Le transport en commun avait été interrompu lors des manifestations du «convoi»

OTTAWA — Un tribunal d’Ottawa a entendu, vendredi, qu’on s’était emparé de la ville lors de la manifestation du «convoi de la liberté» l’année dernière, lorsque les manifestants ont bloqué les rues et fait dévier les transports en commun du centre-ville.

La quatrième semaine du procès criminel des organisateurs Tamara Lich et Chris Barber a été consacrée à entendre les résidents d’Ottawa qui vivaient ou travaillaient au centre-ville pendant la manifestation.

Vendredi, le tribunal a entendu la personne responsable de la déviation des itinéraires de transport en commun et la propriétaire d’une boutique haut de gamme dans le marché By, à Ottawa.

«J’ai vu nos rues, j’ai vu notre ville être saisie et complètement envahie par ces soi-disant manifestants», a déclaré Chantal Biro au tribunal.

Elle a affirmé qu’il y avait beaucoup moins de clients dans son magasin et qu’elle a vu une baisse spectaculaire des ventes, lorsque des milliers de manifestants sont arrivés à Ottawa au début de l’année dernière pour manifester contre les restrictions de santé publique reliées à la COVID-19.

Les rues à proximité du magasin de Mme Biro étaient bloquées par de gros camions et des camionnettes qui klaxonnaient.

Elle se souvient de l’odeur de carburant sortant du tuyau d’échappement des véhicules constamment en marche, ainsi que de la fumée de marijuana et de cigarette s’infiltrant dans le local.

Elle a déclaré qu’elle n’était pas en mesure de faire livrer ses colis au magasin, mais qu’elle pouvait se diriger à son stationnement habituel en voiture et se rendre au magasin à pied sept jours par semaine. Elle évitait de sortir à cause de démêlés désagréables avec certains manifestants, qui se moquaient d’elle parce qu’elle portait un masque et l’injuriaient lorsqu’elle leur demandait de s’éloigner de la porte de son commerce.

Aucun des témoins locaux entendus par le tribunal cette semaine n’a eu de contact avec Mme Lich ou M. Barber, qui sont tous deux accusés de méfaits et d’avoir conseillé à d’autres personnes de commettre des méfaits, entre autres.

Les rues bloquées ont également eu des répercussions sur les voies de transport en commun dans le centre-ville, a indiqué vendredi Natalie Huneault, d’OC Transpo.

Mme Huneault est responsable de planifier les détours pour accueillir les événements et les manifestations qui perturbent le service d’autobus à Ottawa. Elle a déclaré au tribunal qu’elle avait redirigé 18 itinéraires qui traversaient habituellement le centre-ville.

Cela signifie qu’environ 150 arrêts d’autobus du centre-ville n’ont pas été utilisés pendant la manifestation, car les rues étaient bloquées et fermées.

OC Transpo a organisé une navette extraordinaire pour venir chercher les résidents.

Avant l’arrivée du convoi, elle a affirmé que l’événement qui avait causé la plus longue perturbation du transit était le Festival italien d’Ottawa, qui a duré trois jours.

Les perturbations du convoi ont duré plus de trois semaines.

L’avocate de M. Barber, Marwa Younes, a rappelé au tribunal que d’autres facteurs ont entraîné des retards plus longs, incluant de la construction et des fermetures de rues.

Vendredi devait être le dernier jour du procès criminel, mais celui-ci devrait maintenant se poursuivre pendant plusieurs semaines.

Il y a encore plusieurs noms sur la liste de témoins de la Couronne, dont Zexi Li, la principale demanderesse dans une action collective proposée contre les organisateurs de la manifestation, au nom des personnes qui vivaient et travaillaient au centre-ville d’Ottawa lors de l’événement. 

Mme Biro a dit au tribunal qu’elle avait pris des mesures pour se joindre à cette action collective au nom de son entreprise.

Le tribunal s’attend également à entendre les policiers chargés d’assurer la liaison avec les manifestants.

Avant l’ajournement du tribunal vendredi, les avocats ont discuté de certains des défis liés à l’attribution de plus de temps au procès et à la divulgation des preuves à la défense, avant que davantage de policiers ne prennent la parole.

L’autre avocate de M. Barber, Diane Magas, a soulevé la question du calendrier. L’arrêt Jordan de la Cour suprême stipule que toute personne accusée d’un crime a le droit d’être jugée dans un délai raisonnable, que le tribunal a fixé à 18 mois.

«(L’arrêt) Jordan est un véritable problème dans cette affaire, à l’heure actuelle», a soutenu Mme Magas.

Le procès devrait reprendre lundi.