Les «éléments clés» d’un accord avec Gaza sont là, dit Biden au roi de Jordanie

WASHINGTON — Déclarant que «chaque vie innocente perdue à Gaza est une tragédie», Joe Biden a accueilli lundi le roi de Jordanie Abdallah II à la Maison-Blanche pour des discussions sur les efforts visant à libérer les otages détenus à Gaza et sur l’inquiétude croissante concernant une éventuelle opération militaire israélienne dans la ville frontalière de Rafah.

La rencontre avec le roi Abdallah II intervient alors que Joe Biden et ses collaborateurs s’efforcent de négocier une nouvelle pause dans la guerre d’Israël contre le Hamas afin d’envoyer de l’aide humanitaire et des fournitures dans la région et faire sortir les otages. La Maison-Blanche fait face à des critiques croissantes de la part des Arabes américains concernant le soutien continu de l’administration Biden à Israël, malgré des pertes croissantes à Gaza depuis que le Hamas a lancé son attaque contre Israël le 7 octobre.

«Les éléments clés de l’accord sont sur la table», a déclaré M. Biden aux côtés du roi, même s’«il reste des lacunes». Il a ajouté que les États-Unis feraient «tout leur possible» pour parvenir à un accord : une pause dans les combats pendant au moins six semaines et la libération des otages restants détenus par le Hamas.

Un haut responsable de l’administration américaine a déclaré dimanche qu’après des semaines de navettes diplomatiques et de conversations téléphoniques, un cadre était essentiellement en place pour un accord qui pourrait voir la libération des otages restants détenus par le Hamas à Gaza en échange de l’arrêt des combats.

Le responsable a déclaré que la pression militaire israélienne sur le Hamas à Khan Younès au cours des dernières semaines a contribué à rapprocher le groupe militant de l’acceptation d’un accord. 

Le roi Abdullah II a affirmé que le leadership de M. Biden était «essentiel pour résoudre ce conflit», tout en évoquant le sort des dizaines de milliers de civils tués et blessés dans les combats.

«Nous avons besoin d’un cessez-le-feu durable maintenant», a déclaré le roi. «Cette guerre doit prendre fin.»

Un changement de position des États-Unis

La Jordanie et d’autres États arabes ont été très critiques à l’égard des actions d’Israël et ont évité de soutenir publiquement une planification à long terme de ce qui se passera ensuite, arguant que les combats doivent cesser avant que de telles discussions puissent commencer. Ils exigent un cessez-le-feu depuis la mi-octobre au moment où les pertes civiles commençaient à monter en flèche.

La position de Joe Biden marque une rupture subtile, mais notable pour le président, qui continue de s’opposer à un cessez-le-feu permanent. Son administration a insisté pour que le Hamas ne conserve pas le contrôle politique ou militaire sur Gaza après la guerre – un objectif clé de l’opération israélienne visant à empêcher une répétition de l’attaque du 7 octobre qui a tué plus de 1200 Israéliens et fait environ 250 otages.

Le président Biden a réitéré son avertissement selon lequel Israël ne doit pas lancer une attaque à grande échelle contre Rafah, le dernier bastion majeur du Hamas où plus de 1,3 million de personnes se sont réfugiées, à moins qu’il n’élabore des plans pour protéger les civils du danger. Plus tôt lundi, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a reconnu qu’il existait des «cibles militaires légitimes» pour Israël à Rafah, mais a déclaré que les Israéliens devaient s’assurer que leurs opérations soient conçues pour protéger la vie des civils innocents. Le responsable a dit que les États-Unis ne sont pas sûrs qu’il existe un plan faisable pour déplacer les civils hors de Rafah afin de permettre aux opérations militaires d’avoir lieu. 

Joe Biden, qui garde espoir en une solution à deux États au conflit israélo-palestinien, a ajouté que lui et le roi avaient discuté de la nécessité pour les membres de l’Autorité palestinienne, qui exercent un certain contrôle sur certaines parties de la Cisjordanie, de «se réformer d’urgence» afin de pouvoir assumer certaines responsabilités à Gaza si le Hamas est chassé du pouvoir. «Ils doivent se préparer à construire un État qui accepte la paix et qui n’abrite pas de groupes terroristes comme le Hamas et le Djihad islamique», a déclaré M. Biden.

Le roi Abdullah II a insisté sur le fait que «la séparation de la Cisjordanie et de Gaza ne peut être acceptée».

Plus tôt lundi, le président américain, rejoint par son épouse, a accueilli le roi, la reine Rania et le prince héritier Hussein à la Maison-Blanche avant la rencontre des dirigeants.

Il s’agissait de la première rencontre entre les alliés depuis que trois soldats américains ont été tués le mois dernier lors d’une frappe de drone contre une base américaine en Jordanie. M. Biden a imputé ces décès aux milices soutenues par l’Iran, les premiers pour les États-Unis après des mois de frappes menées par de tels groupes contre les forces américaines à travers le Moyen-Orient depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

Le chef d’État américain avait prévu de se rendre en Jordanie lors de son voyage en Israël en octobre, peu après l’attaque du Hamas du 7 octobre, mais le voyage a été annulé. En rentrant d’Israël, Joe Biden a annoncé qu’il avait aidé à négocier le premier accord visant à suspendre temporairement les combats et à ouvrir le passage de Rafah à l’aide humanitaire.

Au cours des mois qui ont suivi, des membres de son administration se sont rendus à plusieurs reprises dans la région pour dialoguer avec les dirigeants locaux.

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Seung Min Kim et Darlene Superville, de l’Associated Press, ont contribué à ce reportage.