Le Québec et l’Ontario pourraient être le théâtre d’un plus grand nombre de tornades

MONTRÉAL — Les changements climatiques rendront probablement l’Ontario et le Québec plus susceptibles d’être le théâtre de tornades, mais on ne sait toujours pas si le centre du Canada sera réellement touché par davantage d’entre elles, selon les experts.

De violents orages – et au moins deux tornades – ont endommagé des maisons, renversé des lignes électriques et submergé des égouts dans l’est de l’Ontario et au Québec la semaine dernière. 

Steven Flisfeder, météorologue chargé de la préparation aux avertissements d’Environnement Canada, affirme qu’à mesure que l’Ontario et le Québec se réchauffent et deviennent plus humides en raison des changements climatiques, le potentiel de tempêtes extrêmes pourrait augmenter.

«Ces deux éléments combinés sont le carburant de ces orages violents et de ces tornades potentielles», a-t-il déclaré dans une récente entrevue.

On ne sait pas encore si l’Ontario et le Québec verront plus de tornades. M. Flisfeder a expliqué qu’un manque de données historiques et la propagation de vidéos sur les réseaux sociaux font en sorte qu’il est difficile de déterminer si les orages violents et les tornades deviennent réellement plus fréquents ou s’ils sont simplement plus visibles.

David Sills, directeur exécutif du Northern Tornadoes Project (NTP), a également déclaré qu’une augmentation des signalements de citoyens a entraîné une augmentation du nombre d’incidents enregistrés de tornades. Les chercheurs du projet utilisent des images satellites d’archives pour combler certaines de ces lacunes dans les données historiques et exploitent les médias sociaux pour documenter les tempêtes dans les régions moins peuplées du pays.

Une migration vers l’est

M. Sills a déclaré que le nombre de tornades connues au Canada a presque doublé depuis le lancement du NTP. On en a documenté 70 en 2017 et 117 en 2022 grâce aux efforts d’enregistrement de son équipe.

Les chercheurs du NTP ont également dénombré plus de tornades en Ontario et au Québec ces dernières années qu’ils ne l’avaient prévu. En 2021, ils ont enregistré un total de 45 tornades dans les deux provinces durant la période de plus forte activité, de la mi-juin à la mi-août, comparativement à deux dans les Prairies.

«Nous avons été surpris par le nombre de tornades qui se produisent dans l’est de l’Ontario et le sud du Québec, a confié M. Sills. Nous nous attendions à ce que l’activité maximale des tornades se situe dans la partie centrale du pays.»

Selon le NTP, cette région connaît en moyenne la plus grande activité de tornades au Canada. Or, depuis quelques années, cette activité a diminué dans les Prairies.

Certaines études récentes suggèrent que l’activité des tornades pourrait augmenter dans l’est à mesure que les changements climatiques progressent, mais il est encore trop tôt pour déterminer si cette prévision se manifestera au Canada, a déclaré M. Sills.

«Regarder les tendances à long terme est certainement quelque chose que nous visons à faire dans le cadre de ce projet, a-t-il poursuivi, mais nous devons d’abord vraiment obtenir des ensembles de données de bonne qualité et c’est là que nous investissons la plupart de nos efforts maintenant.»

Une tendance similaire se déroule aux États-Unis, où Jana Houser, professeure à l’Université d’État de l’Ohio qui étudie les tornades, affirme qu’il existe déjà des preuves que le domaine de l’activité des tornades s’est déplacé vers l’est.

Les zones générales propices à la production de tornades – généralement dans les plaines centrales – «ont tendance à se déplacer un peu vers le sud et l’est des États-Unis», a-t-elle déclaré. 

Les périodes prolongées de sécheresse au milieu des États-Unis, a-t-elle ajouté, sont l’une des explications de la récente diminution du nombre de tornades dans la région.

Mme Houser s’attend à ce que la géographie de l’activité des tornades s’étende à mesure que le changement climatique réchauffe l’atmosphère et pousse le courant-jet – un élément clé de la formation des tornades – plus au nord. 

Cette dépêche a été produite avec l’aide financière des Bourses de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.