous allons voir ce que dit l’examen… ce sera au ministre de prendre cette décision.»

Le chef du Parti vert, Mike Schreiner, a aussi avoué qu’il craignait que l’examen conduise à davantage de développement dans la ceinture de verdure.

«Je crois que le premier ministre a annoncé aujourd’hui que la campagne est ouverte pour la ceinture de verdure», a-t-il déploré.

«Il ne comprend clairement pas à quel point il est important de protéger les terres agricoles qui nous nourrissent. Surtout à une époque où les gens ont du mal à payer leurs factures d’épicerie, nous devons protéger nos chaînes d’approvisionnement alimentaire locales.»

Processus critiqué

L’an dernier, l’Ontario a retiré 7400 acres de terres réparties en 15 sections de la ceinture de verdure pour y construire 50 000 unités d’habitation et les a remplacées par environ 9400 acres ailleurs – la vérificatrice générale de la province a cependant constaté que 2400 acres de terres ajoutées à la ceinture de verdure étaient déjà protégées par d’autres mesures.

M. Ford a annoncé la semaine dernière qu’il envisageait de restituer l’une de ces 15 parcelles de terrain à la ceinture de verdure.

L’annonce de mardi donne suite à la publication, le mois dernier, de deux rapports cinglants de la vérificatrice générale et du commissaire à l’intégrité de la province.

Tous deux ont constaté que le chef de cabinet du ministre Clark avait favorisé certains promoteurs lors de la sélection des terrains qui seraient retirés de la ceinture de verdure.

Le commissaire à l’intégrité, J. David Wake, a reproché à M. Clark de ne pas avoir correctement supervisé son chef de cabinet, Ryan Amato.

Même si le ministère qui était jusqu’à tout récemment dirigé par M. Clark a reçu environ 630 demandes de retrait de sites de la ceinture de verdure depuis 2005, une équipe de fonctionnaires formée par M. Amato s’est limitée à examiner 22 sites, a constaté la vérificatrice générale. Tous ces sites, sauf un, ont été identifiés et fournis directement par M. Amato lui-même.

Sur les 15 terrains qui ont finalement été retirés de la ceinture de verdure, 14 ont été intégrés au processus par M. Amato.

Les propriétaires des 15 sites pourraient voir la valeur de leurs terrains augmenter de 8,3 milliards $ dans les prochaines années, a indiqué la vérificatrice générale, Bonnie Lysyk.