Les épiceries Metro du Grand Toronto ferment à la suite d’une grève des travailleurs

Les résidents de la région du Grand Toronto qui espéraient faire leurs courses chez Metro ont été accueillis samedi par des portes fermées et des piquets de grève à la suite de la grève déclenchée par des milliers d’employés.

Quelque 3700 membres de la section locale 414 d’Unifor ont quitté le travail peu après minuit, cessant les activités dans 27 succursales de la région. Les piquets de grève se sont formés à 8h, samedi matin.

Dans une épicerie Metro de l’est de Toronto, des travailleurs en grève qui s’abritaient des fortes pluies ont réclamé des salaires équitables et ont scandé « Travailleurs unis», alors que des conducteurs klaxonnaient.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, et la présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, étaient sur place pour soutenir le piquet de grève, après que les travailleurs ont rejeté l’accord de négociation collective déposé la semaine dernière.

Unifor avait approuvé l’accord lors de sa première présentation et Mme Payne l’avait décrit, samedi, comme le «meilleur accord depuis des décennies», mais a déclaré qu’il n’était finalement pas suffisant pour traiter correctement ce qu’elle a décrit comme une détérioration des conditions de travail dans le secteur national de l’épicerie.

«Nous vivons à une époque où les travailleurs, en particulier les travailleurs des épiceries, ne parviennent tout simplement pas à joindre les deux bouts, a affirmé Mme Payne lors d’une conférence de presse matinale. Nous avons été confrontés au cours des deux dernières décennies à une érosion des emplois dans les supermarchés à travers le pays.»

Lana Payne a évoqué que les emplois dans les épiceries, qui étaient autrefois considérés comme des sources stables de revenu familial, se sont largement transformés en emplois à temps partiel, qui ne sont pas adaptés pour composer avec le coût de la vie plus élevé d’aujourd’hui. Mme Payne a déclaré que 70% des emplois chez Metro sont désormais à temps partiel, affirmant que la situation est pire chez d’autres épiciers de premier plan tels que Loblaws et Sobeys.

Mme Payne a également cité la hausse des bénéfices et la rémunération des présidents-directeurs généraux des géants de l’épicerie, soulignant que les travailleurs gagnant en moyenne 16 à 17 dollars de l’heure veulent une part plus élevée des revenus qu’ils ont contribué à générer.

Une étude publiée le mois dernier par le Bureau de la concurrence du Canada a révélé que Loblaws, Sobeys et Metro, les trois plus grandes entreprises d’épicerie du pays, ont collectivement déclaré plus de 100 milliards $ de ventes et 3,6 milliards $ de bénéfices l’an dernier.

Samantha Henry, commis de charcuterie qui travaille chez Metro depuis 10 ans, a déclaré que les travailleurs étaient motivés à quitter leur emploi en raison d’une combinaison de la hausse du coût de la vie et du manque d’appréciation de leurs efforts pendant la pandémie de COVID-19, lorsque les épiceries sont restées ouvertes, étant un service essentiel.

La mère de trois enfants, âgée de 36 ans, qui faisait partie du comité de négociation de la section locale 414, a dit que les travailleurs avaient donné au syndicat un mandat de grève à 100 % avant le début des pourparlers.

La survie est presque impossible de nos jours, a-t-elle déclaré, citant la hausse du prix des loyers et des frais d’épicerie, avec lesquels la plupart des citoyens ne peuvent pas suivre le rythme. «C’est difficile quand vous avez trois enfants et que vous travaillez dans un commerce de détail. Vous devez budgéter votre argent et vous assurer de savoir ce qu’il y a chaque semaine », a-t-elle affirmé.

Metro Ontario, une filiale de la société Metro, a publié une déclaration disant qu’elle est «extrêmement déçue» que les employés des 27 magasins aient rejeté l’entente même si le comité de négociation du syndicat a recommandé à l’unanimité à ses membres d’accepter l’accord.

«La compagnie a négocié avec le syndicat au cours des dernières semaines et est parvenue à un accord juste et raisonnable qui répond aux besoins de ses employés et de ses clients tout en garantissant que Metro reste compétitive», a déclaré Metro Ontario dans un communiqué.

«L’entente prévoyait des augmentations de salaire significatives pour les employés au cours des quatre années de l’entente, ainsi que des améliorations au niveau du régime de retraite et des avantages sociaux pour tous les employés, y compris les employés à temps partiel».

Metro Ontario a déclaré que les 27 magasins seront fermés pendant la durée de la grève, mais que les pharmacies resteront ouvertes. Les magasins touchés par la grève comprennent ceux de Toronto et de sa banlieue, Brantford, Orangeville, Milton, Oakville, Brampton et Mississauga.

Le conflit de travail chez Metro a marqué le début peu propice d’une série de négociations qu’Unifor devrait entreprendre au courant des mois à venir.

Le plus grand syndicat du secteur privé du pays se prépare à négocier plus d’une douzaine de conventions collectives avec les principaux épiciers au cours des deux prochaines années, le contrat Metro étant le premier du groupe.

Lana Payne avait précédemment déclaré que le syndicat prévoyait effectuer les négociations selon un modèle, ce qui signifie que l’accord avec Metro créerait idéalement un précédent pour les négociations futures.

Le syndicat a déclaré que ses priorités pour les travailleurs de Métro étaient d’améliorer les salaires et l’accès aux avantages sociaux, ainsi que d’améliorer les conditions de travail et la stabilité.

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