Le vandalisme du bureau de Selina Robinson est un acte «haineux», dit Eby

VICTORIA — Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a critiqué ce qu’il qualifie de vandalisme «haineux» contre le bureau de circonscription de l’ancienne ministre Selina Robinson, survenu quelques heures après sa démission de son cabinet en raison de propos qui ont provoqué la colère de groupes propalestiniens entre autres.

Son départ lundi a été déploré par des groupes juifs, mais n’a pas suffi à satisfaire certains de ses détracteurs.

Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrait le bureau couvert de pancartes appelant à une «révolution intifada» et au retrait de Mme Robinson du caucus du NPD, au milieu d’autres messages et de drapeaux palestiniens.

«Nous refusons d’avoir une députée raciste», dit une voix sur la vidéo, publiée mardi matin par le compte Canadian Antifa.

M. Eby a répondu en appelant à une manifestation pacifique.

«Le bureau de Selina Robinson a été la cible de vandalisme et de messages haineux hier soir», a signalé M. Eby dans un message publié sur X, la même plateforme de médias sociaux où la vidéo du bureau de Coquitlam, en Colombie-Britannique, a été partagée.

«Ce n’est pas correct. Une manifestation pacifique ne peut pas inclure la propagation de la haine.»

Selina Robinson, qui est juive, a démissionné lundi de son poste de ministre de l’Éducation postsecondaire à la suite d’un tollé soutenu, en réaction à ses commentaires de la semaine dernière. Elle avait affirmé que l’Israël moderne s’était fondé sur «un bout de terre pourri».

Elle a annoncé sa démission du cabinet après que les critiques ont qualifié ses propos de racistes et islamophobes. Mme Robinson et M. Eby ont confirmé qu’elle resterait au caucus du NPD.

Cette démission intervient dans un contexte de tensions persistantes et de protestations mondiales contre la guerre entre Israël et le Hamas, dans laquelle des milliers de personnes sont mortes depuis le 7 octobre, lorsque des militants du Hamas ont tué 1200 personnes en Israël et pris 250 autres en otages.

Les responsables du bureau de circonscription de Mme Robinson n’étaient pas immédiatement disponibles pour commenter.

Inquiétudes dans la communauté juive

Le départ de Mme Robinson du cabinet du NPD a suscité de profondes inquiétudes chez certains membres de la communauté juive en Colombie-Britannique, qui ont déclaré avoir perdu une représentante qui avait reconnu son erreur et était prête à faire amende honorable.

Selina Robinson a présenté ses excuses à deux reprises quelques jours avant sa démission, affirmant que «ses propos étaient inappropriés, erronés et qu’elle comprenait maintenant comment ils ont contribué à l’islamophobie et au racisme anti-palestinien».

Mais cela n’a pas apaisé les critiques ni sauvé sa place au sein du cabinet.

Nico Slobinsky, vice-président du Centre consultatif des relations juives et israéliennes du Pacifique (CIJA), a déclaré que la destitution de Mme Robinson a miné la confiance de la communauté juive dans le gouvernement de la Colombie-Britannique et a montré que les dirigeants juifs étaient tenus à des normes différentes de celles des autres.

M. Slobinsky a déclaré dans un communiqué que la communauté juive avait perdu une voix forte à une époque où les actes d’antisémitisme et les manifestations anti-israéliennes se multipliaient.

«La communauté est à la fois offensée et blessée par ce qui est arrivé à une grande alliée et Britanno-Colombienne», a-t-il déclaré.

«Compte tenu de cette double norme évidente et de la perte de représentation juive au sein du cabinet, le premier ministre David Eby doit partager les mesures qu’il va prendre pour réparer les relations et restaurer la confiance de la communauté en lui et en son gouvernement.»

Le CIJA se présente comme une organisation nationale, non partisane et sans but lucratif dont la mission est de préserver et de protéger la vie juive au Canada et de promouvoir les intérêts politiques de la communauté juive organisée du Canada.

Neuf rabbins ont signé mardi une lettre adressée à M. Eby soutenant la députée Robinson et exprimant leur déception face à la décision du premier ministre d’accepter sa démission.

«Nous pensons que vous avez capitulé devant un groupe restreint, mais bruyant, de personnes, a indiqué la lettre de l’Association rabbinique de Vancouver, présidée par Jonathan Infeld. C’est dangereux pour notre communauté et pour la force de la démocratie de notre province.»

Les rabbins ont souligné un incident survenu le mois dernier lors de la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste, lorsque les comptes de médias sociaux du premier ministre britanno-colombien ont publié des messages disant «nous sommes aux côtés de la communauté musulmane à travers le Canada en ce triste jour de commémoration».

M. Eby a ensuite qualifié cela d’erreur commise par un membre du personnel. Les rabbins se sont dits profondément offensés, mais ont accepté ses excuses.

Mme Robinson, disaient-ils, «n’a pas reçu la même empathie».

«Nous nous souviendrons de ce jour la prochaine fois que vous demanderez notre confiance et notre soutien», ont déclaré les rabbins.

Mme Robinson a déclenché le tollé qui a mis fin à sa carrière ministérielle avec des remarques, le 30 janvier, lors d’une table ronde avec d’autres politiciens juifs organisée par B’nai Brith Canada.

Elle a déploré le manque de connaissances des jeunes sur la fondation de l’État d’Israël.

«Ils ne comprennent pas que c’était un terrain minable sans rien. Il y avait plusieurs centaines de milliers de personnes, mais à part ça, cela ne produisait pas d’économie», a-t-elle déclaré.

M. Eby a affirmé lundi que les remarques de Mme Robinson étaient «dévalorisantes» et causaient des préjudices incompatibles avec son maintien au cabinet.