Les feux de forêt ont «marqué l’actualité en 2023», selon les rédactions

HALIFAX — Des incendies de forêt sans précédent ont perturbé cette année la vie de milliers de gens d’un océan à l’autre du pays, battant des records de superficie totale brûlée.

Les incendies de forêt au Canada ont été le premier choix de 35 % des répondants au sondage annuel de La Presse Canadienne pour déterminer l’«événement qui a marqué l’actualité en 2023». 

Un hiver inhabituellement chaud et sec dans une grande partie du pays a ouvert la voie à une saison des incendies de forêt qui a chassé de chez elles 200 000 personnes.

L’une des premières localités évacuées a été Evansburg, un hameau à l’ouest d’Edmonton, le 29 avril. Des évacuations pour d’autres localités ont rapidement été ordonnées dans les jours suivants.

Le 29 mai, des incendies en Nouvelle-Écosse sont devenus incontrôlables — ce qui, selon les experts, constitue un signal inquiétant pour le reste du Canada. «Si Halifax peut brûler, n’importe quel endroit peut brûler, et ça nous déconcerte tous», a déclaré John Vaillant, auteur d’un ouvrage primé sur le changement climatique et les feux.

Un «dôme de chaleur» et des forêts extrêmement sèches ont alimenté l’incendie à la périphérie de la capitale de la Nouvelle-Écosse. Les propriétaires, surpris par la rapidité de la propagation, se sont retrouvés confrontés à des embouteillages monstres alors qu’ils tentaient de fuir leur quartier.

Le 8 juin, lors d’un débat à la Chambre des communes, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré: «Le Canada brûle.»

Et l’impact ne s’est pas limité à nos frontières. Les incendies de forêt déclenchés par la foudre au Québec ont fait les manchettes à l’international, alors que la fumée se propageait vers le sud, donnant à Toronto l’une des pires qualités de l’air au monde et forçant l’annulation de matchs des Ligues majeures de baseball aussi loin qu’à Washington, D.C.

La Société de protection des forêts contre le feu du Québec a estimé que plus de 700 incendies ont brûlé environ 51 000 kilomètres carrés de terres, soit plus que la SOPFEU n’en avait jamais enregistré en une seule saison.

Au Québec, près de 27 000 résidents d’une trentaine de municipalités ont dû être évacués l’été dernier, menacés par les flammes ou incommodés par la fumée dense. Les plus touchés ont été Chibougamau, Sept-Îles, Lebel-sur-Quévillon, Lac-Simon, Mistissini, Maliotenam, Oujé-Bougoumou, Chapais, Normétal et plusieurs communautés du territoire d’Eeyou Itschee Baie-James, indique la SOPFEU.

Yellowknife évacuée 

Des incendies ont également ravagé le Nord canadien. Environ 70 % de la population des Territoires du Nord-Ouest a été déplacée à un moment ou l’autre de 2023. Lorsque les flammes ont menacé Yellowknife, les 20 000 habitants de la capitale territoriale ont reçu l’ordre de partir le 16 août. Les gens faisaient la queue à l’aéroport pour prendre l’avion tandis que d’autres se lançaient dans des voyages marathons vers l’Alberta et d’autres régions du pays.

Le feu s’est approché de Yellowknife, mais n’y est pas entré; après trois semaines, les habitants ont été autorisés à rentrer chez eux. Les élections territoriales ont été reportées de six semaines, jusqu’en novembre.

Pendant ce temps, la Colombie-Britannique subissait également sa pire saison d’incendies de forêt jamais enregistrée, avec environ 400 maisons détruites et plus de 2,8 millions d’hectares brûlés.

Des incendies alimentés par la sécheresse et des vents violents se sont abattus très tard la nuit sur West Kelowna, sur les rives du lac Okanagan, à la mi-août.

Les incendies ont aussi causé des pertes tragiques en vies humaines: six pompiers en Colombie-Britannique sont morts, dont quatre tués dans un accident de la route en rentrant chez eux après un déploiement de deux semaines en forêt.

Des milliers de Canadiens ont subi des pertes économiques à long terme et ont entamé une odyssée épuisante pour reconstruire leur vie après avoir tout perdu — des véhicules aux photos de mariage.

«En règle générale, la saison des incendies de forêt est considérée comme un problème en Colombie-Britannique avec des répercussions sur l’Alberta. Mais il a été prouvé que les incendies de forêt de 2023 sont désormais un problème national et un signe avant-coureur de la nouvelle normalité du Canada», a écrit Dawn Walton, rédactrice en chef de CTV Calgary, dans sa réponse au sondage de l’agence nationale.

«Les incendies de forêt vont s’intensifier à mesure que le changement climatique s’accentue. Cela deviendra bientôt le plus grand sujet d’actualité au pays», a commenté Richard Dooley, producteur superviseur de Global News en Nouvelle-Écosse.

Ces grands incendies ont été le premier choix de 35 % des répondants au sondage mené dans les médias d’information de tout le pays, en anglais et en français. L’inflation a été choisie par 25 % des répondants et la crise du logement par 21 %.

Si l’on examine les résultats des médias francophones seulement, les répondants ont plutôt choisi l’inflation à 41 %, la crise du logement à 23,5 % et les feux de forêt à 18 %. 

«L’inflation galopante et la hausse du coût de la vie ont non seulement occupé l’espace médiatique, elles ont été — et continuent d’être — au cœur des préoccupations d’un nombre grandissant de Québécois et de Canadiens qui souffrent de leurs impacts au quotidien», a écrit Jean-Philippe Pineault, directeur général de l’information à Noovo Info et Bell Media.